La marche s’est déroulée sans incident, avec un dispositif policier des plus réduits, bien que les organisateurs n’aient pas demandé d’autorisation aux autorités, considérant qu’il s’agissait d’une «promenade de citoyens» et non pas d’une manifestation.
La tolérance de la police, qui a même fermé temporairement la circulation dans quelques rues pour laisser passer la marche, tranche considérablement avec la répression violente de plusieurs manifestations ou rassemblements au cours de la semaine écoulée, suivie de centaines d’interpellations.
«C’est agréable de voir à quel point les Russes aiment lire et tiennent compte de ce que disent leurs écrivains», a déclaré le poète Dmitri Bykov, l’un des organisateurs de la marche, en se félicitant du nombre de participants.
La police de Moscou a estimé à 2000 le nombre de participants à cette marche au cours de laquelle personne n’a scandé de slogans ou brandi de pancartes.
Plusieurs écrivains et musiciens comme Viktor Chenderovitch et Andreï Makarevitch se sont joints à la foule de Moscovites qui s’était formée près de la statue d’Alexandre Pouchkine pour le premier rassemblement d’une telle importance depuis que Vladimir Poutine a été investi pour la troisième fois, lundi, dans les fonctions de chef de l’État.
Boris Akounine, dont les romans policiers ont été traduits dans de nombreuses langues étrangères, avait appelé cette semaine sur son blogue à une manifestation originale contre Vladimir Poutine, sous forme de promenade entre les monuments érigés à la mémoire de deux grands noms de la littérature russe, Alexandre Pouchkine et Alexandre Griboïedov.
«Le but de notre opération est de comprendre s’il est possible pour les Moscovites de se promener librement dans leur ville ou s’il est nécessaire d’avoir pour cela une autorisation spéciale», précisait avec ironie Boris Akounine.
Après une marche d’un peu plus de deux kilomètres, le cortège a rejoint le monument à Griboïedov, qui se trouve dans le parc de Tchistyé Proudy (Les Etangs Propres) où plusieurs centaines de contestataires ont établi un campement sauvage depuis près d’une semaine.
Là aussi, la présence policière était quasi-invisible et les opposants ont poursuivi leur rassemblement par des chansons et des discussions avec les écrivains présents.
Un député du parti au pouvoir Russie unie, Vladimir Bourmatov, cité par l’agence Interfax, a dénoncé la marche organisée par les écrivains et appelé la police à prendre des mesures «plus sévères et plus décisives» contre les manifestations de l’opposition.
De son côté, l’ancien porte-parole de Vladimir Poutine, Dmitri Peskov a indiqué vendredi soir dans une interview que le campement sauvage des opposants allait être bientôt liquidé par la police.
Depuis les législatives de décembre, remportées par le parti au pouvoir et considérées comme entachées de fraudes par l’opposition, Vladimir Poutine fait face à un mouvement de contestation sans précédent.