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Pour le vaticaniste Andrea Tornielli, fervent catholique et blogueur à La Stampa, le Pape Benoît XVI est clairement victime d’un complot. Et l’appel à sa démission, nul et non avenu.
par Andrea Tornielli | La Stampa
L’affaire de la « taupe », ou plutôt des « taupes » du Vatican recèle encore de trop nombreux points sombres. Dans les premières pages de son livre, Gianluigi Nuzzi [journaliste, auteur de Sua Santità – le carte segret di Benoït XVI, Sa Sainteté – dossiers secrets de Benoît XVI, sorti le 26 mai dernier] dévoile les motivations qui ont poussé la source « Maria » [surnom donné à la taupe du Vatican] à faire sortir de la cité papale une masse aussi considérable de papiers, de mémoires, de notes et de documents. Les pickpockets invoquent la « transparence » pour combattre les dérives internes, « aider le Pape » et aboutir à la destitution du son Secrétaire d’État [le cardinale Tarcisio Bertone]. Les intéressés revendiquent même un esprit évangélique.
Difficile de croire que quatre pieds nickelés ont pu seuls se convaincre de vider les archives auxquelles ils avaient accès : quelque éminence grise a dû tirer les ficelles des Vatileaks [les révélations sur le Vatican]. En commençant par décider du contenu et des destinataires des fuites.
Moralisateurs autoproclamés
J’ai du mal à imaginer que les « taupes » puissent vraiment croire avoir agi dans l’intérêt du Pape, pour faire le ménage. Je me suis toujours méfié des moralisateurs autoproclamés, ne serait-ce que parce que l’histoire nous enseigne qu’ils sont vite supplantés par d’autres, prêts à « moraliser » les moralisateurs. J’ai du mal, en outre, à croire que les acteurs encore tapis dans l’ombre n’aient pas mesuré les conséquences de leurs actions.
Nul besoin d’être historien de l’Église ou chroniqueur averti et expérimenté (je ne suis ni l’un ni l’autre) pour comprendre combien la publication des Vatileaks pouvait être désastreuse pour l’Église et pour le Pape. Le Vatican transformé en passoire, le haut magistère de Benoît XVI – déjà victime de raccourcis réducteurs qui le confinent à droite – réduit au silence, la correspondance concernant les questions internes (comme la note du Pape à l’adresse du cardinal Giovanni Battista Re sur les réponses à apporter à un évêque australien depuis lors relevé de ses fonctions) violée, indifféremment des épisodes de corruption, d’argent ou de malversations.
Bref, il suffit d’un brin de causette avec les fidèles d’une paroisse pour mesurer l’étendue des dégâts. Hier, j’ai pu m’extirper de ce bourbier pendant quelques heures, le temps de la première confession de mon fils cadet. Au cours du déjeuner en commun des familles, à la paroisse, différentes personnes m’ont approché, incrédules et affligées par les nouvelles des derniers jours. Je peux vous assurer que seul le chagrin se mêlait à une vraie douleur, nul n’a exprimé de soulagement : « Bon, finalement, c’est l’occasion de faire le ménage et d’arrêter la gangrène ! ».
Un signal fort
En attendant que les responsabilités du majordome interpellé [Paolo Gabriele] soient établies et que la nature et l’importance des papiers qu’il conservait illicitement chez lui au péril de sa famille soient divulguées, espérons que d’autres familles viennent occuper le devant de la scène en cette nouvelle semaine. Celles qui se rassemblent à Milan pour la rencontre mondiale dont le Pape viendra présider la clôture dimanche prochain.
Le 27 mai, le journaliste Giuliano Ferrara dans les colonnes du Giornale a réitéré ses voeux de démission du Pape, pour donner un signal fort à l’Église. Une secousse, qui lui permette d’organiser la succession. J’avais déjà manifesté ces derniers mois toute ma perplexité à l’égard de cette proposition. J’ai seulement envie aujourd’hui d’ajouter que Benoît XVI est bien la dernière personne qui doive démissionner au Vatican en ce moment. (Traduit de l’Italien)