Le produit intérieur brut du pays a progressé de 2,2% en rythme annualisé de janvier à mars après avoir progressé de 3,0% pendant les trois mois d’automne, selon la première estimation du département du Commerce, inférieure à la prévision médiane des analystes qui donnaient un taux de croissance de 2,5%.
Selon le gouvernement, le ralentissement du PIB a découlé d’une contribution moins forte de la hausse des stocks des entreprises «et d’une baisse de l’investissement privé hors logement, qui ont été compensées en partie par une hausse plus rapide des dépenses de consommation des ménages et des exportations».
Conséquence de la contribution moindre des restockages, la demande intérieure finale pour les produits américains s’est accélérée, ce qui traduit un renforcement de la croissance économique sous-jacente aux États-Unis.
Pour les analystes du cabinet RDQ Economics, le taux de croissance annoncé par le gouvernement est «décevant», mais aussi «déconcertant», dans la mesure où il traduirait un ralentissement d’une ampleur peu conforme aux progrès de l’économie dont témoignent d’autres indicateurs comme celui du chômage, qui a reculé de 0,3 point entre décembre et mars (où il s’est établi à 8,2%).
Comme plusieurs de leurs confrères, ils jugent fort probable que les chiffres du PIB soient révisés à la hausse dans les mois qui viennent.
«Tout bien pesé, la reprise continue à un rythme modéré», note Peter Newland, de Barclays Capital, qui prévoit une hausse progressive des revenus des Américains et des résultats d’entreprises «solides» susceptibles de «soutenir la consommation et la croissance de l’investissement des entreprises dans les trimestres à venir».
A cet égard, la hausse du moral des ménages dont a témoigné vendredi l’indice de confiance des consommateurs publié par l’Université du Michigan est plutôt de bon augure.
La banque centrale américaine (Fed) a annoncé mercredi que le ralentissement de l’économie ne devrait être que passager, et que la croissance devrait se renforcer progressivement jusqu’en 2014 au moins.
Le Fonds monétaire international (FMI) avait indiqué pour sa part le 17 avril que la hausse du PIB américain, qui avait atteint 1,7% en 2011, devrait s’accélérer à 2,1% en 2012 et 2,4% en 2013.
Selon les chiffres du ministère, l’investissement privé hors logement a reculé au premier trimestre pour la première fois depuis l’automne 2009.
Cette nouvelle peu engageante mérite d’être relativisée par le fait que l’investissement dans le logement a réalisé lui sa meilleure progression depuis le printemps 2010, signe que la reprise tant attendue de l’immobilier commence peut-être à se matérialiser.
Autre point positif, la consommation des ménages s’est accélérée en dépit de la hausse de l’essence et a connu son taux de progression (+2,1%) le plus rapide depuis l’automne 2010.
Revers de la médaille, note Harm Bandholz, de UniCredit, cette hausse des dépenses a été «financée par une baisse notable du taux d’épargne»: le rythme ne sera pas nécessairement aisé à maintenir.
Faisant référence à l’austérité budgétaire qui a fortement amputé la croissance, Joel Naroff fait remarquer qu’«il est difficile pour l’économie d’accélérer quand l’État a le pied sur le frein» et juge que le pays ne s’en sort finalement pas trop mal.