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Humour-Elections en Haiti :Psy Haïti m’était contée III,par Gary Victor

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par Gary Victor

 

La communauté internationale a enfin une idée de génie. Au lieu de faire venir des milliers de psy, elle a pensé à psychanalyser un prototype d’Haïtien. Elle a pensé à Albert Buron. Le hic, c’est le FMD, le Facteur Mèt Dam. Sur le divan, Albert Buron peut mentir. Il n’y a pas plus ingénieux pour faire entendre à l’étranger ce qu’il a envie d’entendre. Alors, le psy responsable de l’analyse a trouvé une idée aussi géniale. On a offert à Buron un chèque de 5 000 000 de dollars US pour qu’il s’asseye sur le divan. Mais attention ! Tout ce qu’il dit passe au détecteur de mensonge. Pas moyen de jouer au plus fin avec la machine. À chaque mensonge, une moitié de zéro disparaît sur le chèque. Deux mensonges, c’est un zéro entier. Mais on donne à Buron une chance. Quand la machine crie au mensonge, Buron peut se rattraper en pressant un bouton rouge sur son fauteuil. Alors, il retrouve sa moitié de zéro. Devan grin bak pa gen fè bak ! Exercice, on le voit, éprouvant pour un Haïtien natif natal. Mais combien essentiel si on veut rebâtir une autre Haïti et pas celle d’avant qui irait à nouveau sous d’autres décombres. Nous avons pris connaissance de quelques comptes rendus parfois délirants de ces séances. Sans aucun ordre, nous les livrons à la réflexion de nos lecteurs.

Psy : Vous allez bien, Monsieur Buron ?

Buron : Bien… Bien… Nous avons tous les pouvoirs… Nous allons bien.

Psy : Aujourd’hui, nous allons parler d’une ville, Monsieur Buron

Buron : Une ville !

Psy : Une ville qui suscite beaucoup de débats sur le net à la suite d’un édito.

Buron : Pétion-Ville !

Psy : Oui… Que représentait pour vous Pétion-Ville dans votre enfance, pendant votre jeunesse ?

Buron : Pourquoi cette époque ?

Psy : Dans la construction de la personnalité, c’est un moment crucial, Monsieur Buron… Pétion-Ville représentait quoi pour vous?

Buron : On était fier de dire qu’on allait à une fête, à une soirée à Pétion-Ville, de dire qu’on avait des amis qui habitaient Pétion-Ville.

Psy : Pourquoi ?

Buron : C’est là, comme on aime à dire chez nous, qu’il y a des bèl moun.

Psy : Bèl moun ! Cela veut dire quoi ?

Buron : Intraduisible, docteur.

Psy : Traduisez !

Buron : Des gens à la peau claire, des bourgeois.

Psy : Dans la république noire, il y a donc des bèl moun à la peau claire.

Buron : Ma femme est claire.

Psy : Votre maîtresse ?

Buron : Authentique femme du peuple et je ne la négocie pas docteur. Quand je vois Chimène, même à mon âge, j’entre en éruption.

Psy : Donc Pétion-Ville, pour vous, c’est un lieu spécial ?

Buron : La plus belle ville du pays, docteur. On donnerait tout pour avoir Pétion-Ville

Psy : Vous ne vous êtes jamais posé la question à savoir ; voici une dite ville qui n’a pas une salle de théâtre, une salle de cinéma, un marché public moderne, un parc digne de ce nom… Pour vous ça, c’était une belle ville ?

Buron : Mais il y avait de bèl moun dans cette ville… Savez-vous quoi, docteur ?

Psy : Quoi ? Buron : Deux moi avant le carnaval, je faisais des altères, moi et mes amis.

Psy : Pourquoi ? Buron : Pour casser la gueule aux petits mulâtres de Pétion-Ville.

Psy : Vous les aimez, vous vouliez les fréquenter, vous vouliez baiser de belles mulâtresses, mais en même temps, au carnaval, vous vouliez leur casser la gueule.

Buron : Mais c’est comme cela docteur… Nous soulevons la populace, nous faisons la révolution..

Psy : Pour voir la pelouse.

Buron : Non… Pour que Pétion-Ville nous regarde comme des égaux.

Psy : Ah ! Et maintenant cela vous fait quoi, comme on l’écrit dans cet édito, de voir toutes ces tentes à Pétion-Ville ?

Buron : C’est bon que les bourgeois sentent la merde qu’ils ont pondue sous leur nez.

Psy : Parce qu’il n’y a que les bourgeois à avoir pondu cette merde ?

Buron : Moi, j’aurais souhaité qu’il y ait plus de tentes à Pétion-Ville… Se bon pou yo !

Psy : Se bon pou yo ?

Buron : Bien fait pour eux !

Psy : Mais avant, monsieur Buron , vous ne voyiez pas ces bidonvilles à Pétion-Ville, Jalousie et j’en passe ? Il semble que vous oubliez l’autre face, peut-être la vraie, de cette cité.

Buron : Je vais vous dire. Les rues de Pétion-Ville portent des noms d’officiers mulâtres.

Psy : Vous déciderez quoi, quand vous serez président?

Buron : Voyez docteur… Même vous, un illustre spécialiste, vous ne doutez pas de mon destin.

Psy : Je ne fais que vous examiner, Monsieur Buron.

Buron : Je ne suis pas fou, docteur. Psy : Ne vous inquiétez pas… On en a vu pire. Donc, président, vous feriez quoi ?

Buron : Le peuple a besoin d’un vrai leader,docteur. Pas ces apatrides, ces intellectuels du collectif Non vendu a l’ambassade de France, ces traitres, ces vendus qui ont comploté avec le Blanc pour que passe cette loi d’urgence, ces Conze, ces éditorialistes à la con, ce minable petit écrivain qui m’a mis en livre et en feuilleton et qui croit qu’il nous aurait fallu une armée de psychiatres plutôt que ces militaires idiots de la MINUSTAH.

Psy : Vous commencez par vous exciter, Monsieur Buron. Je vais vous faire une petite piqûre pour vous calmer, si vous le désirez… Mais répondez à ma question… Vous feriez quoi, pour Pétion-Ville ?

Buron : Je remplacerais le nom de toutes les rues par des noms d’hommes valables de la majorité nationale.. Dread Wilme, Amaral, etc. E pi m benyen yo ak tant, pipi et la triye. Et même à Pétion-Ville je trouverai des bourgeois qui, pour des contrats juteux, accepteront de partager mes tiques. J’aurai mon Groupe à moi. . De toute manière, l’étranger acceptera. L’étranger en Haïti traite toujours avec les débiles et les voyous.

Psy : Le Parlement acceptera votre politique ?

Buron : Je m’arrangerai pour faire élire au Parlement des gens quelconque,docteur… Avec quelques milliers de gourdes, c’est facile de s’acheter des votes…

Psy : Et vous pensez qu’on pourra reconstruire ce pays avec des gens… comme vous ?

Buron : Mais absolument, docteur… C’est nous la crème de la crème.

Psy : La crème est en général blanche, Monsieur Buron.

Buron : Alors, disons les ténèbres des ténèbres…

Psy : Merci Monsieur Buron… Je constate que ce sujet a eu émotionnellement pour vous un tel intérêt que, pas une fois, le détecteur de mensonge vous a pris en défaut… On arrête pour aujourd’hui… Mais cela a été très intéressant. Très intéressant.

Gary Victor

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