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Le Parquet de Port-au-Prince part en croisade contre la corruption

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Jean-Renel Senatus
Après la lutte acharnée visant à protéger les écoliers (mineurs) qui fréquentent les maisons de débauche après les heures de cours, et même pendant, c’est contre la corruption et contre les fonctionnaires de l’État qui négligent de déclarer leurs patrimoines que le chef du Parquet de Port-au-Prince retourne ses armes. Maître Jean Renel Sénatus se dit déterminé à faire respecter la loi. Mais comment compte-t-il s’y prendre sans se casser les dents ?
         
 
Après la lutte acharnée visant à protéger les écoliers (mineurs) qui fréquentent les maisons de débauche après les heures de cours, et même pendant, c’est contre la corruption et contre les fonctionnaires de l’État qui négligent de déclarer leurs patrimoines que le chef du Parquet de Port-au-Prince retourne ses armes. Maître Jean Renel Sénatus se dit déterminé à faire respecter la loi. Mais comment compte-t-il s’y prendre sans se casser les dents ?Le lundi 12 mars 2012, le chef du Parquet de Port-au-Prince, Jean Renel Sénatus, et le directeur de l’Unité de lutte contre la corruption (ULCC), Antoine Atouriste, ont donné une conférence de presse au Parquet de Port-au-Prince pour réitérer leur engagement à combattre la corruption.

Confiant et fougueux, le chef de la poursuite entend se munir de provisions légales pour s’attaquer à la corruption sous toutes ses formes. Selon le commissaire, de nombreuses institutions en Haïti sont enlisées dans la corruption. « La quasi-totalité des institutions sont indexées dans la lutte contre la corruption, soit 14 pataugeant dans ce phénomène : des mairies, le Fonds d’assistance économique et sociale (FAES), l’Ona, l’OAVCT, la Télévision nationale d’Haïti (TNH), le Conseil électoral provisoire et autres », a indiqué Me Senatus.

Le responsable du Parquet se dit prêt à abattre l’immense travail qui l’attend. Avec la loi comme boussole, il fait fi de toute peur. La corruption est une maladie qui ronge de nombreuses institutions haïtiennes, estime Me Sénatus, qui se défend d’être lui-même corrompu. Le chef du Parquet promet de mener la lutte sans état d’âme. Et si un jour, a-t-il tenu à préciser, il devait être convaincu de corruption, il ne verrait aucun inconvénient à subir les rigueurs de la loi.

Lutte contre corruption : l’affaire de tous De son côté, le titulaire de l’ULCC, Antoine Atouriste, se réjouit de la coopération qui vient de s’établir entre l’institution qu’il dirige et le Parquet. Ce qui, à ses yeux, revêt une grande importance pour le fonctionnement des institutions, compte tenu des défis à relever et des besoins de l’heure. Il espère, dans cette perspective, que leur collaboration sera dorénavant fonctionnelle. Les deux responsables entendent en finir avec cette pratique qui veut que les enquêtes se poursuivent. « Le combat de l’ULCC s’articule sur quatre axes : la prévention, l’éducation, l’application et la poursuite. En fait, c’est la suite qui nous a conduits ici », a déclaré M. Atouriste.

Toutefois, le directeur de l’ULCC et le chef du Parquet croient qu’une bataille efficace contre la corruption nécessite la participation de tous. « Le combat contre la corruption ne peut être mené seul, le peuple haïtien dans son ensemble doit également jouer sa partition », ont-ils précisé.

Par ailleurs, le responsable du Parquet de Port-au-Prince n’a pas mâché ses mots quant au respect de la loi du18 février 2008. Celle-ci fait obligation aux dirigeants formant les trois branches du pouvoir (exécutif, législatif et judiciaire) de déclarer leurs patrimoines avant et après leurs fonctions.

Enlever Haïti de la liste des pays champions de la corruption ? Monsieur Sénatus se dit prêt à sévir contre tous les contrevenants à ladite loi. « Cette loi, précise-t-il, exige que tous ceux qui sont redevables envers la loi inventorient leurs biens. Malgré tout, il existe des gens qui utilisent des prête-noms pour se protéger. »

En conséquence, le chef du Parquet entend poursuivre les fraudeurs et les contraindre au respect de la loi. Il brandit le Code pénal, plus précisément l’article 28, qui renvoie devant le tribunal correctionnel quelqu’un qui ne fait pas ses déclarations de patrimoine. Dans ces conditions, l’infracteur ne peut jouir de ses droits civils et politiques, ni défendre un individu ou se faire interprète pour défendre un étranger. Il ne peut non plus exercer son rôle de tuteur, de curateur, d’expert, etc. C’est, a soutenu Me Sénatus, ce qu’on appelle la dégradation civique. »

Le représentant du Parquet ne supporte pas qu’Haïti soit classée parmi les pays les plus corrompus de la planète. C’est pourquoi il s’engage à modifier la donne, conformément à sa mission Constitutionnelle. « En tant que représentant du judiciaire, j’encourage les concernés à respecter les principes. Car Haïti ne peut plus être championne de la corruption », a indiqué Me Sénatus.

« Mises à part les institutions concernées par la corruption, il existe également des particuliers dont je me garde de citer les noms. Ceci se fera après qu’un ensemble de garde-fous auront été mis en place en vue de laisser triompher la loi », a expliqué Me Sénatus.

Tout compte fait, le commissaire du gouvernement s’était inscrit dans une dynamique consistant à jeter un coup d’œil sur les programmes « after school zokiki » de façon à prévenir le détournement des mineurs. Au déclenchement de son opération, de nombreux parents avaient applaudi des deux mains. Son nom était sur toutes les lèvres, comme un refrain populaire, tant son initiative a été appréciée. À l’inexistence du service d’inspection du ministère de l’Éducation nationale avait suppléé son soutien. Il assurait un rôle de vigile pour les parents sur la conduite des élèves.

Mais, de « zokiki» au combat contre la corruption, et compte tenu des conséquences qui peuvent s’ensuivre, le fossé est énorme. Ce nouveau combat durera-t-il l’espace d’un cillement ?

Reynold Aris
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