Le président Mahmoud Ahmadinejad a demandé aux Occidentaux de «changer de langage» à l’égard de l’Iran s’ils veulent parvenir à une solution dans le dossier du nucléaire.
«Ils insultent constamment le peuple iranien et utilisent le langage de la force et de l’insulte. Mais je leur dis au nom du peuple iranien que cette méthode ne donnera pas de résultats. Il faut qu’ils changent de langage et parlent avec respect», a-t-il affirmé.
Dans le même temps, les médias iraniens ont annoncé que Téhéran avait décidé de stopper ses ventes de pétrole vers l’Allemagne, après en avoir fait de même avec plusieurs autres pays européens, en réponse aux sanctions de l’Union européenne liées à son programme nucléaire controversé.
«L’Iran a cessé ses exportations vers l’Allemagne, après une mesure identique concernant la France et la Grande-Bretagne», a rapporté la chaîne de télévision en arabe Al-Alam, qui a ajouté que Téhéran pourrait aussi prendre cette mesure envers l’Italie.
Mardi, Téhéran avait déjà annoncé avoir pris une telle décision concernant la Grèce et l’Espagne, mais un porte-parole du ministère espagnol des Affaires étrangères a précisé que Madrid n’importait plus «depuis fin février» de pétrole iranien.
Téhéran a également décidé de «sanctionner 100 entreprises européennes et d’interdire l’importation de leurs produits en réponse aux sanctions illégales et unilatérales de l’Union européenne», a affirmé Al-Alam mercredi.
Les pays de l’UE ont décidé le 24 janvier d’imposer un embargo pétrolier graduel sans précédent à l’Iran et de sanctionner sa Banque centrale afin d’assécher le financement de son programme nucléaire controversé.
La communauté internationale soupçonne l’Iran, malgré ses démentis, de dissimuler des visées militaires derrière son programme nucléaire civil. Téhéran a été condamné par six résolutions de l’ONU, dont quatre assorties de sanctions. Celles-ci ont été renforcées depuis 2010 par un embargo commercial, financier et pétrolier des États-Unis et de l’Europe.
Évoquant ces sanctions, le chef des négociateurs nucléaires iraniens, Saïd Jalili, a souligné que «le langage de la menace et de la pression n’a jamais donné de résultat et n’a fait que renforcer la détermination du peuple iranien».
Concernant les négociations, prévues samedi à Istanbul, il a déclaré que «la délégation iranienne aura de nouvelles initiatives».
Les États-Unis, l’un des interlocuteurs de l’Iran au sein du groupe des 5+1 réunissant également la Russie, la Chine, la France, la Grande-Bretagne et l’Allemagne, avaient appelé lundi Téhéran à prendre des «mesures concrètes» pour convaincre les grandes puissances qu’il n’avait pas l’intention de se doter de l’arme nucléaire.
Téhéran est «prêt pour des négociations réussies et pour plus de coopération» avec le groupe 5+1, a affirmé M. Jalili. «Nous espérons que l’autre partie aura une approche identique et constructive pour entrer dans les négociations», a-t-il ajouté.
Le même message a été envoyé par le Parlement, qui a demandé aux 5+1 d’«abandonner la politique de la confrontation».
Deux cent quatre députés (sur 290) ont aussi «affirmé leur opposition aux armes nucléaires», en se référant aux multiples déclarations du guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, condamnant ces armes comme contraires à l’islam.
L’Iran «ne cherche pas à avoir l’arme atomique, dont la possession est inutile, dangereuse et nuisible, et constitue un grand péché d’un point de vue intellectuel et religieux», avait déclaré le numéro un iranien le 22 février, tout en soulignant que Téhéran ne renoncerait pas à son programme nucléaire.
Le 1er avril, la secrétaire d’État américaine Hillary Clinton, en visite à Istanbul, avait salué les propos du guide suprême, tout en demandant que cette «profession de foi» se traduise «en plan d’action (…) pour rassurer la communauté internationale».