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Poutine, comme un « empereur byzantin » au Proche-Orient

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Vladimir Poutine et Mahmoud Abbas à l'inauguration du centre culturel russe de Bethléem.
Vladimir Poutine et Mahmoud Abbas à l’inauguration du centre culturel russe de Bethléem.


Contrairement à ses homologues occidentaux, Vladimir Poutine n’a pas besoin de caresser Israël dans le sens du poil, estime un éditorialiste du quotidien populaire Komsomolskaïa Pravda. Lors de sa tournée en Terre sainte, il a « douché » les illusions d’Israël d’un soutien russe à une action militaire contre l’Iran.

par Israël Shamir | Komsomolskaïa Pravda
Il est rare qu’Israéliens et Palestiniens tombent d’accord, mais le passage du président russe a été apprécié par eux avec une unanimité qu’on ne relève pas souvent lors de ce genre de visite-éclair [les 25-26 juin ; Israël compte environ un million d’émigrés russes ; officiellement, il s’agissait d’inaugurer un monument à la mémoire des soldats de l’Armée rouge tombés contre l’Allemagne nazie, et un centre culturel russe à Bethléem, mais la délégation comptait de nombreux responsables du secteur pétrolier et gazier venus parler affaires]. Peu de rois ont eu droit aux honneurs réservés à Poutine par la Terre sainte, qui a pourtant vu défiler tant de monde. Le grand quotidien Ha’aretz a comparé cette visite à celle d’un empereur byzantin. Souvenons-nous que la Palestine a autrefois fait partie de l’Empire byzantin, et certains feux de sa magnificence brillent encore à Jérusalem et Bethléem.
La place de la Russie dans le monde aura connu des bouleversements étourdissants ces dernières années ! Durant la décennie 1990, les timides tentatives de notre pays pour faire entendre une voix indépendante au sujet du Proche-Orient ne suscitaient que railleries et mépris chez les dirigeants israéliens. Je me souviens ainsi d’une réaction de Shimon Pérès, l’actuel président, qui était alors Premier ministre, ou simplement ministre. En direct, il avait répondu avec dédain aux propositions de Moscou : « Pour qui se prennent-ils, à Moscou ? Leur a-t-on demandé quelque chose ? Qui cela intéresse, ce qu’ils pensent ? » Le temps a passé, et aujourd’hui, ce même Shimon Pérès est tout heureux d’emboîter le pas du président russe, de courir à se côtés. Pour un peu, il lui embrasserait les bottes, tout en plaidant pour que la Syrie et l’Iran soient mis sur le même plan.
Poutine messager et ambassadeur de la paix
C’est de la Russie que dépend le rapport de force au Proche-Orient. Cette affirmation a été tout à la fois celle des Israéliens et des Palestiniens, même s’ils avaient en tête des visions opposées. Comme un riche fiancé qui courtise deux rivales, Poutine s’est montré réservé, il a préservé un équilibre, s’est prononcé avec mesure mais sans froideur. Il a appelé les Israéliens à faire la paix avec les Palestiniens, et s’est même chargé d’un message de Nétanyahou destiné à Mahmoud Abbas, contenant une proposition de rencontre et de reprise des pourparlers. Cela n’a toutefois pas enthousiasmé les Palestiniens, pour qui négocier avec Israël ne sert quasiment à rien. Comme le disait le diable chez Pouchkine, « nous ne jouons pas pour l’argent, mais pour passer l’éternité ».

 

Comme nous l’avions prévu, les responsables israéliens voulaient obtenir l’adhésion de la Russie à un bombardement de l’Iran, mais leurs allusions à une éventuelle attaque ont été douchées. « Ne vous lancez pas dans une aventure que vous regretteriez par la suite« , a déclaré Poutine, précisant : « N’oubliez pas l’Irak et l’Afghanistan. Ces guerres n’ont débouché sur rien de bon« . Concernant la Syrie, il a répété que même si la Russie n’était pas là pour défendre Bachar El-Assad, il existait des liens stratégiques entre Moscou et Damas. La Russie ne lâcherait donc pas la Syrie. Et il a ajouté : « D’ailleurs, cela ne vous avancerait à rien, car on ne sait pas qui prendrait alors le pouvoir à Damas ».
A la Basilique du Saint-Sépulcre, Poutine a été reçu comme un chef d’Etat orthodoxe. Le patriarche est venu à sa rencontre, au son de chants religieux. A la nuit tombée, il s’est rendu au Mur des lamentations, soulignant une fois de plus que la Russie désirait la paix et une existence sereine pour les Juifs israéliens. Contrairement à la plupart des hommes politiques des Etats-Unis ou d’Europe de l’ouest, il n’a nul besoin de caresser Israël dans le sens du poil par souci des réactions du lobby juif de son pays. Il a donc conservé un ton amical, mais sans obséquiosité. Pour les journaux israéliens, ce fut « la visite d’un ambassadeur de la paix ». A Bethléem, l’une des plus belles rues de la ville de la Nativité porte désormais son nom. Dans leur journal de bord, Poutine et Lavrov [le ministre russe des Affaires étrangères] pourraient parfaitement écrire « nous sommes rentrés à la maison fatigués, mais satisfaits« . (Traduit du russe)

 

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