Dans le même temps, un sommet extraordinaire de chefs d’État ouest-africains sur la crise malienne s’est ouvert à Abidjan.
Alors que depuis cinq jours, l’incertitude demeurait sur le sort du président Amadou Toumani Touré (ATT), le ministère français des Affaires étrangères a annoncé que l’ambassadeur de France à Bamako, Christian Rouyer, «a pu s’entretenir par téléphone avec le président ATT qui l’a rassuré sur son sort».
Le ministère s’est cependant refusé à tout commentaire sur le lieu où se trouverait le président.
La situation est quasiment revenue à la normale dans la capitale malienne, avec une activité grouillante et la réouverture des administrations et des commerces, après un appel de la junte à reprendre le travail.
La circulation était dense et de nombreux piétons ont envahi les grands axes. Des policiers réglaient la circulation et contrôlaient certains véhicules comme d’ordinaire. Seuls quelques rares militaires étaient visibles.
«L’effectif est au complet, l’ambiance est comme d’habitude», a déclaré Lacina Diabaté, comptable à l’Agence nationale pour l’emploi (ANPE).
Toutefois, dans l’après-midi, dans certains secteurs de Bamako, l’activité était plus faible que de coutume, alors que le couvre-feu reste en vigueur de 18h à 6h.
Cette journée de mardi avait valeur de test pour la junte du Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’État (CNRDRE), qui a renversé ATT à quelques semaines de la présidentielle du 29 avril.
Le nouveau pouvoir, composé de militaires du rang qui affirment avoir agi en réaction à l’échec du président Touré face à une nouvelle rébellion touareg dans le Nord, s’est attiré une réprobation internationale unanime et la condamnation de la majeure partie de la classe politique malienne.
«Position sans équivoque»
La junte, dirigée par le capitaine Amadou Sanogo, a appelé lundi soir les rebelles touareg qui progressent à «cesser les hostilités» et négocier. «Tout est négociable à l’exception de l’intégrité du territoire national et de l’unité de notre pays», a affirmé le capitaine Sanogo.
Cet appel intervient alors que les rebelles, qui contrôlent la plus grande partie du nord-est malien, menacent la garnison de Kidal, une des villes les plus importantes de la région encore sous contrôle gouvernemental.
Le Mali subit depuis la mi-janvier une vaste offensive de cette rébellion, comptant des hommes revenus de Libye lourdement armés après avoir combattu pour Mouammar Kadhafi, avec parfois le soutien de groupes islamistes armés, en particulier Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI).
Le chef de la junte s’est adressé également aux politiques: «j’exhorte la classe politique malienne à vite nous rejoindre, sans délai, pour tracer le chemin le plus court de retour à un ordre constitutionnel».
Cependant, des militaires ont empêché mardi des députés maliens d’entrer à l’Assemblée nationale, officiellement dissoute par la junte comme les autres institutions.
À l’ouverture à Abidjan du sommet extraordinaire de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CÉDÉAO), son président en exercice Alassane Ouattara, chef d’État ivoirien, a estimé que ce sommet devra prendre «d’importantes décisions» et adopter une position «sans équivoque sur la «double crise politique et militaire» au Mali.
«Nous devons également mettre en oeuvre des stratégies pour lutter contre les fléaux et les menaces qui fragilisent notre sous-région», a-t-il dit.
Deux représentants de la junte sont à Abidjan, à l’invitation de M. Ouattara.
Aujourd’hui, c’est «le blocage absurde» au Mali avec le reste de l’armée qui n’a pas suivi les mutins et les Touareg qui progressent dans leur conquête du terrain dans le nord, commente-t-on à Paris, en prédisant au final un accord donnant donnant pour que chacun sorte de la crise la tête haute.