Il y a eu de tout dans ce choc palpitant où chaque camp a mené au score mais à la fin, la star du Real Madrid a écoeuré son pays d’accueil: auteur de son premier triplé en Coupe du monde (4es.p., 43e, 88e), «CR7» a évité la défaite aux champions d’Europe et contrarié la révolte des Espagnols, saignants malgré une semaine de psychodrame.
Ce nul renvoie tout le monde dos à dos dans le groupe B (1 point), derrière l’Iran (3 points) et vu le scénario, chacun trouvera des raisons de se réjouir. Les amateurs de foot aussi, tant ce match a été âpre, échevelé et intense, à des années-lumières des tièdes premières affiches du tournoi.
Au stade olympique de Sotchi, l’Espagne a cru faire le plus dur sur une volée limpide de Nacho (58e) après un doublé hargneux de Diego Costa (24e, 55e).
Mais Ronaldo a fait parler ses talents de soliste face à l’oeuvre collective espagnole: malgré les doutes autour de son avenir au Real et malgré ses démêlés fiscaux, qui devraient se solder par une lourde amende (18,8 millions d’euros), «CR7» est devenu le quatrième joueur de l’histoire à marquer dans quatre Coupes du monde consécutives.
Réponse cinglante
Un exploit majuscule pour le quintuple Ballon d’Or et une réponse cinglante à ceux qui, à 33 ans, le trouvent sur le déclin.
Pour cela, le Portugais a eu un peu de malice en s’écroulant dans la surface devant Nacho, son habituel partenaire au Real, avant de transformer en force le penalty obtenu (4e). Puis il a bénéficié d’un petit coup de pouce pour permettre au Portugal de mener 2-1: sa puissante frappe du gauche a été cafouillée par l’infortuné gardien David de Gea (43e).
Et dans une fin de match où le Portugal patinait, Ronaldo a fait parler sa finition sur un coup franc expédié dans la lucarne (88e) avant d’exulter avec ses partenaires.
Vu l’efficacité létale du quintuple Ballon d’Or, l’Espagne vieillissante du Mondial 2014 ou de l’Euro 2016 se serait résignée. Mais pas l’Espagne rajeunie de 2018, qui semble s’être conjurée autour d’un objectif commun après le limogeage inattendu de son sélectionneur Julen Lopetegui mercredi et son remplacement au pied levé par l’inexpérimenté Fernando Hierro.
Pour cela, elle a égalisé deux fois par Costa, et deux fois d’une manière pas très «espagnole», c’est-à-dire éloignée des canons du sacro-saint jeu de passes de la «Roja».
Ronaldo n’est jamais mort
D’abord un long ballon de Sergio Busquets pour l’Hispano-Brésilien qui écarte du coude Pepe, crochète deux défenseurs et ajuste le gardien d’un tir rasant du droit (24e). Puis, sur une combinaison, David Silva a déposé un coup franc sur la tête de Busquets et Costa n’a eu qu’à pousser au fond le ballon (53e) pour inscrire son 9e but en 21 sélections.
Ce doublé est une libération pour l’avant-centre de l’Atlético, souvent décrit comme incompatible avec le jeu espagnol. Et il a fait un bien fou vendredi par son sens du combat, livrant un chaud duel avec l’ex-défenseur du Real Pepe, qui avait des airs de derby madrilène…
Le moral regonflé, les Espagnols ont fait souffrir les Portugais avec leur habituel tourbillon de passes et leur multiples banderilles (21e, 35e, 42e). Hierro n’avait-il pas assuré qu’on verrait une Espagne très «reconnaissable» malgré sa préparation perturbée?
Ses hommes auraient même mérité de prendre l’avantage plus tôt par Isco dont la frappe tendue a rebondi sur la transversale puis sur la ligne avant de ressortir (26e).
Leur seule erreur dans ce match est de n’avoir pas plié la rencontre quand les Portugais étaient étouffés en seconde période.
Et il ne faut jamais donner pour mort Ronaldo, qui s’installe d’emblée en tête des classement des buteurs de ce Mondial. Le ton est donné, la fête peut commencer!