Son investiture pour le Parti républicain ne fait plus de doute. Après le retrait de son principal rival Rick Santorum le 10 avril, et celui très probable de Newt Gingrich – l’un de ses deux derniers challengers – annoncé pour ce mardi par les médias américains, Mitt Romney deviendra le prochain adversaire de Barack Obama lors de la présidentielle américaine en novembre prochain. Après ses cinq nouvelles victoires la semaine dernière, l’ancien gouverneur du Massachusetts a désormais rassemblé, selon les comptes de CNN, 841 délégués sur les 1.144 nécessaires pour être adoubé par le « Vieux parti » lors d’une convention en août prochain.
Mais avant d’affronter le président américain, Mitt Romney doit faire un choix décisif : qui sera le républicain qui complètera son ticket, devenant ainsi en cas de victoire le futur vice-président des Etats-Unis? Une telle décision pourrait permettre au Mormon multimillionnaire de capter un électorat différent du sien. Stuart Haugen, ancien président des Républicains en France, passe en revue pour leJDD.fr les principaux prétendants à cette fonction.
Marco Rubio, le favori
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Son nom est le plus évoqué pour le « job ». Et pour cause, le sénateur de Floride, nouveau visage du courant ultra-conservateur du Tea party, s’est affiché la semaine dernière au côté de Mitt Romney, lors d’un déplacement en Pennsylvanie. « J’ai hâte de faire partie de cet effort, et d’aider de toutes les façons que je peux », a-t-il déclaré. Pourtant, le mois dernier, ce catholique de 40 ans affirmait qu’il ne voulait pas être colistier. « On sent qu’il ne ferme pas totalement la porte. Dans la culture politique américaine, mieux vaut ne pas clairement affiché ses ambitions pour un tel rôle », explique Stuart Haugen.
Marco Rubio présente un double avantage : cet enfant d’immigrés cubains est influent auprès de la communauté hispanique des Etats-Unis, qui représente environ 15% de la population américaine et favorable à Barack Obama en 2008. De plus, la Floride dont il est élu est un Etat clé des élections présidentielles. « Les sondages actuels donnent Romney légèrement favori dans cet Etat », note l’ex-président des Républicains en France, qui s’interroge pourtant : « Doit-il y assoir sa victoire ou miser sur un autre territoire? ». Autre désavantage aux yeux du spécialiste : « Il est jeune, peut-être trop jeune ».
Rob Portman et Paul Ryan, les économistes
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« Si je pariais aujourd’hui sur le nom du colistier, ce serait lui », avance Stuart Haugen. Réputé modéré, Rob Portman, 56 ans, présente plusieurs qualités : il est spécialiste des questions budgétaires et a une grande expérience en la matière. Rob Portman a notamment été président du « Bureau de la gestion et du budget » sous la présidence de George W. Bush. « Il est aussi sénateur de l’Ohio, un Etat extrêmement important lors de la présidentielle américaine », ajoute Stuart Haugen. Seul défaut : « Il n’est pas très connu, et donc pas très populaire », poursuit-il. Un point faible pour attirer de nouveaux électeurs.
De son côté, Paul Ryan est président de la House Budget Committee au Congrès américain (équivalent de la commission des finances à l’Assemblée nationale, Ndlr) et fervent opposant au Obamacare, le plan de réforme de l’assurance-maladie de Barack Obama. Il est également un élu du Wisconsin, un Etat du nord qui vote régulièrement démocrate lors des présidentielles. Pourtant, selon Stuart Haugen, « il semble pour Romney plus important là où il est actuellement », c’est-à-dire à un poste clé du Congrès. « Si les républicains perdent la présidentielle, ils auraient intérêt à ce que Paul Ryan reste à cette place, une fonction importante pour l’opposition. »
Chris Christie et Jeb Bush, les populaires
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Gouverneur du New Jersey, Chris Christie a été un temps pressenti pour se présenter à l’investiture républicaine, avant d’y renoncer. « Il est très populaire. Mais s’il ne s’est pas présenté en 2012, c’est aussi probablement pour des ambitions personnelles futures », analyse Stuart Haugen. Serait-il donc prêt à accepter la proposition d’être sur le ticket de Mitt Romney? Un récent sondage indique en tout cas qu’il est le préféré des Américains pour ce poste, devant Marco Rubio.
Egalement très populaire, le frère de George W.Bush n’a appelé à soutenir Mitt Romney qu’il y a un mois seulement. « Il pourrait également bien travailler avec lui », commente le spécialiste du Parti républicain. « Et avec lui, la Floride est très probablement acquise », précise-t-il. Jeb Bush est en effet l’ancien gouverneur de cet Etat. « Mais est-il vraiment fait pour être numéro deux? C’est une personnalité affirmée, peut-être trop individualiste pour un tel poste », continue-t-il.
Rick Santorum et Newt Gingrich, les anciens rivaux
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Très virulents contre Mitt Romney durant l’investiture républicaine, ces conservateurs pourraient-ils gouverner avec leur ancien adversaire? « La seule raison de les choisir serait pour convaincre l’électorat conservateur », analyse Stuart Haugen. « Mais si les conservateurs en ont assez d’Obama, ils n’ont que Romney. Faut-il donc les convaincre en particulier? Je ne crois pas », explique-t-il. Il voit néanmoins en Newt Gingrich, ancien président de la Chambre des représentants, « un parfait connaisseur des affaires de Washington ». Rick Santorum, en revanche, aura selon lui « des ambitions pour 2016 car, même s’ils ne le disent pas, beaucoup de dirigeants pensent que le candidat républicain ne gagnera pas cette année ».
Susana Martinez et Nikki Haley, la touche féminine
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La gouverneure du Nouveau Mexique, autre Etat clé de la présidentielle américaine, est l’étoile montante du Parti républicain. « Elle est présentée comme la Sarah Palin hispanique », relève Stuart Haugen, qui voit le choix d’une femme comme un atout pour son camp. Pour autant, « elle n’est pas très expérimentée et refuse d’aller à Washington car elle est responsable légale de sa sœur, handicapée mentale ». La gouverneure de Caroline du Sud, Nikki Haley, présente selon lui un profil identique à Susana Martinez : personne « séduisante » mais « inexpérimentée ». « Romney va vouloir éviter le syndrome Sarah Palin, qui a été un choix désespéré en 2008 et une prise de risque énorme », affirme-t-il.
Condoleeza Rice et David Petreaus, l’expérience étrangère
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Ancienne secrétaire d’Etat de George W.Bush (responsable des Affaires étrangères du pays, Ndlr), Condoleeza Rice « a toutes les qualités » pour le spécialiste : « C’est une femme, noire, compétente qui bénéficie d’une grande expérience dans les Affaires étrangères. » Seul problème : elle ne se dit clairement pas intéressée pour être sur le fameux ticket. Le nom de David Petreaus est également avancé par certains commentateurs. Ce républicain de 59 ans n’est autre que l’actuel directeur de la CIA. C’est également l’ancien général de l’armée américaine, « grand héros des guerres d »Irak et d’Afghanistan », selon Stuart Haugen, qui explique : « Il est très reconnu et pourrait empêcher les démocrates d’attaquer Mitt Romney sur les questions de politique étrangère ».