«L’ancien président est toujours dans un état grave mais stable», a déclaré la présidence dans son communiqué du jour, en précisant que «les médecins (faisaient) de leur mieux pour guérir Madiba», le nom de clan affectueusement utilisé en Afrique du Sud pour désigner son héros national.
La présidence sud-africaine a utilisé mardi les mêmes mots que dans son premier communiqué annonçant l’hospitalisation du grand homme, samedi matin. Elle avait dit lundi que son état était «inchangé».
A la question de savoir ce qu’il fallait entendre par «stable», le porte-parole de la présidence Mac Maharaj a joué avec les mots: «Ca veut dire stable. Stable ne veut pas dire mieux ou pire, ça veut dire que ça ne change pas. Ca ne fluctue pas, c’est stable.» «Je suis désolé de ne pas pouvoir en dire plus».
Il n’a notamment pas voulu confirmer si Nelson Mandela pouvait respirer sans assistance –ce qu’il avait dit à l’AFP samedi–, invoquant le secret médical.
Le président Jacob Zuma a rencontré lundi soir l’équipe médicale qui s’occupe de son illustre prédécesseur et les médecins lui «ont fourni un rapport détaillé», selon M. Maharaj qui n’a pas voulu en dévoiler la teneur.
«J’ai confiance: ils savent ce qu’ils font, et ils font un très bon travail», a déclaré mardi soir M. Zuma à la télévision publique SABC, l’air détendu.
«C’est très grave, mais ça s’est stabilisé», a-t-il ajouté.
Malgré ce bulletin de santé assez peu rassurant, le président n’a pas chamboulé son programme. Il se trouvait mardi au Cap, à deux heures de vol de la capitale, pour préparer le discours de présentation budgétaire de la présidence, qu’il devait prononcer devant le Parlement mercredi après-midi.
L’établissement où est hospitalisé le héros de la lutte anti-apartheid, le Mediclinic Heart Hospital de Pretoria, est sous stricte surveillance policière depuis lundi soir. L’entrée est gardée par des policiers, alors que les médias du monde entier continuent d’affluer.
Les balcons des appartements voisins ont été loués à des médias étrangers, selon la SABC.
«Les policiers sont là pour protéger les membres de sa famille qui lui rendent visite», a indiqué à l’AFP le commissariat du quartier de Sunnyside, apportant la première confirmation officielle indirecte que c’est bien dans cette clinique privée que Nelson Mandela est soigné depuis samedi.
La présidence sud-africaine, officiellement la seule habilitée à communiquer, se refuse pour sa part à nommer l’établissement. La police, qui avait également confirmé à l’agence de presse locale Sapa qu’il a été admis au Mediclinic Heart Hospital, est même revenue sur ses déclarations.
Visites de la famille
L’ex-femme de Mandela, l’ancienne égérie de la lutte anti-apartheid Winnie, est revenue le voir mardi pour la deuxième journée consécutive. Ses trois filles encore vivantes ont également rendu visite à leur père, y compris Zenani, l’ambassadrice d’Afrique du Sud en Argentine revenue exprès de Buenos Aires.
Son épouse depuis 1998, Graça, serait à son chevet depuis samedi, selon des médias sud-africains.
Le premier président noir qu’a connu l’Afrique du Sud doit fêter ses 95 ans le 18 juillet.
Nelson Mandela souffre des séquelles d’une tuberculose contractée pendant ses années de réclusion sur l’île-bagne de Robben Island, au large du Cap, où il a passé dix-huit de ses vingt-sept années dans les geôles de l’apartheid.
L’humidité des cellules et la poussière de chaux inhalée dans la carrière où les détenus cassaient des cailloux ont durablement endommagé ses poumons.
Mandela n’est plus apparu en public depuis la coupe du monde de football organisée en Afrique du Sud en 2010, et les quelques photos et vidéos diffusées depuis l’ont été à l’occasion de visites de personnalités.
Il en est à son quatrième séjour à l’hôpital pour des récidives d’infections pulmonaires depuis décembre. Sa dernière hospitalisation, qui avait duré dix jours, remonte à fin mars-début avril.
La SABC avait ensuite montré des images de lui à l’occasion d’une visite des dirigeants de l’ANC, le parti au pouvoir. On l’y voyait très affaibli, impassible, assis sur un fauteuil, les jambes cachées par une couverture, posées à plat sur un repose-pieds, la peau du visage parcheminée et le regard fixe, sans réagir alors ses visiteurs jubilaient autour de lui.
Bien que retiré de la vie publique depuis des années, Nelson Mandela, prix Nobel de la paix, reste le symbole d’une Afrique du Sud unie, malgré ses divisions raciales. Il incarne le miracle d’un pays passé sans trop de heurts à la démocratie en 1994.
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