À 44 ans, Cory Booker est connu d’un bout à l’autre des États-Unis. Élu en 2006 maire démocrate de Newark, la plus grande ville du New Jersey, à 16 km de New York, le démocrate a secoué la politique locale en éjectant le maire sortant, qui a depuis fait de la prison pour corruption.(Beaucoup pensent qu’il sera un jour le président des Etats-Unis,NDLR)
Le bilan de ses sept années à la mairie est mitigé. Avec quantité de nouveaux projets immobiliers au centre-ville, il a initié le changement d’image de Newark, dont il a revivifié le centre et équilibré le budget.
«Il est le premier maire de Newark depuis très longtemps à quitter la mairie sans orage», explique à l’AFP David Redlawsk, de l’Université de Rutgers. «Le fait qu’il ait installé une administration honnête dans la ville est vraiment à mettre à son actif».
Mais la lutte contre la criminalité reste un point noir. Une partie des effectifs de police a été licenciée à cause de la récession, et avec 96 homicides en 2012, selon le FBI, les rues de Newark restent quasiment aussi dangereuses qu’au début de son mandat (105 homicides en 2006, pour une population stable d’environ 280 000 habitants).
Accro de Twitter
Son style de communication déclenche des réactions épidermiques. «Cory» tweete beaucoup : environ 32 000 messages, la plupart adressés aux habitants qui lui écrivent directement sur son compte @CoryBooker.
Le maire, qui a longtemps choisi d’habiter dans un HLM ( un project en anglais,NDLR) délabré de Newark, met les mains dans le cambouis et le fait savoir.
«Je viens de faire repartir une voiture sur Springfield Avenue et je n’ai pas respecté la règle cardinale : « Soulève avec tes genoux! » Je crois que j’y ai laissé une partie de mon dos», écrit-il un jour, après une énième intervention de déneigement.
Sur Twitter, Barack Obama (38,6 millions d’abonnés) et le sénateur John McCain, ancien candidat à la présidentielle (1,8 million), sont les seuls élus américains à le dépasser en nombre d’abonnés (1,4 million).
Mais ses adversaires critiquent un maire qui passe trop de temps hors de la ville et sur les plateaux de télévision.
«Ça ne colle pas avec le type qui se précipite au milieu de la nuit pour sauver un chien. Ça ne colle pas avec le gars qui va vraiment parler aux gens pour leur demander de baisser le son quand il y a une plainte pour tapage nocturne», se défendait Cory Booker récemment, dans une interview au journal local Star-Ledger.
Trajectoire nationale
Barack Obama a enregistré une vidéo de soutien pour Cory Booker peu avant son élection au Sénat dans le New Jersey le 17 octobre. Il est le premier Noir à y être élu depuis Obama en 2004 (d’autres ont siégé depuis, mais ils ont été nommés pour assurer l’intérim de sénateurs démissionnaires).
Les deux hommes ont beaucoup en commun, souligne Andra Gillespie, auteur d’un livre sur la nouvelle génération d’hommes politiques noirs, centré sur Cory Booker (The New Black Politician) : ils ont grandi dans des familles de la classe moyenne, dans des milieux blancs, et ont fait des études prestigieuses avant de retourner dans des quartiers difficiles.
«C’est très naturel pour eux de transcender les questions de race», dit la chercheuse.
Autre point commun : le sentiment ressentit très tôt que Cory Booker était appelé à exercer son talent hors de Newark.
«Les gens parlaient d’une trajectoire nationale pour Cory Booker avant même qu’il ne devienne maire de Newark», rappelle Andra Gillespie.
L’intéressé a toutefois juré qu’il ne serait pas candidat à la présidentielle de 2016. «Absolument, sans équivoque», a-t-il juré au quotidien Politico en août.
Mais qu’en est-il de 2020 ou 2024?
«Cory Booker deviendra une figure nationale, qu’il le veuille ou non. Il est trop intéressant, jeune, il a de l’avenir et il a déjà une base», prédit David Redlawsk.