Choléra en Haïti: l’ONU veut puiser dans le portefeuille de la Minustah
Le chef de l’ONU va demander à ces pays de lui notifier sous 60 jours s’ils souhaitent que leur part de l’argent qui n’a pas été dépensé soit reversé dans le fonds d’aide aux victimes du choléra.
Agence France-Presse
NATIONS UNIES
L’ONU va demander aux pays finançant les Casques bleus en Haïti de céder à l’organisation les 40,5 millions de dollars qui restent dans les caisses de la Minustah, devant fermer sous peu, pour les allouer à la lutte contre le choléra.
Une résolution a été adoptée jeudi en soutien à cette proposition du secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, formulée sur fond de difficultés à réunir les 400 millions de dollars nécessaires pour que le pays se redresse après l’épidémie qui a touché des centaines de milliers d’Haïtiens.
Concrètement, le chef de l’ONU va demander à ces pays de lui notifier sous 60 jours s’ils souhaitent que leur part de l’argent qui n’a pas été dépensé soit reversé dans le fonds d’aide aux victimes du choléra.
Les États-Unis, premiers contributeurs financiers au budget des Casques bleus, ont annoncé le mois dernier qu’ils reprendraient leur part des fonds qui n’ont pas été dépensés.
Washington a déjà fourni 100 millions de dollars pour qu’Haïti se relève de cette épidémie et «les États-Unis ne sont pas en position de contribuer» davantage, a expliqué l’ambassadrice adjointe américaine auprès des Nations unies, Michele Sison.
Plus généralement, la nouvelle administration américaine entend réduire la voilure de sa participation aux missions de maintien de la paix de l’ONU.
Le Conseil de sécurité a décidé en avril de mettre fin dès la mi-octobre à 13 ans de présence, en Haïti, des Casques bleus qui seront remplacés par une force de police restreinte.
Quelque 9500 personnes sont mortes du choléra depuis le déclenchement de l’épidémie en 2010.
L’ancien secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon avait été contraint de présenter des excuses aux Haïtiens lorsque des analyses avaient montré que le choléra avait été introduit dans le pays par des Casques Bleus népalais, dépêchés après le séisme dévastateur de 2010.
Devant l’assemblé des Nations unies, l’ambassadeur jamaïcain Courtenay Rattray a exhorté les autres pays à ne pas «fermer les yeux» sur l’épidémie de choléra, soulignant que toute contribution «peut faire la différence».
La liste des pays qui ont pour l’instant mis la main au portefeuille est courte: Royaume-Uni, Corée du Sud, France, Liechtenstein, Inde, Sri Lanka et Chili. Le tout représentait 2,6 millions de dollars au 20 avril.