L’écrivain canadien, né en Haïti, Dany Laferrière, élu jeudi à l’Académie française
L’écrivain québécois né en Haïti Dany Laferrière a été élu jeudi à l’Académie française, devenant le premier Canadien à entrer dans cette institution fondée par Richelieu en 1635 et qui est chargée de veiller au respect de la langue française.
Le nouvel «immortel», 60 ans, a été élu au fauteuil 2 au premier tour, obtenant 13 voix sur 23, a précisé l’Académie, dont les statuts n’imposent aucune condition de titre ni de nationalité. Il occupe le fauteuil de l’auteur d’origine argentine Hector Bianciotti, mort en juin 2012.
«Ce siège, c’est celui d’Alexandre Dumas fils. Il vient de Jérémie dans le sud d’Haïti. Donc, je trouvais que c’était intéressant du point de vue symbolique d’occuper ce siège», a réagi, de Port-au-Prince, la capitale d’Haïti, l’écrivain.
«Je ne veux rien chambouler. Je viens tout simplement dans une maison où on me reçoit avec beaucoup de générosité», a-t-il poursuivi.
«Le dernier occupant de ce siège (Bianciotti) est un écrivain que j’aime beaucoup (…). C’est intéressant de voir que j’occupe (aussi) l’ancien siège de Montesquieu (…). On n’est pas là pour bousculer le temps».
«Immortel», «Ca veut dire tout simplement l’immortalité de la langue française (…). J’espère y apporter aussi quelques mots de notre langue savoureuse d’Haïti et du Québec», a-t-il ajouté.
La ministre haïtienne de la Culture Josette Darguste s’est félicitée de cette élection : «C’est extraordinaire, c’est un honneur pour Haïti. Cet honneur rejaillit sur tous nos écrivains et hommes de lettres», a déclaré à l’AFP Mme Darguste.
Parmi les autres candidats à l’«immortalité», un prétendant a surpris les vénérables qui lui ont accordé une voix: un lycéen de 15 ans, Arthur Pauly. «Imaginons, en faisant un grand effort, que je sois élu, je deviendrais immortel à 15 ans ! Ne serait-ce pas merveilleux ?» avait écrit le jeune Arthur, passionné de littérature, dans sa lettre de candidature, acceptée par les habits verts.
L’âge limite pour poser sa candidature sous la Coupole est depuis 2010 fixé à 75 ans. Mais il n’y a pas d’âge minimum.
‘Pas d’univers singulier qui ne soit créole’
Né Windsor Klébert Laferrière, à Port-au-Prince, le 13 avril 1953, Dany Laferrière est un grand intellectuel, écrivain et scénariste, qui vit entre Miami et Montréal. Son écriture privilégie le style autobiographique.
Il a reçu le prix français Médicis 2009 et le Grand Prix du livre de Montréal pour son roman «L’Enigme du retour», qui raconte son retour en Haïti, à la suite de la mort de son père, exilé lui-même dans les années 1960 par «Papa Doc», le père du dictateur Jean-Claude Duvalier.
D’abord journaliste en Haïti, Dany Laferrière a quitté l’île en 1974 pour s’installer au Québec après l’assassinat d’un ami journaliste par les hommes de main de Jean-Claude Duvalier. Son premier roman, «Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer», paru en 1985, a été traduit dans plusieurs langues et adapté au cinéma.
A la fois romancier, poète, scénariste et cinéaste, Dany Laferrière a publié une vingtaine de livres, dont «Cette grenade dans la main du jeune Nègre est-elle une arme ou un fruit ?», prix RFO 2002, et «Vers le sud» (2006), en lice la même année pour le prix français Renaudot et également adapté au cinéma. Cette année, il a publié «Journal d’un écrivain en pyjama». En avril dernier, il a présidé en Haïti des rencontres littéraires entre écrivains haïtiens et québécois.
«En fait, disait-il début décembre au Salon international du livre en Martinique, il n’existe pas d’univers singulier qui ne soit pas créole».
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