Non, ces cris de protestation ne montent pas des rangs démocrates, qui ont l’habitude de se plaindre des coups bas de leurs adversaires politiques… À moins de trois mois de l’élection présidentielle américaine, ce sont plutôt les républicains qui se scandalisent le plus des tactiques de leurs rivaux.
«Quand on commence à diffuser des publicités accusant notre adversaire de tuer des gens, on perd notre crédibilité. Je ne pense pas qu’un champion mondial de limbo pourrait descendre plus bas que la campagne d’Obama en ce moment», a déclaré Eric Ferhstrom, un des principaux conseillers de Mitt Romney, lors d’une conférence téléphonique hier matin.
Ferhstrom faisait allusion à une publicité lancée mercredi non pas par l’équipe électorale de Barack Obama, mais par Priorities USA Action, un Super PAC favorable au président qui n’a pas le droit de coordonner ses activités avec la campagne de ce dernier.
La publicité de Priorities USA Action frappe fort, beaucoup trop fort aux yeux de certains observateurs indépendants. Elle met en vedette Joe Soptic, un sidérurgiste qui a perdu son emploi et sa couverture santé après la faillite en 2001 d’une aciérie de Kansas City rachetée par Bain Capital, société d’investissement fondée par Mitt Romney. S’adressant à la caméra, Soptic raconte que sa femme est tombée malade par la suite, mais n’a pas consulté de médecin, car elle n’avait pas d’assurance maladie. Elle est morte d’un cancer 22 jours après son diagnostic, ajoute Soptic en insinuant que Mitt Romney doit en porter la responsabilité.
«Je ne pense pas que Romney se rende compte de ce qu’il fait aux gens. Et en plus, je ne pense pas qu’il s’en préoccupe», conclut Soptic.
Le camp de Barack Obama a refusé de condamner cette publicité qui passe notamment sous silence le fait que la femme de Soptic est morte cinq ans après la fermeture de l’aciérie de Kansas City.
Le président et son équipe électorale n’ont pas davantage demandé au chef de la majorité démocrate du Sénat, Harry Reid, de retirer ses insinuations concernant les impôts de Mitt Romney. À trois reprises la semaine dernière, le sénateur du Nevada a dit tenir d’un investisseur de Bain Capital que l’ancien gouverneur du Massachusetts n’avait pas payé d’impôts sur le revenu pendant une période de 10 ans.
Il n’a cependant pas donné plus de détails, et s’est contenté d’appeler Mitt Romney à publier ses déclarations de revenus sur plusieurs années, ce que ce dernier refuse de faire.
«Il est clair que Mitt Romney cache quelque chose, et les Américains méritent de savoir ce que c’est», a-t-il dit.
Eric Ferhstrom, conseiller de Mitt Romney, et la page éditoriale du Washington Post sont au nombre de ceux qui ont accusé le sénateur Reid de maccarthysme, une référence aux allégations infondées du sénateur Joe McCarthy dans les années 50.
Les cris de protestation des républicains ont certes fait sourire plusieurs démocrates, qui accusent Mitt Romney de mentir de façon éhontée dans ses discours et ses publicités.
Mais la campagne présidentielle de 2012 est bel et bien en train de changer l’image des démocrates, qui ont longtemps semblé moins friands que les républicains de la politique de caniveau.