Des proches de Nelson Mandela se sont réunis mardi à Qunu, le village de son enfance où souhaitait être inhumé l’ancien président sud-africain, depuis dimanche dans un état critique.
Une fille et plusieurs petits-enfants de l’icône mondiale de la réconciliation raciale se sont retrouvés dans la matinée, dans la maison que Nelson Mandela avait fait construire à la chute du régime raciste, selon des correspondants de l’AFP.
«C’est une réunion des amadlomos», a déclaré un des participants, qui a requis l’anonymat, en référence à une branche du clan Thembu auquel appartiennent les Mandela.
Aucun membre de la famille n’a voulu indiquer l’objet de cette réunion, mais des rumeurs faisaient état de dissensions sur le site retenu pour accueillir la tombe de Nelson Mandela.
Officiellement, Mandela devrait être enterré à Qunu (sud), le village de sa prime enfance . «Ma famille est ici et je voudrais être enterré ici, à la maison», avait-il déclaré notamment en 2003, filmé pour un documentaire dans le cimetière de Qunu.
Mais certains proches plaideraient pour le village de Mvezo, où il est né, à une quarantaine de kilomètres par une piste de terre.
C’est à Qunu dont il appréciait la paix villageoise, lui rappelant ses parties de pêche enfantines dans les ruisseaux et les joies de la chasse à la fronde, que Nelson Mandela avait déjà choisi de finir sa vie.
Il y était retourné en juillet 2011 pour son 93e anniversaire avant que ses ennuis de santé ne le rappellent à Johannesburg, pour être près des meilleurs hôpitaux du pays.
L’infection pulmonaire à répétition qui le fait souffrir l’a considérablement affaibli au fil des rechutes, et depuis dimanche, l’ancien président, père de la démocratie multiraciale sud-africaine, est entre la vie et la mort dans un hôpital de Pretoria.
Son état est «inchangé», c’est-à-dire toujours critique, a précisé la présidence sud-africaine mardi.
Pour le commun des Sud-Africains, pourtant habitués à ne plus le voir en public – Mandela, bientôt 95 ans, n’est plus sorti depuis le Mondial de football (soccer) 2010 -, sa possible disparition reste un choc.
«C’est très dur. Mandela est une icône. (…) L’imaginer allongé sur un lit d’hôpital et penser qu’il n’ira pas mieux, c’est très dur. (…) On n’a pas envie de le perdre même si nous savons que l’heure approche», commentait mardi Vusi Mzimanda, un des nombreux Sud-Africains venus exprimer leur affection et leur inquiétude près du Mediclinic Heart Hospital de Pretoria.
«Nous devons le garder dans nos prières et laisser le Tout-Puissant décider du reste, et espérer qu’il va continuer à nous bénir de sa présence parmi nous, et bien sûr, chercher à l’imiter dans ce qu’il a fait de mieux», a déclaré lors d’un entretien à la radio le vice-président Kgalema Motlanthe.
Sur Twitter, les messages se succédaient pour citer des pensées de Mandela, partager l’émotion et l’admiration que ce géant politique du XXe siècle suscite largement. «Un vrai leader, si ce sont ses derniers jours, j’espère qu’ils sont pleins de l’amour des gens qu’il a le plus aimés», écrit
@ABwickfree.
Sur un autre compte, Mandela était comparé au héros biblique David, célèbre pour son combat victorieux contre le géant Goliath.
Pas de visite d’Obama à Mandela
Devant l’hôpital, où son épouse depuis quinze ans Graça Machel reste nuit et jour, le contingent des médias se faisait toujours plus nombreux, tenu à distance par des policiers en faction.
Des véhicules officiels, avec des plaques militaires, ont été vus mardi matin passer les grilles d’accès tandis qu’un pan de murs de la clinique a littéralement disparu sous les fleurs rouges et roses, les ballons et les cartes de voeux. Cent colombes ont été lâchées devant l’hôpital, message de paix et hommages au grand homme.
C’est au sortir d’une visite dimanche que le chef de l’État Jacob Zuma avait annoncé, pour la première fois, que le héros national «était dans un état critique à l’hôpital». Il y avait été admis en urgence le 8 juin.
Lors d’une rencontre prévue de longue date avec la presse internationale, M. Zuma a le lendemain reconnu que c’était «un moment difficile» tout en se montrant, comme à l’habitude, avare de détails sur les traitements médicaux reçus par Mandela.
Malgré les circonstances, M. Zuma s’en tient à son agenda. Il s’est rendu mardi dans la province rurale du Limpopo (nord), doit aller jeudi au Mozambique et s’apprête à recevoir le président américain Barack Obama, attendu vendredi soir pour une visite d’État de trois jours.
Mandela a passé vingt-sept ans en prison, dont dix-huit au bagne de Robben Island au large du Cap, où M. Obama a prévu une visite-hommage.
En revanche, pas question pour le président américain de rencontrer le premier président noir qu’a connu l’Afrique du Sud. «Le président Obama aurait aimé voir le président Mandela, mais il est souffrant», a sobrement noté la ministre des Affaires étrangères, Maite Nkoane Mashebane, devant la presse.
Libéré en 1990, Mandela avait reçu en 1993 le prix Nobel de la paix – conjointement avec le dernier président du régime de l’apartheid, Frederik de Klerk – pour avoir évité une guerre civile que beaucoup disaient inévitable dans un pays meurtri par les brutalités et l’injustice.
Premier président noir de son pays de 1994 à 1999, il est retiré de la vie politique depuis près de dix ans et est volontiers décrit par ses compatriotes comme «le père de la Nation» sud-africaine, icône de la paix et du pardon vénérée dans le monde entier.
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