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« Dalida n’avait pas prévu son suicide »

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Dalida Photos (21 of 236) | Last.fm
 

Iolanda était obsédée par la lumière. Elle voulait devenir quelqu’un tout en sachant que devenir quelqu’un l’empêchait d’être elle-même.

C’était il y a 25 ans exactement. Le samedi 2 mai 1987, Dalida décidait d’en finir avec la vie. Elle aura laissé un mot, adressé à ses fans, pour expliquer son mal-être: « Pardonnez-moi, la vie m’est insupportable. » Des années après sa disparition donc, David Lelait-Helo, qui lui avait déjà consacré une biographie, imagine sa dernière conversation.

Dans « C’était en mai, un samedi » (paru aux éditions Anne Carrière), il donne la parole à Iolanda, juste avant le geste fatal. Imaginez: ce jour-là, Dalida aurait pu former un numéro de téléphone au hasard, tomber sur une femme fraîchement séparée de son mari, et lui confier ses angoisses, ses doutes mais aussi les joies qui ont parsemé sa vie. Ce roman, mélangeant fiction et réalité, est un régal et se dévore d’une traite. Nous avons rencontré son auteur qui nous parle de Iolanda/Dalida comme personne.
 
Vous aviez envie, avec ce livre, de faire de Dalida une femme comme les autres?

J’avais envie de donner la parole à Iolanda. C’était le grand drame de Dalida, c’est que Iolanda a été bouffée par Dalida. Iolanda a inventé cette créature qui finalement l’a littéralement avalée. Iolanda a souffert de ne pas être une femme, de ne pas être une mère et j’avais envie de la mettre au centre de sa vie de femme. Et ce qui était intéressant aussi pour moi qui avais déjà consacré une bio à Dalida, c’était de faire d’elle une héroïne de littérature. Elle a une vraie vie d’héroïne romanesque et romantique.

 
Comment avez-vous travaillé? Où est la frontière entre la fiction et la réalité?

Tous les détails biographiques sont réels. Quand je décris la cuisine en fornica orange, c’était vraiment la cuisine de Dalida. Je n’ai pas eu à retravailler sur une recherche documentaire puisque je l’avais déjà fait pour ma biographie. Donc j’ai relu ma biographie et refouillé dans deux, trois trucs que j’avais gardés. Je ne voulais pas être enfermé dans le documentaire. Mais toutes les ellipses que je fais sur son histoire avec Jean Sobieski, Luigi Tenco sont vraies et les fans reconnaîtront dans le corps de la conversation des phrases de Dalida. Quand elle parle de l’amour, quand elle dit: Tomber amoureux, c’est un non-sens, on devrait dire s’élever amoureux. Ce sont des choses qu’elle a dites en interview. C’est de la fiction dans la mesure où cette conversation n’a jamais eu lieu. Mais la matière est une matière vive, j’ai brodé autour de choses réelles. Les petits détails sont réels: son dressing, sa chambre, les détails de sa journée… Tout est vrai.

Dalida : retour sur une véritable icône du style !
Dalida, finalement, a apporté autant de bonheurs que de malheurs à Iolanda. C’était le grand paradoxe de sa vie…

Iolanda disait qu’elle était un parlement: il y avait plein de voix en elle qui n’arrivaient pas à s’entendre. C’était une femme de contradiction: elle a adoré Dalida, elle s’est battue pour elle, elle l’a construite, elle a tout sacrifié pour elle mais régulièrement, elle avait envie de la laisser tomber pour vivre. Elle n’a pas réussi à être aimée par un homme parce que Dalida prenait trop de place. Mais dès qu’elle s’éloignait de Dalida, lors de sa recherche spirituelle en Inde par exemple, elle ne pensait qu’à elle: elle était obsédée par la lumière. Depuis l’enfance, elle voulait devenir quelqu’un tout en sachant que devenir quelqu’un l’empêchait d’être elle-même. C’est cette contradiction constante qui a brisé cette femme. A la fin, vu qu’elle avait construit son personnage sur le glamour, la séduction, elle se rendait compte que ce n’était plus jouable. Elle avait d’autres cartes à jouer mais elle n’a pas eu la patience d’attendre. Et puis, il y avait un désert affectif terrible. Elle avait toujours dit que l’homme avec lequel elle sortait alors serait le dernier. Cette histoire s’est délitée, elle a décidé d’en finir.

 
Vous lui faites dire lors de sa première tentative de suicide: C’était un dimanche, un jour à mourir. Elle s’est suicidée un dimanche. Elle a vraiment dit cela?

C’est moi qui l’ai écrit. Mais je pense que quand on est seul, le dimanche, c’est terrifiant. En plus, elle s’est tuée un week-end férié et il n’y a rien de plus glauque à Paris. Elle sortait du tournage Le sixième jour, elle meurt le septième jour, c’était assez allégorique. Je ne pense pas qu’elle ait été jusque là dans sa réflexion mais le week-end, quand on est un peu déprimé, quand tout est fermé, c’est terrible.

 
Elle rêvait d’un enfant. Vous pensez que les choses auraient changé si elle en avait eu un?

Dans la mesure où elle n’a pas eu cet enfant, elle pouvait toujours se dire qu’il l’aurait sauvée. Mais est-ce que ça l’aurait sauvée? Probablement pas tant que ça. Le gamin aurait grandi, il aurait eu sa vie, il serait parti, elle aurait peut-être été seule de la même façon. Il ne faut pas oublier que c’est une Italienne d’Egypte, la famille, c’était important pour elle.

Elle avait prévu son suicide de longue date?

Elle était dépressive depuis deux ans mais je pense qu’elle a décidé de se suicider vendredi ou samedi. Quand le dernier homme a décommandé leur soirée. C’était la goutte d’eau. Les proches disent que les deux dernières années, c’était terrible. Elle ne voulait plus voir personne, elle était à bout de souffle. Ce rendez-vous annulé lui a définitivement coupé le souffle. Mais le suicide, c’est rare qu’on l’organise à l’avance. Ca s’est joué à quelques heures.

 
A propos d’Orlando, vous lui faites dire: « Mon frère serait fichu de me rendre éternelle. » Quel est votre avis sur la manière dont Orlando gère aujourd’hui la carrière de Dalida?

Elle vend aujourd’hui plus de disques que ce qu’elle n’en a vendu les dernières années de sa vie. Grâce à lui, elle est devenue une icône, une légende. A part Claude François, Mike Brant, Joe Dassin, il n’y en a pas beaucoup qui sont passés à l’immortalité. Il fait vivre sa soeur, c’est incroyable. Il l’a vue star avant qu’elle ne se voit elle-même star. C’était un amour fusionnel et cannibale. Il y avait des grandes engueulades entre eux, évidemment mais il a fait avec elle tous les grands choix de sa carrière. Travailler avec quelqu’un pendant 20 ans, c’est difficile mais quand c’est un membre de la famille, c’est encore plus compliqué. S’il n’y avait pas eu Orlando, on n’entendrait plus parler de Dalida aujourd’hui…

tombe-de-dalida -
La tombe de Dalida au cimetière de Montmartre, Paris.

                            
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