«Aujourd’hui, nous avons engagé des poursuites pour meurtre sans préméditation contre George Zimmerman», a annoncé le procureur spécial Angela Corey lors d’une conférence de presse au tribunal de Jacksonville, en Floride. «Je vous confirme que M. Zimmerman a été placé en détention».
Le 26 février, Trayvon Martin, un garçon de 17 ans, a été abattu alors qu’il rentrait chez lui à Sanford après avoir acheté des sucreries, par M. Zimmerman, un Américain d’origine péruvienne qui faisait des rondes de surveillance dans sa résidence. George Zimmerman avait été brièvement arrêté puis relâché après qu’il eut invoqué la légitime défense, alors que sa victime n’était pas armée.
Le quotidien local Orlando Sentinel a rapporté fin mars que M. Zimmerman avait affirmé à la police que Trayvon Martin l’avait mis à terre d’un coup de poing et l’avait frappé au visage à plusieurs reprises. Les autorités de Sanford, dans la banlieue de la grande ville d’Orlando, ont confirmé la version du journal.
Manifestations, pétitions, menaces: l’émotion n’est pas retombée dans la communauté noire depuis le meurtre de l’adolescent, beaucoup estimant qu’il a été victime d’un «délit de faciès». Ses parents sont intervenus publiquement à plusieurs reprises pour demander que leur fils «ne soit pas mort en vain».
Le ministre de la Justice américain s’est lui aussi exprimé mercredi sur l’affaire, assurant que des «actions appropriées» seraient mises en oeuvre si l’enquête établissait qu’il s’agissait d’un crime raciste.
«Si nous trouvons des preuves montrant qu’il s’agit d’un crime portant atteinte aux droits civils, nous prendrons des décisions appropriées», a expliqué Eric Holder lors d’une conférence devant un groupe américain de défense des droits civils, le National Action Convention.
Avant lui, le président Barack Obama était intervenu dans la polémique le mois dernier en déclarant: «Si j’avais un fils, il ressemblerait à Trayvon».
Se sentant menacé, George Zimmerman vivait caché depuis le drame. Ses avocats ont annoncé mardi qu’ils n’assuraient plus sa défense, leur client étant, selon eux, devenu injoignable.
Il avait lancé un site internet pour recueillir des dons afin d’assurer sa défense, dont les médias américains assurent qu’il est authentique. «J’ai été impliqué dans un événement qui a coûté la vie à quelqu’un et qui a fait de moi la cible d’une intense couverture médiatique», écrivait-il sur ce site. «J’ai été obligé de quitter ma maison, mon école, mon travail, ma famille et même, en fin de compte, ma vie entière», poursuivait-il.
L’affaire est perçue de façon radicalement différente par Noirs et Blancs aux États-Unis. Selon un sondage publié mardi par le Washington Post, 80% des Noirs estiment que le meurtre de Trayvon Martin était injustifié, contre seulement 38% des Blancs. En majorité, ces derniers estiment qu’ils ne connaissent pas suffisamment les circonstances du meurtre pour pouvoir dire s’il était ou non justifié.
Une autre affaire de crime à connotation raciste a depuis défrayé la chronique, avec l’arrestation dimanche dans l’Oklahoma de deux Blancs soupçonnés d’avoir ouvert le feu sur cinq Noirs, dont trois sont décédés. La police enquête sur le mobile de ces crimes.