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Le coin de l’histoire,par Charles Dupuy : Louis Eugene Roy,President d’Haiti

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Louis Eugene Roy,27eme President d’Haiti(15 Mai 1930-18 Novembre 1930)

Élu président de la République le 21 avril 1930 par le Conseil d’État  afin d’organiser les élections législatives et présidentielles, Louis Eugène Roy était une figure connue et respectée dans les milieux d’affaires, un homme au caractère discret, compatissant et doux. Le nouveau président faisait l’admiration de la bourgeoisie nationaliste des quartiers chics, mais aussi celle assez inattendue des classes populaires de la capitale. Le 15 mai 1930, Louis Eugène Roy prenait possession de sa charge. Massé devant la cathédrale, ivre de joie et de passion, le peuple de Port-au-Prince voulait fêter le nouvel élu, le nouveau président, le héros du jour. Âgé de 69 ans, Roy n’est pas un politicien, c’est plutôt un pharmacien qui a fait ses études supérieures en France, à Montpellier, un homme d’affaires qui avait toujours gagné sa vie comme courtier et d’agent de change à la Bourse de Port-au-Prince.

         C’est un griffe aux traits fins, un beau monsieur, svelte, mince, à l’allure empreinte de dignité qui, avec son éternel nœud papillon et son complet blanc, affiche sa dignité de vie, sa modération, sa simplicité, sa bonhomie, son assurance naturelle et son austère raffinement. Porteur d’espoir et de paix à un moment difficile de l’histoire nationale, il est partout reconnu comme un honnête homme, un homme  de rigueur, de bon sens et de parole.   

         Rarement un événement politique aura suscité un intérêt aussi puissant auprès du public que l’avènement de Louis Eugène Roy à la présidence. L’enthousiasme qu’il a créé autour de sa personne et de ses ministres, Rodolphe Barrau, Frédéric Bernardin, Ernest Douyon, Franck Roy et Damoclès Vieux, est en grande partie fondé sur le fait qu’il n’entend demeurer aux affaires que le temps d’organiser les élections législatives et présidentielles. Tout annonçait la fin de l’Occupation, mais Roy ne veut surtout pas, en ces temps si fertiles en calamités, précipiter le renversement des vieilles règles institutionnelles où brusquer leur effondrement. Notons que pendant que le nouveau président allait prendre ses bains de foule dans les quartiers populaires, il ordonnait la réouverture du Cercle Bellevue, le club de la haute bourgeoisie de Port-au-Prince, fermé manu militari par les officiels du Traité parce que les membres en avait formellement refusé l’entrée aux officiers américains dans leurs salons. Cette décision allait réjouir l’opinion qui la regardera comme un geste opportun et marquant de manière significative le retour de l’indépendance des autorités haïtiennes.

         À la grande déception de l’opposition estomaquée, Roy ne révoque pas le Conseil d’État. On doit rappeler ici que le président est un modéré, un indépendant qui a pris le temps de la réflexion afin de bien mesurer les enjeux. Nourri de sentiments nobles et généreux, très imbu des exigences de sa mission, Roy préfère demeurer dans le strict respect des procédures constitutionnelles et des principes établis. Il refusera ainsi de céder aux plus alléchantes propositions politiques des sirènes qui voulaient qu’il gardât le pouvoir pour encore un an ou deux. La fragilité même des instruments démocratiques forçait cet intuitif à procéder à leur tranquille, sereine et paisible refonte.   

         En attendant, le président Roy expédie les affaires courantes. Le 15 septembre 1930 il procède à l’inauguration solennelle de l’École militaire. Il reçoit une commission américaine présidée par un éducateur noir, M. Robert R. Molton, venue enquêter sur la situation de l’instruction publique en Haïti. Il organise les secours destinés à la ville de Santo Domingo récemment dévastée par un cyclone et puis enfin réduit l’impôt sur l’alcool de deux tiers. En effet, c’est la Loi sur le tabac et l’alcool qui se révélait le plus brûlant des dossiers du moment, surtout après que le drame de Marchaterre eut mis en évidence l’importance des enjeux sociaux trop souvent oubliés des campagnes haïtiennes. Mais Roy n’a qu’une seule grande priorité: la paisible transition de régime. Aussi fait-il voter la Loi électorale par le Conseil d’État et fixe les élections au 14 octobre 1930.

         Selon cette loi, les membres des commissions électorales sont désignés par tirage au sort parmi les représentants des candidats. Ces citoyens indépendants seront rétribués par l’État et n’auront aucun compte à rendre au gouvernement. Ces règles sont claires, honnêtes et satisfont les candidats et les partis. Les élections législatives de 1930 compteront ainsi parmi les plus libres et les plus démocratiques qui se fussent jamais tenues en Haïti. Nul ne pouvait espérer remporter son siège avec le concours du pouvoir, la réussite aux urnes des compétiteurs dépendant de leur popularité personnelle et de l’efficacité de leur organisation politique (*). Portés par la vague nationaliste, ces élections législatives devaient faire entrer dans les Chambres haute et basse nombre de politiciens issus des ligues patriotiques. Ils s’appelaient Descartes Albert, Jean Bélizaire, Jean-Baptiste Cinéas, Charles Fombrun, Dumarsais Estimé, Price Mars, Louis Saint-Surin Zéphirin, Etzer Vilaire, Horace Bellerive, Edgar Pierre-Louis (un neveu de Firmin), Edgar Néré Numa, Joseph Jolibois fils, etc. Ils allaient pour la plupart conduire une carrière parlementaire qui durera un peu plus de vingt ans. 

         Le jour même de l’élection de Vincent, sa mission accomplie, Louis Eugène Roy remettait sa démission, quittait le Palais national et, avec sa femme Octavie Rigaud, alla s’installer sans regrets dans une tranquille retraite à Pétionville. Au même moment, devant le Palais législatif, Sténio Vincent recevait les honneurs militaires et débutait sa présidence. Louis Eugène Roy est mort paisiblement à Port-au-Prince, le 27 octobre 1939. Il eut droit à des funérailles nationales.

(*) Dans son ouvrage, La gloire de mon grand-père, Gisèle Lebon soutient très exactement le contraire. Elle cite en preuve le télégramme du ministère de l’Intérieur que reçut le préfet du Cap de l’époque, M. Joseph Raphaël Noël, (le père de Fédé Noël) lui ordonnant de faire échouer Me Jérôme Adhémar Auguste au profit du Dr Price Mars. C.D. coindelhistoire@gmail.com

Depuis sa sortie, mon dernier livre, Une histoire populaire d’Haïti, (650 pages et beaucoup de photos)connaît un succès tout à fait inattendu. Les lecteurs qui veulent acheter leur exemplaire peuvent appeler au (514) 862-7185.

Avec sa plume brillante, élégante et précise, Charles Dupuy nous offre ici une étude analytique fouillée, rigoureuse et solidement documentée de l’histoire d’Haïti.

       Affranchi de tous les interdits, cet ouvrage décrit la réalité quotidienne du citoyen haïtien ordinaire et fournit toutes les clefs pour comprendre les dessous des grands événements historiques qui ont ponctué la vie nationale. De l’arrivée des Européens sur la terre de Quisqueya aux heures glorieuses de l’indépendance, ce livre raconte, examine et puis surtout explique les épisodes les plus saillants qui ont fait la gloire impérissable d’Haïti comme ceux qui ont entraîné sa disgrâce et sa lente déchéance. Écrit dans un style clair et limpide, il s’agit ici d’un livre captivant, passionnant, instructif, un livre tout plein d’espoir et d’optimisme, et pour tout dire, un livre indispensable à l’honnête homme.        

        Réputé pour son souffle narratif, sa finesse d’analyse et sa rigueur, Charles Dupuy, dont la série Le Coin de l’histoire a été plébiscité par la critique et le grand public, nous donne enfin ce livre d’Histoire structuré, substantiel, convaincant et surtout agréable à lire que lui réclamaient les amateurs et passionnés de notre passé de peuple.

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