L’avion a atterri à Dakar jeudi vers 23H30 heure locale, M. Touré «est bien arrivé, nous l’avons accueilli et installé à la Résidence Pasteur» à Dakar, réservée aux hôtes de marque du Sénégal, a déclaré à l’AFP Abou Abel Thiam, porte-parole du président sénégalais Macky Sall.
«Il était serein, il était avec toute sa famille», forte «d’une quinzaine de personnes. C’est le ministre sénégalais des Affaires étrangères (Alioune Badara Cissé) qui est parti les chercher» à Bamako, a ajouté M. Thiam.
Il n’était pas immédiatement possible de savoir si Amadou Toumani Touré, surnommé ATT, allait demeurer au Sénégal ou y résider temporairement avant d’aller vers une autre destination.
Son départ de Bamako avait été annoncé plus tôt jeudi soir à l’AFP dans la capitale malienne par des sources militaire, diplomatique et aéroportuaire, selon lesquelles il a été confronté à des soldats mécontents de lui, qui voulaient s’opposer à son départ du Mali.
Il y a eu des tirs en l’air, ce qui a provoqué un mouvement de foule, mais aucun blessé n’a été signalé, a indiqué la source militaire. Selon elle, la famille Touré a avec elle des gardes du corps, et son départ du Mali «s’est fait avec l’accord du capitaine Amadou Haya Sanogo», chef des putschistes.
De sources officieuses, les putschistes étaient initialement opposés à la sortie du Mali d’Amadou Toumani Touré, contre lequel ils envisageaient «des poursuites judiciaires pour haute trahison et malversation financière».
Finalement, «le capitaine (Sanogo) a ordonné qu’on l’autorise à partir», a précisé la source militaire, sans plus de détails.
Le président sénégalais Macky Sall, en visite à Paris, avait affirmé mercredi que l’ex-président Touré se trouvait alors «sur le territoire de la résidence de l’ambassade du Sénégal à Bamako».
Plusieurs sources concordantes au Mali avaient indiqué à l’AFP qu’ATT devait se rendre très prochainement à Dakar, sans fournir de date.
Amadou Toumani Touré a été renversé le 22 mars, à cinq semaines de la présidentielle, par des militaires qui l’accusaient d’incurie dans la gestion de la crise en cours depuis mi-janvier dans le nord du Mali. Cette vaste région, en majorité désertique, qui représente la moitié du pays, est tombée entre fin mars et début avril sous le contrôle de rebelles touaregs appuyés par divers mouvements armés, dont des islamistes.
Le départ d’ATT de Bamako a quasiment coïncidé avec la libération de responsables civils et militaires -22 au total- qui avaient été arrêtés en début de semaine, et que la gendarmerie affirme toujours sous le coup d’enquêtes et susceptibles de poursuites.
La plupart d’entre eux ont été ou sont considérées comme ses proches, dont l’ex-Premier ministre Modibo Sidibé et l’ex-ministre et ex-dirigeant Soumaïla Cissé.