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L’inquiétude face à l’Ebola grandit dans le monde

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Les fonds alloués transiteront par l'Organisation mondiale de... (PHOTO SAMUEL ARANDA, THE NEW YORK TIMES)

Les fonds alloués transiteront par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui fournit des équipements et des conseils et coordonne la surveillance épidémiologique, ainsi que par Médecins sans frontières (MSF), la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge.

PHOTO SAMUEL ARANDA, THE NEW YORK TIMES

Agence France-Presse
LONDRES

L’inquiétude face à l’épidémie d’Ebola qui se propage en Afrique de l’Ouest a commencé à gagner le reste du monde, les autorités britanniques s’alarmant mercredi de cette «menace» tandis que Hong Kong annonçait de possibles mesures de quarantaine.

L’organisation Médecins sans frontières a averti que le virus, qui a fait plus de 670 morts en Afrique de l’Ouest depuis le début de l’année, était «hors de contrôle» et qu’il y avait un «réel risque de voir de nouveaux pays touchés».

La maladie frappe la Guinée, le Liberia, la Sierra Leone, et a fait un mort au Nigeria, un passager arrivé à Lagos par avion de Monrovia via Lomé, ce qui a conduit deux compagnies aériennes africaines, Arik et ASKY, à interrompre leurs liaisons avec le Liberia et la Sierra Leone.

Au Liberia, où le virus à tué 129 personnes sur 249 cas, la présidente Ellen Sirleaf Johnson a annoncé la fermeture de toutes les écoles «sans exception» pour tenter d’enrayer l’épidémie. Elle a également indiqué que son pays allait débloquer cinq millions de dollars (plus de 3,7 millions d’euros) comme «première contribution» dans la lutte régionale contre Ebola.

La situation a conduit l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) à consulter l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) au cours d’une téléconférence mardi, sans donner lieu toutefois à la prise de mesures immédiates.

A Londres, une réunion interministérielle de crise a été convoquée à propos de cette épidémie que «le Premier ministre (David Cameron) considère comme une menace très sérieuse», a expliqué le chef de la diplomatie Philip Hammond.

Le ministre des Affaires étrangères s’est toutefois voulu rassurant après la réunion en jugeant «très peu probable» la possibilité qu’Ebola se propage au Royaume-Uni.

«Je voudrais souligner qu’en ce qui concerne le Royaume-Uni, la question porte sur la possibilité que quelqu’un ayant contracté la maladie en Afrique tombe malade ici», a-t-il déclaré.

Quant à une «propagation de la maladie au Royaume-Uni, nous avons des procédures de contrôle de l’infection qui rendent (cette hypothèse) très peu probable», a-t-il assuré, ajoutant que l’«approche la plus logique» était de fournir de l’aide «pour traiter la maladie à la source».

Une personne au Royaume-Uni, soupçonnée d’avoir contracté la maladie, a subi des tests qui se sont révélés négatifs.

Mortalité de 25 à 90%

Les autorités britanniques ont averti les agents de contrôle aux frontières et le personnel des aéroports sur les symptômes de cette maladie, et appelé les médecins à la vigilance, la période d’incubation de la maladie pouvant aller jusqu’à une vingtaine de jours.

Des recommandations d’hygiène sont données aux voyageurs dans la région affectée par l’Ebola sur le site du Foreign Office, comme le font également plusieurs autres pays européens depuis quelques mois.

A Bruxelles, une source européenne a assuré que l’UE était équipée pour dépister et traiter les malades contaminés par le virus Ebola, et jugé «infime» la probabilité que l’épidémie touche les États membres.

Cette source a estimé que le système pour «dépister et contenir rapidement l’épidémie» fonctionnait, citant l’exemple d’un cas suspect signalé à Valence en Espagne qui s’est finalement révélé négatif.

La Commission européenne a pour sa part annoncé une aide supplémentaire de deux millions d’euros pour tenter de contenir l’épidémie, portant son assistance à 3,9 millions au total.

A Hong Kong, ville densément peuplée de sept millions d’habitants précédemment affectée par des épidémies comme le SRAS, les autorités sanitaires ont annoncé qu’elles mettraient en quarantaine tout voyageur en provenance de Guinée, Sierra Leone et Liberia ayant des symptômes de fièvre, par mesure de précaution.

Les responsables de la santé hongkongais ont indiqué que des tests menés sur une femme arrivant d’Afrique, souffrant de fièvre et de vomissements, s’étaient également révélés négatifs.

La France s’est quant à elle dite «mobilisée depuis le début de la crise» pour apporter aux pays concernés «un soutien technique et une expertise pour juguler l’épidémie».

Le ministère français des Affaires étrangères a notamment précisé soutenir «un projet de laboratoire mobile» permettant «un diagnostic au plus près des foyers actifs et dans de bonnes conditions de sécurité».

Le virus Ebola se manifeste notamment par des hémorragies, des vomissements et des diarrhées. Son taux de mortalité peut aller de 25 à 90% et il n’existe pas de vaccin homologué. Il se transmet par contact direct avec le sang, les liquides biologiques ou les tissus de personnes ou d’animaux infectés.

L’UE offre son aide pour lutter contre l’épidémie

Face à la propagation de fièvre Ebola en Afrique de l’Ouest, la Commission européenne a décidé mercredi d’apporter 2 millions d’euros supplémentaires d’aide pour contenir l’épidémie et fournir des soins aux communautés touchées par ce virus mortel.

Cela porte l’aide totale de la Commission à 3,9 millions d’euros.

Les fonds alloués transiteront par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui fournit des équipements et des conseils et coordonne la surveillance épidémiologique, ainsi que par Médecins sans frontières (MSF), la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge.

«Le niveau de contamination sur le terrain est extrêmement préoccupant et nous devons intensifier notre action avant que ne soient perdues de nombreuses autres vies»», a déclaré la commissaire responsable de l’Aide humanitaire, Kristalina Georgieva qui a rendu hommage aux personnels de santé qui luttent contre l’épidémie «en prenant de grands risques pour leur propre vie».

L’UE a déployé des experts sur le terrain «mais nous avons besoin d’un effort soutenu de la communauté internationale pour aider l’Afrique de l’ouest face à cette menace», a-t-elle plaidé.

L’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest empire et risque de toucher d’autre pays, a averti mercredi le directeur des opérations de MSF, Bart Janssens, dans un entretien à la Libre Belgique.

En cours depuis le début de l’année, l’épidémie s’est d’abord déclarée en Guinée avant de toucher le Liberia puis la Sierra Leone, deux pays voisins qui, au 23 juillet, totalisaient 1201 cas dont 672 mortels, selon le dernier bilan de l’OMS.

Les soignants en première ligne

Soignants et médecins sont en première ligne dans la bataille contre l’épidémie de fièvre hémorragique Ebola qui frappe l’Afrique de l’Ouest et qui a déjà contaminé plusieurs d’entre eux. Tour d’horizon de leurs conditions de travail entre épuisement, peur de l’infection et difficultés pour assurer la relève.

QUELLE EST LA SITUATION DES SOIGNANTS SUR LE TERRAIN?

«Les personnels soignants doivent surmonter leur propre peur de cette épidémie. Ils sont la ligne de front» face au virus, souligne Peter Piot, codécouvreur du virus Ebola en 1976 et directeur de l’École d’hygiène et de médecine tropicale à Londres.

En outre, «ils n’ont souvent pas les ressources nécessaires et voient des collègues mourir… Je ne suis pas surpris que certains hôpitaux aient été abandonnés. Dans d’autres hôpitaux, des infirmières se sont mises en grève face au manque d’équipement de protection de base, à la fois pour le personnel soignant et pour les patients et leur famille», explique-t-il à l’AFP.

«J’ai vu des médecins qui étaient épuisés par le travail, par la tension, par l’émotion parfois, due à la mort de patients», souligne le professeur Jean-Claude Manuguerra (Institut Pasteur, Paris), qui s’est rendu une quinzaine de jours en avril à l’hôpital Donka à Conakry, capitale de la Guinée, d’où est partie l’épidémie actuelle. Or, «bien sûr, avec la fatigue, on est plus à risque de commettre des erreurs et de se contaminer».

Autre obstacle, outre la peur et l’épuisement, il leur faut parvenir à approcher les malades de ce virus, qui demeure inconnu dans cette partie de l’Afrique: «Nous avons reçu des menaces, si jamais nous allions dans certains villages, où l’on refuse l’accès à toute aide humanitaire», a récemment déclaré Mariano Lugli, vice-directeur des opérations de Médecins sans frontières (MSF). L’ONG prône l’embauche d’anthropologues spécialisés pour aider ces communautés à comprendre la nécessité de se faire surveiller et traiter si besoin.

LA RELÈVE DES PERSONNELS SOIGNANTS EST-ELLE ASSURÉE?

«MSF a beaucoup de mal à trouver des ressources humaines, à trouver des volontaires. Les gens ont peur, ou sont fatigués, ou ne peuvent pas se libérer. On manque de ressources humaines dans plein d’endroits», note le Pr Manuguerra.

Or, les équipes envoyées sur place doivent être renouvelées toutes les trois semaines avant qu’elles ne soient trop épuisées, selon MSF.

«On n’arrive plus à intervenir sur tous les foyers qui se déclarent actuellement. On n’a plus le personnel pour former les personnels correctement et éviter de les exposer au risque», confirme le Dr Brigitte Vasset, directrice adjointe du département médical de MSF. D’autant que tous ne sont pas médecins ou infirmiers, mais sont au contact de la population à travers d’autres fonctions comme la logistique, le nettoyage ou la recherche de cas.

QUELLES MESURES DE PROTECTION?

«Il y a une discussion sur les équipements. Les équipements de Médecins sans frontières et ceux de l’Organisation mondiale de la Santé ne sont pas les mêmes. Il faudrait voir quel type de protection portaient les médecins qui ont été contaminés, pour ceux qui en portaient, afin de voir s’il y en a de plus efficaces que d’autres», relève le Pr Manuguerra.

Combinaison intégrale, masque, casque, doubles paires de gants, bottes, et même tablier par dessus… Pas toujours évident à porter pendant des heures, surtout avec la chaleur.

«Quand on s’occupe des patients en portant une combinaison, on ne tient pas plus de 40 minutes, les rotations sont très fréquentes», renchérit le Dr Vasset, rappelant qu’il n’y a pas d’air conditionné dans les centres de soins sur le terrain.

Le virus Ebola se transmet par contact direct avec le sang, les liquides biologiques ou les tissus de personnes ou d’animaux infectés.

Parmi les mesures d’hygiène et de désinfection (mains, surfaces contaminées…), «les gels hydroalcooliques marchent très bien sur le virus Ebola» pour les mains, note le Pr Manuguerra.

Sinon, «l’eau de javel doit être employée à la bonne concentration: trop concentrée elle détériore la peau facilitant l’infection, pas assez elle ne sert à rien».

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