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Serge H. Moise
Du choc des idées jaillit la lumière nous disait Nicolas Boileau, au siècle des Lumières. René Descartes de son côté nous rappelait que le bon sens était la chose la mieux partagée dans le monde. Quant à Rochefoucauld, beaucoup plus réaliste, il a souligné à l’eau forte que « les vertus se perdaient dans l’intérêt comme les fleuves dans la mer ».
Plus près de nous Martin Luther King jr. faisait le triste constat à l’effet que: l’indifférence des gens de bien l’effrayait plus que l’oppression des méchants.
Autant de réflexions profondes qui flattent les esprits cultivés sans interpeller les consciences, ce qui semble confirmer, si besoin était, les propos suivants de François Rabelais « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme ».
Serions-nous engagés à plein dans la troisième guerre mondiale se demandent plus d’un perplexes et anxieux?
Tous les jours, depuis trois ans au moins, les médias nous bombardent avec des nouvelles aussi affreuses qu’alarmantes. Des centaines de milliers de nos sœurs et frères sont sacrifiés dans certaines parties du monde, et après les deux guerres meurtrières que nous avons eues au siècle dernier, rien ne saurait justifier la réédition d’une situation aussi macabre, d’autant que la morale et le droit international condamnent sans la moindre équivoque, ces inutiles tueries qui abêtissent ni plus ni moins l’humanité tout entière.
Alors!
Encore des guerres de religion
Hélas la pire des abominations
Pour l’être humain en mutation
En quête de sa vraie orientation
A ces catastrophes humaines, il faut ajouter la kyrielle de pandémies telles: la peste, la tuberculose, le sida, le choléra et de nos jours l’Ébola qui nous fait tous trembler d’inquiétude et d’angoisse.
Ces bouleversements au fil des siècles auraient dû conditionner et développer chez tous et chacun d’entre nous, un sens aigu de la fraternité et de la solidarité. Force est de constater qu’il n’en est rien. Homo homini lupus disaient les anciens(l’homme est un loup pour l’homme NDLR).
Notre ami Zénon Mazur, grand érudit, nous a fait parvenir récemment cette page retrouvée que nous prenons plaisir à partager avec vous aimables lectrices et lecteurs. Il s’agit de ce singulier dialogue entre ces deux « visionnaires » selon Antoine Rault dans Le Diable Rouge:
Colbert:
Pour trouver de l’argent, il arrive un moment où tripoter ne suffit plus. J’aimerais que Monsieur le Surintendant m’explique comment on s’y prend pour dépenser encore quand on est endetté jusqu’au cou.
Mazarin:
Quand on est un simple mortel, bien sûr, et qu’on est couvert de dettes, on va en prison. Mais l’État, lui, c’est différent. On ne peut pas jeter l’État en prison. Alors, il continue, il creuse la dette. Tous les États font ça.
Colbert:
Ah oui? Vous croyez? Cependant il nous faut de l’argent. Et comment en trouver quand on a déjà créé tous les impôts imaginables?
Mazarin:
On en crée d’autres
Colbert:
On ne peut taxer les pauvres plus qu’ils ne le sont déjà
Mazarin:
Oui, c’est vrai, c’est impossible!
Colbert:
Alors les riches?
Mazarin:
Les riches, non plus. Ils ne dépenseraient plus. Un riche qui dépense fait vivre des centaines de pauvres!
Colbert:
Mais alors, comment fait-on?
Mazarin:
Colbert, tu raisonnes comme un pot de chambre sous le derrière d’un malade. Il y a quantité de gens qui sont entre les deux, ni riches, ni pauvres. Ces gens qui se tuent au travail rêvant d’être riches et redoutant d’être pauvres. C’est ceux-là que nous devons taxer, encore plus, toujours plus! Ceux-là, plus tu leur prends, plus ils travaillent pour compenser. Ils constituent un réservoir inépuisable.
Et c’était, il y a quatre siècles! Hélas rien n’a changé depuis, excepté le nom qu’on leur colle de temps en temps. Ils seront les classes prolétariennes, les cochons de payant et aujourd’hui les classes moyennes. Ce dialogue certainement édifiant ne serait-il pas l’a-b-c de ce que les modernes appellent l’économie néo-libérale qui traverse l’Occident chrétien avec les conséquences que nous constatons et qui affiche des signes de grande fatigue.
Il y a hélas de ces pays du tiers-monde qui s’érigent en véritables microcosmes de ce monde toujours en guerre avec lui-même. Avec des dirigeants qui se sont donnés pour tâche de confirmer les thèses de Gobineau, la corruption est organisée en système, le respect des droits et libertés devient une utopie et leurs populations croupissent dans des conditions infra-humaines.
On serait tenté de croire que, plus l’homme avance au niveau des connaissances scientifiques et plus il recule sur le plan humain! La perfection des moyens et la confusion des buts semblent caractériser notre époque déplorait Albert Einstein depuis belle lurette et dans un élan de pessimisme, il ajoutait: « Le progrès technique est comme une hache qu’on mettrait dans les mains d’un psychopathe ».
La planète regorge suffisamment de richesses pour enrayer à tout jamais la pauvreté aux quatre coins du monde. Pourtant l’appât du gain, le côté insatiable de l’animal qui sommeille en tout homme, cette psychose de vouloir être en état de perpétuelle domination de l’autre conduisent aux calamités qui se répètent au fil des siècles au grand dam des éternelles victimes.
La Lybie, le Nigeria, la Syrie, l’Irak, l’Afganistan, la Bande Gaza, l’Ukraine et Haïti sont autant de points chauds du globe où les sacrifiés en tous genres se comptent par millions.
Pesonne n’est à l’abri des répercussions de ce grand cafouillis, la France, l’Allemagne et la Belgique en ont fait l’expérience, les États-Unis n’y ont pas échappé et la semaine dernière c’était au tour du Canada d’être sévèrement secoué par la mort gratuite et inutile de deux jeunes soldats tombés sous les coups de deux autres victimes, souffrant apparemment, de déficience mentale.
La violence attire toujours la violence, nous en avons fait l’amère expérience, il va de soi, que cette troisième guerre mondiale ne règlera pas grand chose, pas plus que les deux premières.
Il devient donc impérieux que tous et chacun d’entre nous, à travers toute la planète, profitant de la technologie des communications modernes, fassions comprendre à nos dirigeants qu’ils font fausse route en dépit de leurs bonnes intentions.
L’heure est au dialogue sincère, franc et ouvert entre les belligérants afin d’éviter que notre aveuglément ne nous engloutisse tous autant que nous sommes, les uns après les autres. En tout état de cause, il s’avère indispensable de rompre avec le: Qui vivra verra!
Serge H. Moïse av.
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