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Dilma Rousseff se rapproche de la destitution au Brésil

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Dilma Rousseff

par Maria Carolina Marcello et Alonso Soto

BRASILIA (Reuters) – Au lendemain de la défaite de Dilma Rousseff à la Chambre des députés dans une bataille cruciale pour son avenir à la tête du Brésil, son gouvernement a promis lundi de continuer le combat pour empêcher sa destitution.

Alors que des milliers de partisans et d’adversaires de la présidente manifestaient séparément devant le Congrès à Brasilia, comme dans de nombreuses villes du Brésil, les députés favorables à sa destitution ont facilement réuni dimanche soir la majorité des deux tiers requise.

Après décompte final des votes, 367 élus se sont prononcés pour la destitution, 137 contre et sept se sont abstenus. Deux députés n’ont pas pris part au scrutin. Les députés d’opposition ont laissé éclater leur joie, poings levés, formant une mêlée aux couleurs du Brésil, vert et jaune, autour de l’élu qui a apporté le 342e vote décisif après plusieurs heures de vote.

Dans les deux plus grandes villes du pays, Sao Paulo et Rio de Janeiro, des feux d’artifice ont éclairé le ciel nocturne tandis que des concerts de klaxons résonnaient.

« La présidente n’est pas démoralisée et ne cessera pas le combat », a promis son ministre de la Justice, Jose Eduardo Cardozo, lors d’une conférence de presse organisée tôt lundi matin.

« Si quiconque pense qu’elle va s’incliner à présent, il se trompe », a-t-il poursuivi, rappelant le combat menée par l’actuelle présidente sous la dictature militaire qui lui a valu de passer près de trois ans en prison et d’être torturée.

MISE À L’ÉCART QUASI INÉLUCTABLE

Le gouvernement va mener la lutte sur plusieurs fronts: en justice devant le Tribunal fédéral suprême, dans la rue en organisant des manifestations et au Sénat, auquel il revient désormais de décider du sort de la présidente, accusée d’avoir maquillé les comptes publics pour favoriser sa réélection pour un second mandat de quatre ans en 2014.

Si le Sénat décide que la procédure peut se poursuivre, ce qui semble probable, Dilma Rousseff, progressivement lâchée par ses alliés ces dernières semaines, sera automatiquement suspendue et son vice-président Michel Temer exercera les fonctions de chef de l’Etat. Ce premier vote est attendu pour le début mai.

Si au terme d’un procès devant le Sénat, qui ne pourra excéder un délai légal de 180 jours, le Sénat vote à la majorité des deux tiers la destitution de Rousseff, celle-ci sera privée de droits civiques pour huit ans et son vice-président restera à la tête du Brésil jusqu’à la fin prévue du mandat de Dilma Rousseff, soit 2018.

Au pouvoir depuis 2010, réélue quatre ans plus tard, la première femme à diriger le plus grand pays d’Amérique latine dément avoir commis des actes justifiant sa destitution et présente la procédure visant à la chasser du pouvoir comme un « coup d’Etat » et « la plus grosse fraude juridique et politique » de l’histoire du Brésil.

Mais Claudio Couto, qui enseigne la science politique à la Fundação Getulio Vargas, avec le vote intervenu dimanche soir, il est pratiquement inéluctable que le Sénat se saisisse de la procédure. « Et avec sa mise à l’écart pour six mois, le pouvoir de persuasion de son gouvernement va être considérablement réduit », ajoute-t-il.

Dans les sondages, plus de 60% des Brésiliens disent souhaiter la destitution de leur présidente.

PAYS DIVISÉ

Lundi, les marchés brésiliens ont ouvert en hausse, portés par l’anticipation d’un changement de politique économique après treize années d’exercice du pouvoir par le Parti des travailleurs (PT), incarné par Luiz Inacio Lula da Silva puis par Dilma Rousseff. A la mi-journée, l’indice Bovespa de la Bourse brésilienne était revenu à son cours d’ouverture. La Banque centrale est intervenue pour enrayer la remontée du real face au dollar sur le marché des changes.

Les milieux d’affaires brésiliens ont mis tout leur poids dans la bataille en misant sur Michel Temer pour restaurer la confiance des entrepreneurs et relancer l’économie.

Adriano Pires, patron de l’Institut brésilien des infrastructures, a déclaré qu’une mise à l’écart de Dilma Rousseff pourrait conduire à une libéralisation de l’important secteur pétrolier. Les syndicats craignent pour leur part des privatisations et des suppressions d’emplois.

Cette bataille politique, qui intervient alors que le Brésil est plongé dans sa plus grave récession économique depuis les années 1930, a divisé ce pays de 200 millions d’habitants comme jamais depuis la fin de la dictature militaire en 1985.

Cette crise a en outre dégénéré en conflit ouvert entre Dilma Rousseff et Michel Temer, un centriste de 75 ans, ce qui devrait faire perdurer l’instabilité politique, quelle que soit l’issue de la procédure et alors que le Brésil se prépare à accueillir les Jeux olympiques cet été et doit faire face à l’épidémie du virus Zika.

Après treize années aux commandes du pays, le Parti des travailleurs a conservé le puissant soutien d’une partie des classes populaires, reconnaissantes de l’amélioration de la qualité de vie de dizaines de millions de personnes depuis l’accession à la présidence de Lula, le mentor de Dilma Rousseff.

« La bataille va se poursuivre désormais dans les rues et au Sénat », a réagi José Guimaraes, chef de file des députés du PT. « Nous avons perdu parce que les fomenteurs de coup d’Etat étaient plus forts. »

Outre les centaines de milliers de manifestants réunis par les pro- et les anti-Rousseff à travers le pays, des millions de Brésiliens ont suivi le vote des députés en direct à la télévision, dans des bars, chez eux ou sur des écrans géants installés dans les rues.

A Brasilia, une barrière de deux mètres de haut avait été érigée sur plus d’un kilomètre pour séparer les deux rassemblements rivaux, symbole de la division du pays.

(Avec les correspondants de Reuters au Brésil; Bertrand Boucey et Henri-Pierre André pour le service français)

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