Le candidat républicain, âgé de 65 ans, fait valoir son passé de chef d’entreprise multimillionnaire, à l’aise sur les sujets économiques et créateur d’emplois. Mais Mitt Romney, c’est aussi l’homme qui change souvent d’avis, notamment sur l’avortement et le port d’armes, un mormon qui se présente comme un «outsider», mais qui a investi plusieurs millions de dollars sur ses fonds personnels dans quatre campagnes électorales en 17 ans.
L’homme est tout aussi difficile à cerner. Certains le trouvent sérieux et réservé, d’autres, détendu et drôle. Ses amis décrivent un mari et un père dévoué. Avec sa femme Ann, ils ont cinq fils et 18 petits-enfants. Près de 20 pour cent des Américains ne se voient pas élire un mormon à la Maison-Blanche, selon un sondage Gallup mené en juin, mais sa femme fait valoir que quatre ans après l’élection d’un Noir, ce serait le signe que «les préjugés appartiennent au passé».
Mitt Romney s’affiche comme un homme proche du peuple, se réjouissant sur Twitter de voler à bord d’une transporteur aérien régulier ou de manger des sandwiches. Mais lorsqu’il appelle à une réforme fiscale pour aider la classe moyenne, parlant des «80 à 90 pour cent d’entre nous dans ce pays», les moqueries fusent. Sa fortune était évaluée à environ 250 millions $ US en 2011. D’où l’indignation quand il a déclaré, dans une vidéo tournée en caméra cachée, ne pas faire campagne auprès des «47 pour cent d’Américains qui dépendent du gouvernement». Il a tenté de corriger le tir en assurant se soucier de «100 pour cent des Américains», mais le mal était fait.
Né le 12 mars 1947 à Detroit, au Michigan, le candidat républicain est le fils de George Romney, ancien PDG d’American Motors. Son premier prénom est Willard, comme Willard Marriott, magnat de l’hôtellerie et ami de la famille. Le jeune Mitt Romney est plongé très tôt dans la vie économique et politique: son père assume trois mandats de gouverneur du Michigan, tandis que sa mère Lenore, une ancienne actrice, a été candidate au Sénat.
Jeune homme, il assiste à l’échec de son père, contraint de se retirer de la course à l’investiture républicaine pour la présidentielle de 1968 après avoir déclaré qu’il avait eu tort de soutenir la guerre du Vietnam, sous l’influence d’un «lavage de cerveau» de l’armée.
Mitt Romney grandit dans un quartier chic de Detroit et se taille une réputation de blagueur et d’élève modèle dans son école privée pour garçons. Il étudie à l’université Stanford puis, à 19 ans, devient missionnaire de l’Église mormone en France, de 1966 à 1968. Là, il est grièvement blessé dans un accident de la route dont il n’est pas responsable. L’un de ses passagers est tué.
Le jeune homme rentre aux États-Unis, reprend ses études et épouse sa petite amie du secondaire, Ann Davies, qui se convertit au mormonisme. Dans le Massachusetts, il exerce les fonctions d’évêque pour l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours. Il a toutefois affirmé en 2008 qu’il ne ferait «aucune confusion entre les enseignements spécifiques de (son) église et les obligations» de la présidence.
Diplômé de droit et de commerce à Harvard en 1975, Mitt Romney rejoint deux ans plus tard le groupe Bain, un cabinet de consultants de Boston, où il se fait rapidement remarquer. On lui confie la direction du fonds d’investissement Bain Capital.
Les activités de la société de rachat et de revente d’entreprises ont parfois des conséquences désastreuses: fermetures d’usines, licenciements, faillites. Dans une entrevue accordée en 2007 au New York Times, Mitt Romney assurait que «la pilule est parfois dure à avaler, mais nécessaire pour sauver la vie du patient». L’an dernier, il affirmait que des «dizaines de milliers d’emplois» avaient été créés par Bain Capital. Une assertion difficile à prouver, selon le «Washington Post».
En 1994, Mitt Romney se lance en politique. Recalé au Sénat, il soutient le droit à l’avortement et le contrôle des armes. «Il voulait vraiment rassembler à (Ted) Kennedy, sans être Kennedy», commente Paul Watanabe, professeur de sciences politiques à l’université du Massachusetts. Mitt Romney assure à une organisation républicaine de défense des homosexuels qu’il leur sera plus utile que Ted Kennedy.
Par la suite, son discours prend un virage à droite. Il souhaite désormais que la Cour suprême revienne sur la légalisation de l’avortement pour laisser chaque État légiférer en la matière. Lui qui refusait de s’aligner avec la National Rifle Association (NRA) en 1994 a pris sa carte de membre à vie de l’organisation de défense du port d’armes 12 ans plus tard. Lui reproche-t-on un opportunisme politique pour se plier à la ligne du Parti républicain? Il invoque une évolution naturelle.
Après sa défaite au Sénat, Mitt Romney reprend en 1999 l’organisation des Jeux olympiques de Salt Lake City, touchée par un scandale. Ses qualités de gestionnaire font des merveilles.
En 2003, il devient gouverneur du Massachusetts, poste qu’il occupera jusqu’en 2007. En tant que responsable de l’Association des gouverneurs républicains, il arpente le pays, entretient son réseau et prend ses distances avec un Massachusetts plutôt démocrate.
C’est pourtant là qu’il acquiert une stature nationale, en créant une assurance-maladie universelle permettant à tous les citoyens de l’État d’être assurés: la même disposition que les républicains dénoncent dans la réforme de santé instaurée par Barack Obama à l’échelle nationale…
Mitt Romney défend sa loi, qu’il présente comme «une solution locale à un problème local», et promet d’abroger la réforme d’Obama s’il est élu. Son évolution déçoit Jon Gruber, professeur d’économie au Massachusetts Institute of Technology. «Il est le héros d’une réforme sur l’assurance-maladie, que cela lui plaise ou non. J’espère que dans 20 ans, il sera capable de regarder en arrière et d’apprécier les choses étonnantes qu’il a accomplies (…) même s’il a aujourd’hui le sentiment de devoir s’en éloigner.»
Mais Mitt Romney préfère se concentrer sur ses combats et adversaires immédiats. Régulièrement qualifié de girouette(flip flop), accusé par Barack Obama d’avoir recentré son discours après les primaires républicaines pour toucher un électorat plus large, il dégaine une réponse toute faite: «Je suis aussi constant que peuvent l’être les êtres humains».
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