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Une opposition multiforme (organisations de base, partis politiques, groupe de parlementaires…) caractérisée par un discours discordant avec pour seul point de convergence, le ras-le-bol du pouvoir en place. Voilà comment le paysage politique haïtien se présente en ce début de 2013. Les citoyens prennent leur mal en patience attendant une alternative, aux dérapages de l’équipe rose, qui peine à se préciser. L’inquiétude emplit les têtes et les vœux de changement formulé lors de la période de campagne présidentielle, s’estompent dans l’ombre d’un conservatisme primaire envahissant, aux vertus monopolistes.
Les crises sont légion. Les élections, voies essentielles d’affirmation des progrès démocratiques sont loin d’être une réalité. Le pouvoir, a exprimé sa volonté de se débarrasser des éléments gênants au Parlement en écourtant les mandats de certains sénateurs. Dislocation. Le corps législatif serait par conséquent inopérant. La volonté affichée par le pouvoir à ses débuts de gouverner par décret, prendrait de plus en plus forme. En effet, l’on se rappelle à juste titre des déclarations du Président, faisant croire qu’il y avait une dictature parlementaire dans le pays. Pouvoir et opposition : quelle articulation ? Le marchandage est la règle. Tous les grands dossiers de l’État sont négociés. L’opposition traditionnelle n’a pas les moyens de sa politique. Elle subsiste quand même, grâce aux médias. Ce que vaut l’opposition, c’est ce que vaut le système politique a laissé entendre, le politologue, Mozart Déroneth. Le système politique est en crise. Nul ne sait, s’il est présidentiel ou parlementaire. Les partis n’ont aucune emprise sur leurs élus. Le système ne favorise pas la prédominance des partis. Les élus, ne sont pas, pour la grande majorité, liés aux partis qui les ont propulsés au Parlement. Les parlementaires ne suivent aucune ligne. Question de survie, dit-on, vu que ceux-ci sont élus sous base de promesses faites à la population. Le support de l’exécutif est de ce fait vital pour assurer leur réélection. La question de la représentation et de l’organisation structurelle des partis politiques sont des problèmes chroniques auxquels ils font face. « Ce ne sont pas des organes spatiaux » constate M. Déroneth. Leurs représentations en province sont très faibles. L’absence d’organisation réelle met en doute leur capacité de mobilisation. Même lorsqu’un parti n’est pas au pouvoir, ses membres ou adhérents ont quand même des revendications à faire passer. Ils ne peuvent pas attendre cinq ans pour les satisfaire, c’est pourquoi, souligne Deroneth, l’opposition doit avoir des rapports avec le parti au pouvoir pour faire passer ses revendications. L’opposition veut-elle les élections ? Une question assez pertinente. Personne n’a la réponse. La plupart des partis de l’opposition ne sont pas représentatifs, et ne peuvent engager le système. Mis à part Fanmi Lavalas, ils n’ont pratiquement aucune capacité de mobilisation, explique Mozart Déroneth. Les déclarations tenues dans le document de Léogâne, disant que « si le peuple gagne les rues…ils soutiendraient ce mouvement », est un désaveu de popularité. Au lieu de donner le ton comme leaders, ils attendent, déplore le politologue, que c’est la rue qui le fait à leur place. Aujourd’hui, aucun des partis ne peuvent briguer le pouvoir présidentiel. Ils n’ont pas la capacité de réunir une majorité, car les réalités d’après 1986 ont évolué. Il y a une transformation de la sociologie électorale qui n’a pas été questionnée dans les partis politiques. Cependant, les élections leur serait quand bien même favorable, car en plus de leur procurer quelques postes à pouvoir, ils pourraient bénéficier de ces dérives pour rebondir et le discréditer. Organiser les partis à quelle fin ? Celui qui a le pouvoir a tout. Il n’y a pas de pluralisme. C’est tout ou rien. Avec un système de parti non structuré et un système électoral qui préconise 50% plus 1 de vote pour gagner les scrutins, ce qui revient à dire que 49 % de l’électorat n’est pas représenté, l’on est très loin de voir le bout du tunnel. Beaucoup reste donc à faire pour construire une société basée sur l’équité. |
Lionel Edouard
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