« Pour se débarrasser de l’Obamacare, il faut se débarrasser d’Obama. » Ainsi s’exprimait jeudi Mitt Romney, le challenger républicain du président démocrate, dans la foulée du verdict de la Cour Supreme validant la reforme de l’assurance-santé portée à bout de bras par Barack Obama depuis trois ans. Faute de pouvoir gagner avec les juges, gagnons donc dans les urnes! Avec ce nouveau mot d’ordre, le candidat conservateur s’est immédiatement assuré le soutien des radicaux du Tea Party. Né dans la contestation de la réforme d’Obama, ce mouvement devait d’ailleurs organiser ce week-end un grand rassemblement dans l’Ohio, l’un des états clés de l’élection présidentielle de novembre. Comme l’indique Dean Clancy, un des conseillers du Tea Party, « les militants vont tout faire pour élire un président et un nouveau Congrès qui abrogeront la loi sur l’assurance-santé ».
Le président en tête dans les sondages
Barack Obama risque-t-il donc de perdre l’automne prochain du fait de la mobilisation des électeurs de la droite américaine? Rien n’est moins sûr. Les sondages réalisés à travers tout le pays, à la veille de l’arrêt de la Cour suprême, indiquent que si l’on devait voter demain, le président serait réélu. De justesse selon certaines enquêtes, mais plutôt confortablement selon d’autres. Le plus significatif est que, dans les fameux
swing states, ces États qui passent de droite à gauche et vice versa d’une élection à l’autre et amplifient d’autant le résultat final, Obama est encore plus fort qu’il y a quelques semaines. C’est le cas dans l’Ohio où les trois derniers sondages de juin lui donnent entre 2,5 et 9 points d’avance. Mais aussi en Floride, où il domine Romney de 2 à 4 points.
Des supporters d' »Obamacare » célèbrent jeudi le feu vert de la Cour suprême. (Photo: Reuters)
Pourtant, selon l’expert électoral Ron Brownstein du National Journal, « cette élection demeure sur le fil du rasoir ». D’abord parce que la Cour suprême ne change rien à la situation économique et au chômage qui serviront de motivations premières aux électeurs en novembre. Or, si près de 4 millions d’emplois ont été créés depuis l’arrivée d’Obama à la Maison-Blanche, il restait, le mois dernier, plus de 12 millions d’Américains sans emploi, soit 8,2% de la population active. Aucun président, sauf Ronald Reagan, n’a été réélu avec un taux de chômage supérieur à 7%. À l’inverse, rien ne permet de dire que Mitt Romney bénéficiera de ces mauvais chiffres ou de l’appui du Tea Party qui faisait campagne contre lui au début des primaires. Non seulement, sa popularité reste faible chez les électeurs indécis mais une fin de campagne trop à droite le priverait du vote des « indépendants », ces Américains de droite comme de gauche qui ne se retrouvent pas dans les deux grands partis du pays. La présidentielle aux États-Unis se joue État par État. À ce stade, Obama dispose « sur le papier » de 40 grands électeurs de plus que Romney sur les 136 qui restent en balance dans les swing states. Autant dire qu’à quatre mois du vote, Romney a encore du chemin à faire.