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Barack Obama reste une personnalité mystérieuse

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Malgré quatre années passées à la Maison-Blanche, Barack Obama reste une... (Photo: AP)

Associated Press
Washington
Malgré quatre années passées à la Maison-Blanche, Barack Obama reste une personnalité secrète et complexe. Chef de la première puissance économique mondiale, le président démocrate âgé de 51 ans reste une personnalité mystérieuse marquée par son parcours atypique et son expérience politique relativement courte.
Commandant en chef des armées pendant les guerres en Irak et en Afghanistan, lauréat du prix Nobel de la paix, confronté à une grave crise économique et à une opposition républicaine majoritaire à la Chambre des représentants, Barack Obama a affronté et parfois remporté des victoires politiques majeures, mais il paraît toujours aussi mystérieux aux yeux de ses concitoyens au terme de son premier mandat.
L’un des événements les plus marquants de son mandat, la mort d’Oussama ben Laden, illustre bien la capacité du président à dissimuler ses sentiments. Le 30 avril 2011, Barack Obama participait au dîner annuel des correspondants à la Maison-Blanche. Apparemment détendu, il avait déclenché les rires en lançant des piques au milliardaire Donald Trump, qui envisageait alors de se présenter à l’investiture républicaine pour la présidentielle.
À l’époque, seule une poignée de proches savaient que le président venait de donner son feu vert à une unité d’élite de la marine (les Navy SEALs) pour prendre d’assaut la résidence de l’homme le plus recherché du monde, sans doute la décision la plus délicate de sa présidence. Osama ben Laden a été tué le 2 mai 2011 au Pakistan, presque dix ans après les attentats du 11 septembre 2001, revendiqués par Al-Qaïda.
«Si la mission avait échoué, ça aurait été un désastre politique», estime l’historien Robert Dallek, auteur de plusieurs livres sur les présidents américains. Barack Obama a joué au golf le lendemain matin, avant d’aller suivre l’attaque en direct de la Maison-Blanche. «Les quarante minutes les plus longues de ma vie», a-t-il confessé plus tard.
L’ancien chef d’état-major de l’armée de l’air Tony McPeak l’a amicalement baptisé «No-Drama Obama» («Obama pas de drame») pendant la campagne présidentielle de 2008. Un surnom qui lui colle à la peau, sans doute parce que son sang-froid est l’une des principales caractéristiques de sa personnalité.
Cet atout peut parfois se transformer en défaut, comme lors du premier débat qui l’a opposé au candidat républicain Mitt Romney le 3 octobre: il est apparu trop détaché, donneur de leçons, et cette distance lui a fait perdre des points dans les sondages tandis que son adversaire en gagnait. Même ses partisans trouvent qu’il reste trop calme quand une saine colère se justifierait. Il ne fend l’armure que pour apparaître comme un mari et un père exemplaire.
Ce trait de personnalité s’explique sans doute par son enfance et l’éducation qu’il a reçue. Fils d’un économiste kényan noir et d’une Américaine blanche originaire du Kansas, il naît à Hawaï, est élevé par ses grands-parents et sa mère, et grandit en partie en Indonésie. Un parcours très éloigné du profil classique des 42 hommes qui l’ont précédé à la présidence des États-Unis.
Son histoire alimente une polémique persistante: les «birthers», une poignée d’ultra-conservateurs qui prétendent qu’il n’est pas vraiment né aux États-Unis et qu’il ne peut donc pas présider le pays. La publication de son acte de naissance intégral ne les a pas convaincus. Une  partie des Américains restent également persuadés que leur président est musulman, alors qu’il est protestant.
Né le 4 août 1961 à Honolulu, Barack Obama part très jeune vivre en Indonésie avec sa mère, remariée à un géologue indonésien. Il fréquente une école laïque et publique, avant de rentrer aux États-Unis. C’est à l’université, à Columbia puis à Harvard, qu’il prend conscience de sa double culture, de sa condition d’homme noir dans une société blanche. «Il se sentait comme un imposteur parce qu’il était si blanc», affirme l’une des ses copines de l’université, Genevieve Cook, témoin du cheminement de Barack Obama pour s’affirmer comme un Noir.
Barack Obama livre d’ailleurs quelques clés sur sa vie et ses motivations dans son autobiographie «Dreams from My Father». Premier Noir à diriger la revue de droit d’Harvard, il travaille dans un quartier défavorisé de Chicago, y rencontre sa future femme Michelle, et devient avocat en 1991. Sa carrière politique débute en 1996 au Sénat de l’Illinois, mais dès 2004, il est élu au Sénat des États-Unis. Il se distingue par un discours très applaudi à la Convention nationale démocrate pendant la campagne présidentielle de 2004. Quatre ans plus tard, il devient le premier président noir des États-Unis.
Sur certaines questions qui lui tiennent à coeur, Barack Obama puise volontiers ses arguments politiques dans son histoire personnelle, citant par exemple le cas de sa mère, morte d’un cancer, pour la réforme du système de santé. S’il a réussi à faire adopter ce vaste programme en pleine récession, cela lui a coûté cher, en temps, en énergie et en capital de sympathie. Il a tenté en vain de rallier les républicains à son projet et a dû s’assurer le vote de chaque sénateur démocrate, quitte à accepter tous les compromis. Lui qui voulait dépasser les querelles partisanes s’y heurte de plein fouet, particulièrement sur les questions budgétaires.
Certains adversaires l’accusent même de socialisme. Le gouvernement Obama a en effet aidé l’industrie automobile, exigé d’avantage de régulation dans la finance et, en bon démocrate, reste attaché au rôle de l’État fédéral.
Paradoxalement, il est plus facile de définir le président sortant par ce qu’il n’est pas. Il n’est pas un pacifiste même s’il a, à sa grande surprise, remporté le prix Nobel de la paix en 2009 alors que son pays menait deux guerres. À cette occasion, il a d’ailleurs brillé par son discours, un de ses atouts de campagne qui semble lui avoir fait défaut une fois rendu à la Maison-Blanche. Ce que reconnaît volontiers Barack Obama: «L’erreur de mon premier mandat a été de penser que le travail consistait à bien mener la politique. Mais la nature de ce poste, c’est également de raconter une histoire au peuple américain», a-t-il déclaré en juin lors d’une entrevue à CBS.

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