Moins de 48 heures après les frappes américaines, françaises et britanniques en Syrie, pays où le président français a lancé sa première opération militaire d’envergure, il a déclaré que Paris ne faisait pas la guerre à Damas et qu’il voulait parler à tous les acteurs de la crise.
Il a consacré à la Syrie tout le début de ces presque trois heures d’entretien face à deux journalistes particulièrement pugnaces, qui ont ensuite pressé le président de questions sur les sujets domestiques, sur un ton parfois virulent qui a suscité de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux.
«La France n’a pas déclaré la guerre au régime» du président Bachar al-Assad, accusé d’avoir utilisé des armes chimiques contre des civils dans la guerre qu’il livre aux rebelles, a déclaré M. Macron, rappelant que l’ennemi de la France était l’organisation de l’État islamique.
Ces frappes étaient nécessaires et légitimes, selon lui, mais «la finalité est de construire ce qu’on appelle une solution politique inclusive», a-t-il dit, mettant en exergue l’activisme diplomatique français pour «parler avec tout le monde», notamment avec les alliés du régime comme la Russie et l’Iran, et les acteurs régionaux comme la Turquie.
Trump convaincu de rester?
Pour parvenir à «cette solution durable», «il nous faut parler avec l’Iran, la Russie et la Turquie», a dit le chef de l’État. Il a exposé sa vision de la nécessité de faire bouger les lignes de fractures diplomatiques entre Occidentaux, paralysés dans les négociations menées dans le cadre du Conseil de sécurité de l’ONU (où la Russie a un droit de veto), et les autres acteurs de la crise, dont ces trois pays qui mènent de leur côté un processus diplomatique parallèle, celui d’Astana.
«Nous avons regagné de la crédibilité au regard des Russes» après les frappes, a-t-il assuré.
Le président a aussi affirmé qu’il avait réussi à convaincre l’impulsif président américain Donald Trump de maintenir ses troupes en Syrie.
«Il y a 10 jours, le président Trump disait que les États-Unis d’Amérique ont vocation à se désengager de la Syrie. (…) Je vous rassure, nous l’avons convaincu qu’il fallait rester dans la durée», a-t-il déclaré pendant cette intervention diffusée sur la télévision BFM, la radio RMC et le site Mediapart.
Il a aussi balayé les accusations d’illégitimité auxquelles s’exposent ces frappes menées hors du cadre de l’ONU, estimant que «c’est la communauté internationale qui est intervenue».
Plusieurs personnalités politiques françaises ont discuté la légalité de cette opération militaire, qui fera l’objet d’un débat sans vote des parlementaires français lundi à partir de 17h00.
Au Royaume-Uni, la première ministre britannique Theresa May, qui a également engagé ses troupes dans ces frappes, fait face à une vive opposition politique.