La Presse- Le taux de chômage a légèrement augmenté au Canada en juillet, soit de 0,1 point de pourcentage par rapport au mois précédent pour atteindre 7,2 pour cent. Il se retrouve au niveau de mars et avril, alors qu’il se situait plutôt à 7 pour cent en début d’année.
Au Québec, il a crû de 0,3 point de pourcentage pour passer à 8,2 pour cent. Une perte de 30 400 emplois a été enregistrée dans la province.
Au pays, six des dix provinces ont connu un repli du nombre de travailleurs, le recul au Québec ayant été le plus marqué.
En Ontario, l’emploi a légèrement diminué en juillet. Le taux de chômage s’y est établi à 7,6 pour cent.
Il s’agit du deuxième mois consécutif de recul de l’emploi au Canada – bien que la perte de juin de 400 emplois nets représentait un résultat presque nul.
Le plus marquant dans cette mise à jour de Statistique Canada, vendredi, est la perte record de 74 000 emplois dans le secteur public, plus de la moitié provenant de la santé et des services sociaux, et le Québec y comptant pour une part disproportionnée.
Étant aux prises avec d’importants déficits, la plupart des gouvernements au pays ont tenté de réduire leurs dépenses. En mars 2011, le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, avait indiqué son objectif de supprimer environ 19 000 postes de fonctionnaires de la main-d’oeuvre fédérale.
Mais des économistes ont émis des doutes sur le fait que tant de fonctionnaires se soient retrouvés sans emploi si soudainement.
Doug Porter, économiste principal à la Banque de Montréal, a dit avoir du mal à croire que «tout cela se soit passé véritablement en un mois».
L’économiste principal de la CIBC, Avery Shenfeld, a abondé dans le même sens, notant que le recul de 47 000 emplois dans la santé et les services sociaux – une catégorie habituellement stable – pourrait représenter un rétablissement par rapport à un précédent décompte surestimé.
Néanmoins, Doug Porter n’avait pas de misère à croire au ralentissement général présenté dans le rapport. Il est en phase avec une économie en difficulté qui n’a pas encore trouvé un nouveau souffle.
«Je crois que le portrait global est que la croissance de l’emploi est au mieux modérée, a-t-il fait valoir. Une autre façon d’en venir aux mêmes conclusions est de voir qu’au début de l’année, le taux de chômage avait été à un creux de 7 pour cent alors que nous sommes désormais à 7,2 pour cent. Il semble donc qu’il y ait eu une certaine détérioration par rapport au début de l’année.»
M. Porter et d’autres analystes ont tout de même laissé entendre que les données ne sont pas aussi inquiétantes que les conclusions principales semblent montrer. Les heures travaillées, qui sont directement liées à l’activité économique, ont crû de 0,3 pour cent durant le mois, et le secteur privé est parvenu à ajouter 31 400 travailleurs.
Les données ont été fortement influencées par la perte de 45 600 jeunes travailleurs, reflétant l’un des étés les plus difficiles pour les étudiants dans l’histoire récente.
Les jeunes travailleurs aussi plus touchés au Québec
Le repli au Québec s’observe aussi bien dans l’emploi à temps plein – recul de 22 500 – que dans celui à temps partiel – baisse de 8000.
Tant les hommes, avec une perte de 14 000, que les femmes, subissant un repli de 16 400, enregistrent des pertes d’emplois.
Par ailleurs, ce recul touche davantage les travailleurs de 15 à 24 ans, avec une baisse de 18 800, que ceux de 25 ans et plus, comptant 11 600 employés de moins.
Au cours du mois de juillet, les soins de santé et l’assistance sociale ont retraité de 37 800 emplois, l’information, la culture et les loisirs, de 18 000, tandis que le transport et l’entreposage subissaient un repli de 12 300. À l’opposé, la fabrication (+29 200) et l’hébergement et les services de restauration (+11 800) affichent les gains d’emplois les plus élevés.
C’est ce qui ressort de l’analyse des données sur l’emploi et la population active diffusée par l’Institut de la statistique du Québec, à partir des résultats de l’Enquête sur la population active rendue publique, vendredi, par Statistique Canada.
L’emploi progresse dans le secteur des biens – +22 200 -, mais il recule dans celui des services – un repli de 52 700.