Signe des temps, en obtenant sa médaille d’or à Londres, la judoka cubaine Idalys Ortiz a remercié sa famille, ses amis, ses entraîneurs et «mon président Raul Castro et son frère Fidel», reléguant le «Lider Maximo» au simple rang de frère de celui qui lui a succédé en 2006 après avoir passé toute sa vie dans son ombre.
Les dernières apparitions publiques de Fidel Castro datent du printemps dernier. Il avait alors notamment rencontré le pape Benoît XVI, de passage à Cuba fin mars et s’étaient entretenu avec lui durant une trentaine de minutes des rites liturgiques de l’Église catholique.
Fidel Castro a également pris du recul dans ses publications. Ses longues «réflexions» -398 à ce jour- régulièrement publiées dans la presse officielle et lues in extenso dans les médias audiovisuels, se sont converties depuis quelques mois en de courts articles de quelques lignes consacrés à des sujets qui laissent parfois perplexes les plus loyaux partisans du père de la Révolution cubaine.
Des grands sujets internationaux, de l’environnement écologique mondial ou des menaces de guerre nucléaire qu’ils commentaient régulièrement, Fidel Castro est passé à promouvoir la culture de la moringa, un arbuste tropical riche en protéines, ou à vanter les mérites de la science face à la religion. La dernière de ses «réflexions» a été publiée le 19 juin.
Officiellement, rien n’est prévu pour célébrer le 86e anniversaire du «commandant en chef», celui qui a dirigé dans ses moindres détails la vie des Cubains depuis son arrivée au pouvoir en janvier 1959 jusqu’à ses graves problèmes de santé en juillet 2006.
Seules quelques organisations de jeunesse ont prévu de célébrer le 13 août l’anniversaire de… René Gonzalez, un des cinq agents des services secrets cubains emprisonnés aux États-Unis et considérés à Cuba comme des «héros de la lutte anti-terroriste».
Les Cubains, qui s’affirment volontiers «fidélistes» même quand ils dénoncent les travers du régime communiste, savent que le père de la Révolution cubaine passe son temps retiré dans sa propriété de l’ouest de La Havane, écrivant ses mémoires et recevant à l’occasion quelques responsables politiques étrangers.
Ricardo Alarcon, président de l’Assemblée nationale et un des plus hauts responsables politiques cubains, affirmait en mars que Fidel Castro était «systématiquement» consulté sur les grands sujets «d’importance stratégique».
Laissant ainsi penser aux Cubains que Fidel, même depuis sa retraite discrète, constitue toujours un frein à la volonté de réforme de son frère Raul qui n’a de cesse d’appeler à un «changement de mentalité» pour promouvoir l’«actualisation» du modèle économique cubain qu’il a lancée en 2011.