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Un musée du vaudou en France?

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Marc Arbogast, propriétaire d'une exceptionnelle collection  d'objets... (Photo: AFP)

Marc Arbogast, propriétaire d’une exceptionnelle collection d’objets vaudou africains.
PHOTO: AFP
Un musée du vaudou en France? L’idée, de prime abord insolite, est portée très sérieusement par l’ancien PDG des brasseries Fischer et Adelshoffen, Marc Arbogast, propriétaire d’une exceptionnelle collection d’objets vaudou africains.

AFP- Les visiteurs de l’exposition Les maîtres du désordre, qui vient de s’achever au musée du Quai Branly à Paris, ont pu en apprécier un échantillon d’une quinzaine de pièces, accompagnées d’un cartel indiquant: «Musée vaudou, Strasbourg».

Pour l’instant, Marc Arbogast entrepose les quelque 830 pièces de sa collection, principalement issues du Togo et du Bénin dans un lieu tenu secret du centre de Strasbourg. Mais les travaux qui doivent permettre l’ouverture de ce musée, privé au moins dans un premier temps, devraient être lancés à la fin août pour une inauguration en 2013.

Jamais avare d’une anecdote, le bouillonnant homme d’affaires détaille avec passion les différentes pièces de sa collection: crânes de prêtres bokono, autels des ancêtres (ou asen), fétiches bocio (maléfiques ou bénéfiques) destinés à obtenir la réalisation d’un voeu, costumes Egungun dans lesquels reviennent les ancêtres, représentations des dieux du panthéon vaudou…

«Il y a quelque chose de beau dans la cruauté et la laideur de ces objets. Et puis chacun est une composition, un assemblage, dans une démarche très proche de l’art contemporain», souligne-t-il.

Ossements animaux ou humains, bois, ficelles, clous, cadenas, lames, le tout recouvert d’une couche de matières sacrificielles: de nombreuses pièces sont un «rébus» qu’il faut décoder.

«Nous sommes en train de travailler avec des prêtres (vaudou) pour essayer de reconstituer ces rébus. Nous aimerions aussi, dans le cadre du centre de recherche du musée, travailler sur la pharmacopée du vaudou», explique le collectionneur.

Né dans l’ancien royaume du Dahomey (sud de l’actuel Bénin), le culte vaudou s’est propagé avec la traite des esclaves jusqu’aux Caraïbes et en Amérique.

Château d’eau

Grand amateur de safaris, Marc Arbogast raconte avoir commencé à glaner fétiches et statuettes au hasard de chasses africaines, avant d’acheter, en 2007, 356 pièces au collectionneur et journaliste Jean-Jacques Mandel, et de continuer depuis à enrichir ce fonds.

Le projet d’un musée est né, et Marc Arbogast a acquis pour l’accueillir un château d’eau à l’abandon, dont les cuves servaient de réservoir pour alimenter les locomotives à vapeur. Construit en 1878, l’édifice classé monument historique dresse sa silhouette près de la gare de Strasbourg.

Le collectionneur a associé à sa démarche deux spécialistes: Nanette Snoep, conservatrice au musée du Quai Branly, qui serait chargée de la sélection des oeuvres exposées, et Bernard Müller, chercheur en anthropologie à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), pour la programmation et les publics.

«La collection de Marc Arbogast est unique en Europe dans le domaine de l’art vaudou, excepté celle de Jacques Kerchache» (spécialiste des arts premiers, décédé en 2001), souligne ce chercheur. «Un musée permettrait d’aller au-delà des clichés et de comprendre cette religion bien vivante qu’est le vaudou», ajoute-t-il.

Mais l’ouverture au plus grand nombre n’est pas acquise. Après avoir longtemps attendu l’accord des Monuments nationaux pour les travaux de réhabilitation, Marc Arbogast peine à obtenir un soutien financier des pouvoirs publics, dont il souhaiterait qu’ils prennent en charge un tiers du coût des travaux d’aménagement (plus de 800 000 euros) et les frais de fonctionnement (150 000 euros annuels). «Sinon, cela deviendra un musée privé», dit-il.

 

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