Barack Obama prononce un discours devant des étudiants à la Maison-Blanche, le 21 juin.
Maria Verdugo, jeune diplômée de l’université de Californie à Santa Cruz, a beau n’avoir que 20 ans elle n’a gardé qu’un vague souvenir de l’élection présidentielle de 2008 : « Obama parlait surtout de changement, non ? »
Aujourd’hui, Maria est tellement préoccupée par le remboursement de son prêt étudiant qu’elle n’a toujours pas décidé si elle allait voter « républicain, démocrate ou ni l’un, ni l’autre » lors de la présidentielle du 6 novembre 2012.
Chav Tevlin, lui, a 19 ans et finance ses études en nettoyant les toilettes à South Bend, dans l’Indiana. Pour lui la politique « ne sert à rien ». Kristen Klenke, 20 ans, étudiante en musique dans le Michigan, n’ira pas voter elle non plus : « Je sais que ce n’est pas bien, dit-elle. Mais la situation est vraiment décourageante. »
Depuis l’élection de Barack Obama, porté au pouvoir par l’enthousiasme d’une véritable armée de jeunes gens, d’autres jeunes ont atteint l’âge de voter et leurs opinions politiques ont été marquées par la récession. Contrairement à la Génération Y [personnes nées dans les années 1980] qui s’enflammait pour Obama, les nouveaux électeurs sont plus tièdes et parfois même plus proches des positions conservatrices. Et tous se méfient des promesses de la classe politique.
D’après les sondages, les Américains de moins de 30 ans soutiennent encore majoritairement Obama. Mais le président est moins populaire chez les 18-24 ans. Dans cette tranche d’âge, son avance sur le candidat républicain Mitt Romney (12 points) est inférieure de moitié à celle dont il dispose auprès des 25-29 ans, selon un sondage en ligne réalisé au printemps par l’Institut des sciences politiques de Harvard. Et chez les Blancs de 18 à 24 ans, il est à égalité avec le candidat républicain.
« Le plus préoccupant pour Obama, et c’est une chance à saisir pour Romney, ce sont les 18-24 ans qui n’ont pas vraiment vécu la campagne d’il y a quatre ans, explique John Della Volpe, directeur des études d’opinion à l’Institut des sciences politiques de Harvard. « Nous avons également constaté que les plus jeunes avaient des opinions plus conservatrices. Cela ne veut pas dire qu’ils sont républicains. Mais que les républicains ont une carte à jouer. »
Ces nouveaux votants – près de 17 millions de personnes – ont été conditionnés par une période économique très difficile, et c’est un facteur qui risque de peser lourd. En mai, le taux de chômage des 18-19 ans montait à 23,5 %. Chez les 20-24 ans, il se chiffrait à 12,9 %, alors que le taux de chômage national est de 8,2 % (toutes tranches d’âges confondues).
L’impact de la récession sur les jeunes aurait engendré un certain désenchantement à l’égard de la politique. L’équipe de campagne de Mitt Romney compte bien en profiter, avec la mise en place dans les prochaines semaines d’initiatives sur Internet et dans les campus, explique Joshua Baca, le directeur de campagne du candidat républicain. Le message sera simple : la politique économique d’Obama ne marche pas pour les jeunes. Leur stratégie ? « Frapper à toutes les portes des chambres d’étudiants ou des sous-sols de leurs parents, là où les jeunes vivent en fonction de leur situation économique, poursuit Baca. Et, pour réussir, il nous faut une base solide de volontaires. »
De son côté, la campagne d’Obama a déjà commencé à œuvrer en direction des lycéens et des étudiants. Son équipe a organisé ces derniers mois des rassemblements de jeunes dans les Etats clés et compte être très présente sur les campus à l’automne. Les responsables de la campagne se disent confiants : « Les jeunes connaissent les enjeux de cette présidentielle, explique Clo Ewing, porte-parole de la campagne d’Obama. Ils étaient venus en nombre en 2008 pour organiser et prendre la tête du mouvement, et c’est grâce à leur énergie et à leur engagement que nous réussirons cette campagne en 2012. » (Traduit de l’anglais)