A ce triste carrefour de notre histoire nationale, notre incapacité de nous hisser à la hauteur de notre mission citoyenne me paraît pour le moins inconcevable.
C’est pourtant la triste réalité à laquelle nous faisons face, sans la moindre gêne ni décorum. Comment expliquer cet aplatventrisme qui nous caractérise depuis des décennies et qui nous fait reculer à toute vitesse, tel un animal en cavale?
Il nous faut rompre avec le statu quo ante, l’unanimité est faite là-dessus, en dépit de ce petit groupe d’apatrides réduit d’ailleurs à une peau de chagrin, qui ne peut plus nous maintenir dans la honte et la médiocrité des cinquante dernières années.
Le renouvellement de la Constitution de 1987 nous offre l’occasion par excellence pour prouver à nous-mêmes et aux autres que l’heure du changement a sonné. Haïti renaît enfin de ses cendres. Notre dignité de peuple, nous avons décidé de la recouvrer per fas et nefas.
Les articles 282 et suivants constituent un handicap majeur à la mise à jour de notre charte fondamentale plutôt rigide et le temps nous fait la guerre. Les revendications de la diaspora sont tout à fait légitimes, mais exiger simplement la « double nationalité » sans une analyse exhaustive des implications d’un tel concept, risque, dans l’état actuel des choses, de causer plus de tort que de bien, car une loi mère doit tenir compte de tous les aspects de la vie nationale. Que dire de la configuration du (CEP), des partis politiques qui poussent comme des champignons empoisonnés au gré des caprices d’un certain nombre de farceurs. Il est donc impératif de veiller à ce que la Constitution renouvelée reflète la réalité haïtienne dans tous ses tenants et aboutissants et non plus, comme cela a souvent été le cas, la reproduction des bribes de copies conformes de constitutions étrangères n’ayant rien à voir avec notre spécificité de peuple nègre de la zone caraïbéenne, accusant un taux d’analphabétisme alarmant et celui du chômage pour le moins effarant. Cette situation n’est comparable à aucune autre, elle demeure explosive, il y a donc péril en la demeure.
Il importe que nous, Haïtiens de l’intérieur comme ceux de l’extérieur du pays, fassions en sorte que pour une fois nous élaborions une véritable constitution en adéquation avec notre réalité d’aujourd’hui et notre vision pour l’avenir.
Il est tout même déplorable que très peu, trop peu de nos analystes de la problématique haïtienne, mettent l’emphase sur l’impérieuse nécessité de doter la nation d’un cadre normatif efficace et efficient.
Soulignons à l’eau forte que s’il est capital que la charte fondamentale et les lois ordinaires soient bien conçues et rédigées, encore faut-il que notre culture de non droit ne soit plus un frein à leur application.
Quand les lois civilisatrices ne sont pas respectées, celles de la jungle prennent le dessus et s’imposent à tous, avec pour conséquences : laxisme, magouille, népotisme, incompétence, corruption et enfin, la misère sous toutes ses formes.
En l’an de grâce deux mille onze, nous le savons maintenant, pas question de jouer à l’autruche, nous l’avons appris à nos dépens : Une éducation qui ne tient pas compte de nos créneaux culturels, fait de nous des perroquets savants incapables de construire une société souveraine, forte et prospère. Il devient donc évident que nos pédagogues de concert avec nos sociologues ont du pain sur la planche afin de former le nouvel homme haïtien, celui de la refondation du pays.
Le défi est de taille, nous l’avons déjà dit, mais nous pouvons le relever, et pour ce faire, les paradigmes sont connus, ils ont pour noms : l’éthique, la morale, l’honnêteté, la solidarité, le respect de soi et des autres.
En d’autres termes, arrêtons de faire semblant, crions haut et fort, répétons le chaque jour, dans nos chansons, nos prières, que ce soit notre maître mot pour les années à venir : Finie l’hypocrisie.