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Centrafrique: Bangui contrôlée par les rebelles, le président en fuite

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Centrafrique: Bangui contrôlée par les rebelles, le président en fuite
Des rebelles de la coalition du Séléka.

Agence France-Presse
BANGUI
Les rebelles centrafricains de la coalition Séléka ont pris Bangui dimanche matin, après une offensive éclair lancée pour renverser le président François Bozizé, au pouvoir depuis dix ans, qui a fui la capitale et était introuvable dans la soirée.





La France – ex-puissance coloniale –  «a pris acte du départ du président François Bozizé» de Centrafrique, a indiqué l’Elysée.
Paris «appelle toutes les parties au calme et au dialogue autour du gouvernement» d’union nationale, issu de l’accord conclu le 11 janvier dernier à Libreville entre le camp Bozizé, l’opposition et la rébellion.
De même, se disant «profondément inquiets par la détérioration de la sécurité», les États-Unis ont appelé «fortement» les rebelles à respecter l’accord de Libreville et à soutenir le gouvernement d’union nationale.
Washington a également appelé  «de manière urgente» le Seleka à «rétablir la loi et l’ordre dans la ville», toujours plongée dans le noir, livrée au pillage et où la situation est anarchique.
Le président tchadien Idriss Déby Itno,  président de la Communauté Economique des États de l’Afrique Centrale (CEEAC), a lui aussi appelé le Seleka  «au respect» de l’accord de Libreville, estimant qu’il «doit continuer à servir de base au règlement de la crise centrafricaine jusqu’à la tenue d’élections libres et transparentes».
«Les rebelles contrôlent la ville même s’il y a encore quelques tirs à gauche et à droite», a assuré une source au sein de la Force multinationale d’Afrique centrale (Fomac).
En milieu de matinée, un des chefs militaires des insurgés, le colonel Djouma Narkoyo, avait annoncé: «Nous avons pris le palais présidentiel. Bozizé n’y était pas».
Arrivé au pouvoir par les armes en 2003, le président Bozizé, 66 ans,  – un ancien proche de l’empereur Jean-Bedel Bokassa – avait été élu président en 2005 et réélu en 2011 au terme d’un scrutin très critiqué par l’opposition.
La Centrafrique, dont le sous-sol regorge de richesses minières est enclavée entre le Tchad, le Soudan, la République démocratique du Congo (RDC), le Congo et le Cameroun.
Il suffit de traverser le fleuve Oubangui pour rejoindre la ville de Zongo en RDC. Mais, à Kinshasa, le porte-parole du gouvernement, Lambert Mendé, a assuré à l’AFP: «Le président Bozizé n’a pas demandé à venir en RDC, il n’y est pas arrivé, il n’est pas signalé».
Sa famille s’est réfugiée à Zongo, a-t-on appris à Kinshasa de source sécuritaire civile. Mais cette source n’a pas pu confirmer la présence de François Bozizé avec sa famille.
Dispositif militaire français renforcé
A  Bangui, de nombreux pillages ont été rapportés à travers toute la ville. «Il y a beaucoup de pillages avec des gens armés. Ils cassent les portes, pillent et après la population vient, se sert aussi», a affirmé par téléphone un habitant dans le centre.
La situation a conduit le président Déby à appeler la Fomac, dont le Tchad fait partie, à aider à sécuriser la ville.
Paris a annoncé avoir «renforcé» son dispositif pour assurer la sécurité des Français. Quelque 300 soldats ont été envoyés en renfort à Bangui au cours du week-end, a indiqué  l’état-major des armées françaises, portant à quelque 550 soldats les effectifs en  Centrafrique où vivent environ  1200 Français.
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a lancé un appel pour pouvoir déployer son personnel à Bangui, faisant état de nombreux blessés.
La rébellion avait lancé une première offensive le 10 décembre dans le nord du pays et enchaîné victoire sur victoire face aux forces gouvernementales désorganisées, avant de stopper sa progression sous la pression internationale à 75 km au nord de Bangui.
Le président français avait refusé son soutien au régime Bozizé.
Des accords à  Libreville avaient débouché sur la formation d’un gouvernement d’union nationale. Arguant du non respect de ces accords, les rebelles ont déclenché à nouveau les hostilités vendredi et déclaré vouloir mettre en place un gouvernement de transition s’ils prenaient Bangui.
Débandande
Les échanges de tirs ont été très intenses dimanche vers 08h00 puis sporadiques, a constaté l’AFP dans le centre de Bangui.
«On a entendu des tirs partout dans le centre ville, et c’était la débandade. Tout le monde s’est mis à courir dans tous les sens», a relaté une femme partie à la messe à la cathédrale, proche du palais présidentiel. «On vient d’abattre quelqu’un. Je ne sais pas si c’était un militaire ou un civil, mais il essayait de fuir sur sa moto quand il a été tué».
Dimanche soir, l’électricité n’était toujours pas rétablie.
Dans le centre,  les sociétés de téléphonie Orange et Télécel ont été saccagées, a constaté l’AFP. Les pillards ont presque tout emporté, repartant avec des ordinateurs,  des bureaux et même des chaises. Des jeunes des quartiers environnants ont profité de l’anarchie ambiante pour récupérer des téléphones portables qu’ils revendaient dans la rue.
Les bâtiments institutionnels n’ont pas non plus été épargnés. Les rebelles ont attaqué le bureau de l’Unicef, et certains  ont commencé à circuler au volant de véhicules estampillés Nations unies.
Guy-Simplice Kodégué, porte-parole d’une plate-forme rassemblant des partis d’opposition et des associations de la société civile à Paris, a estimé dimanche: «le plus dur commence». «Nous avons un grand travail de reconstruction nationale à faire. Nous ne voulons pas de chasse aux sorcières. On a besoin de tout le monde».
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