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L’editorial de Kern Grand-Pierre : Martelly a Washington – Les enjeux et les non-dits

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Michel Martelly et Barack Obama a la Maison Blanche le 6 Fevrier 2014

C’est probablement pour réaffirmer sa prééminence sur l’échiquier politique 
Haitien que le President Michel Martelly effectue son premier voyage officiel a Washington pour perpétuer,par son geste, ce qui dans notre partie du monde est devenu un rite de passage obligatoire,une reconnaissance tacite de la logique des rapports de force entre les nations dites du premier monde et les notres du Sud…

S’il aura fallu pres de trois ans au President Haitien pour accomplir « l’exploit » de rencontrer l’homme le plus puissant du monde, l’opposition, suppl
éée en ce sens par ses detracteurs sur internet, voyait dans l’absence d’une pareille rencontre un camouflet infligé a dessein a une personne qu’ils trouvent encore indigne de représenter la premiere Republique Noire du Nouveau-Monde,trois ans apres son accession au pouvoir.Cette rencontre met fin a cette insulte supposée du President des USA a l’endroit du President Haitien et en fait un argument de perdu pour les pourfendeurs du musicien métamorphosé en politicien.

Le President Martelly est-il a Washington pour n
égocier des contrats qui créeront des emplois pour les 70% de chomeurs chroniques de son pays ? Est-il a Washington pour parler d’homme a homme avec le President Obama des supposées vastes ressources minieres et pétrolieres dont les scientistes comme feu le Dr Daniel Mathurin disent que notre pays en regorge ? Est-il a Washington pour signifier au tout-puissant « partenaire » que les Haitiens eux aussi ont leur propre mot a dire en ce qui concerne leur futur, leur ressources naturelles, réelles ou supposées, la présence de cette force d’occupation,la MINUSTAH, porteuse de choléra dans le pays ? Ou son voyage n’est-il qu’une vaste opération de charme destinée a la consommation locale dans le but inavoué  de faire taire ses bruyants opposants, dont Me. André Michel, Me. Newton Saint-Juste ,les Députés Arnel Belizaire et Moise Jean-Charles ,aussi impopulaires que soient ces derniers ?

Est-il a Wahington pour montrer a la dite opposition qu’il a l’aval de la Maison Blanche et du Département d’Etat pour poursuivre et terminer son mandat sans inquiétude, comme le President Jean-Bertrand Aristide en avait fait l’amere experience en 2004 pour avoir voulu se positionner d’une maniere trop radicale,trop nationaliste et trop indépendante ? Nul ne peut se prononcer ex-cathedra la-dessus mais ceux qui soutiennent,a tort ou a raison,que le President Haitien est a Washington pour se faire donner une note favorable par notre puissant voisin du Nord et recevoir des instructions suppl
émentaires trouveront une audience plus sympathique et receptive a leurs assertions puisqu’il est evident,qu’en tant que pays dépendant et ocuppé  par la MINUSTAH, nous ne sommes pas en position pour parler trop fort et faire des réclamations ou des demandes qu’on pourrait juger indésirables. Pour notre malheur.

Ce qui echappe aux analystes auto-proclam
és de la problématique haitienne est la perception basique de notre pays par les Etats-Unis comme un peuple a gérer et garder en laisse pour eviter les images déplaisantes de boat-people debarquant par milliers sur les jolies plages de la Floride et donner une mauvaise note a l’administration du moment,democrate ou republicaine.Il n’est nullement question pour les Etats-Unis de prendre le pays en main et le developper a notre place,comme le croient naivement ou l’esperent beaucoup de compatriotes de la diaspora, quand l’objectif primordial des Etats-Unis est de maintenir le status quo et nous accompagner dans notre non-developpement.Bref,une colonisation sans le nom.

Les enjeux pour nous autres Haitiens, en ce qui est encore un d
ébut de siecle, demeurent notre capacité  a survivre comme peuple théoriquement libre et souverain,malgre l’évidence de notre dépendance et de notre faiblesse historiques dans nos rapports avec ces ex-puissances coloniales devenues « nos amies » dans le linguo diplomatique, et a ocupper encore notre place légitime dans le concert des nations.

Le fait par le President d’un pays, fut-il un grand ou un petit territoire, de visiter le President d’un pays tiers,fussent-ils les USA,la France,le Canada ou la Grande Bretagne,pour ne citer que ceux-ci, ne devrait pas etre LE facteur determinant dans la destinee de millions de femmes et d’hommes qui attendent,depuis des temps immemoriaux, que les promesses de leurs hommes politiques aterissent finalement pour eux . Malgre les r
éserves justifiees de ceux d’entre nous qui interviennent,par patriotisme et sans interet personnel , au nom de nos masses silencieuses qui font office de chair a canon depuis notre independance ,osons esperer que demain sera mieux qu’hier dans ce contexte de mondialisation ou les decisions qui nous concernent en tant que peuple dit libre et independant ne sont pas toujours du domaine de nos decideurs locaux dont l’allégiance appartient aux decideurs d’ailleurs . 

Pour ce qui est des non-dits, un Président Haitien est-il a meme d’imposer a qui que ce soit des decisions politiques au nom des intérets superieurs de son pays, a la maniere de pays  comme les Etats-Unis ou meme d’un arrogant petit pays comme la Republique Dominicaine qui n’a aucun respect pour le petit voisin minable que nous sommes devenus ? La réponse reside dans nos negotiations avec notre brouillant et raciste petit voisin ou nous faisons montre d’une diplomatie on ne peut plus sage et d’une  incroyable souplesse unilatérale pour sauvegarder des relations commerciales qui ne profiteront qu’a la partie adverse,vu que nous ne produisons presque rien, jusqu’a ce que nous parvenons a rééquilibrer les rapports de force.

L’autre non-dit est que nous ne sommes pas politiquement en mesure de dicter a notre grand voisin du Nord,les USA, les types de rapports justes et 
équitables qui beneficieraient plus a notre pays qu’a le leur,dans un monde jusqu’a maintenant  utopique ou les nations dites des superpuissances aideraient les nations les plus faibles a se developper au lieu de les exploiter a visiere levée de l’esclavage a nos jours.

Voila pourquoi ce voyage du President Haitien a Washington, cette grande premiere qui fait la joie et la delectation de  ses partisans et agace ses d
étracteurs,est a ramener a sa juste valeur comme un fait divers qui n’aura aucun effet a long terme sur nos urgences structurelles et fondamentales,a mille lieues des priorites de la nation etoilee qui,généralement dans ce  monde, reconnait ne pas avoir d’amis,seulement des intérets…

                                                                       kgp

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