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Le rêve brisé des Salvadoriens expulsés des États-Unis

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Une femme à l'aéroport de Comalapa, au Salvador.... (PHOTO JUAN CARLOS, AFP)
Une femme à l’aéroport de Comalapa, au Salvador.

Agence France-Presse
Comalapa, Salvador
Dina Marquez a vécu pendant 13 ans son modeste rêve américain en faisant le ménage dans des maisons du Texas. Elle s’est brutalement réveillée la semaine dernière à l’aéroport de San Salvador, en descendant d’un avion rempli d’expulsés des États-Unis.
                Découragée et saisie d’une soudaine angoisse, Dina est conduite dans un terminal aménagé spécialement pour les personnes expulsées par les services d’immigration américains. En 2012, quelque 20 000 Salvadoriens sans-papiers ont été ainsi reconduits dans leur pays par vol spécial en provenance des États-Unis.
Sur place, Dina et une soixantaine de compagnons d’infortune sont pris en charge par le personnel du programme «Bienvenue à la maison», créé par le gouvernement pour aider ces personnes à reconstruire leur vie dans ce pays miné par la violence des bandes criminelles et une pauvreté endémique. Le programme fournit conseils, logements temporaires et billets de bus aux expulsés pour qu’ils puissent rejoindre leurs régions d’origine.
«J’aspirais à une vie meilleure, à réaliser ce rêve américain, car ici je n’allais arriver à rien. Mais il a pris fin du jour au lendemain», raconte à l’AFP cette Salvadorienne de 44 ans, canette de soda à la main.
Originaire de Sonsonate, dans l’est du pays, cette femme dont le teint brun contraste avec sa chevelure jaune vif retient ses larmes à l’évocation des moments difficiles qui l’attendent. Elle explique qu’elle avait dû vendre sa maison en 2000 pour financer son voyage clandestin vers le nord.
Sur place, elle avait obtenu un statut de résidente temporaire en 2001 dans le cadre d’autorisations spéciales accordées après deux tremblements de terre dévastateurs au Salvador. Mais en 2006, ses permis de résidence et de travail n’avaient pas été renouvelés, la faisant basculer dans le circuit illégal.
«Des compatriotes m’ont tendu la main et m’ont donné du travail malgré les risques; je faisais des ménages et arrivais à gagner modestement ma vie, mais je savais qu’ils allaient m’attraper un jour et c’est ce qui s’est passé: ils m’ont arrêtée au Texas et j’ai passé trois mois en prison avant d’être expulsée car je n’avais pas de papiers de résidence», explique-t-elle.
Aujourd’hui, Dina affirme qu’elle ne repartira pas vers les États-Unis, contrairement aux quelque 200 Salvadoriens qui tentent chaque jour cette périlleuse aventure via le Guatemala et le Mexique.
Non loin de Dina, Fernando Orellana, 37 ans, patiente les yeux dans le vague qu’on l’enregistre pour rejoindre son domicile de San Martin, à 14 km à l’est de San Salvador.
«Aux États-Unis, ils nous font ressembler à des animaux qui doivent se cacher pour ne pas être expulsés», se plaint-il à l’AFP, avant de confier qu’il n’a pu rester que six mois en Virginie, où il travaillait comme jardinier.
«Je vais retourner vers le nord, parce qu’ici la situation est pourrie», assure-t-il, seulement pourvu de quelques dollars avant de se diriger seul vers un arrêt d’autobus à la sortie de l’aéroport.
Durant le premier mandat du président américain Barack Obama, un nombre record de personnes en situation irrégulière ont été expulsées, avec 409 849 durant l’exercice fiscal 2012, qui s’est terminé le 30 septembre.
Fin janvier, huit sénateurs ont présenté un plan visant à offrir, sous conditions, la perspective d’une régularisation voire d’une naturalisation aux quelque 11 millions de clandestins vivant sur le sol américain. Le président Obama a affirmé qu’il pensait que cette réforme serait votée cette année, à condition que républicains et démocrates continuent à collaborer sur ce sujet épineux, suscitant de vifs espoirs parmi les quelque 660 000 Salvadoriens sans-papiers des États unis.

Les quelque 2,5 millions expatriés salvadoriens vivant aux États-Unis -soit près d’un tiers de la population de ce petit pays – fournissent une manne essentielle à leur nation d’origine en expédiant chaque année environ 3,9 milliards de dollars à leurs familles.

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