Widgetized Section

Go to Admin » Appearance » Widgets » and move Gabfire Widget: Social into that MastheadOverlay zone

« Enlevons nos œillères » par Serge H. Moise

Partager/Share this
par Serge H. Moise
        Il est évident que celui qui veut bien s’orienter doit, avec ses deux yeux,  regarder dans la même direction. Autrement il risque de se fourvoyer et de se retrouver aux antipodes de l’objectif qu’il s’était fixé. Il devra aussi, de temps en temps, jeter un coup d’œil à droite et puis à gauche, sans oublier le chemin déjà parcouru, histoire de vérifier qu’il est dans la bonne trajectoire et au besoin,  changer de cap, afin de mieux atteindre son but.
        L’environnement immédiat de l’homme n’est autre que le reflet de ses propres structures mentales. C’est du moins ce que nous révèlent les femmes et hommes de science qui se sont penchés sur la question et nous pourrions faire référence à Sigmund Freud, Jean Piaget, Emmanuel Kant ou Albert Jacquard, En d’autres termes, l’Haïti d’aujourd’hui projette notre vision des choses et reflète notre état d’âme profond.
        Qu’un septuagénaire, respectable et respecté mais quelque peu désabusé, d’un ton pontifical vous tienne les propos suivants :
        Croyez-en mon expérience, moi qui ne suis pas né de la dernière pluie, j’en ai vu des vertes et des pas mûres, faites-moi donc confiance. Je suis ingénieur civil, donc très éduqué. Je me suis perfectionné en Italie et au Canada avant de revenir dans ce bourbier, je vous le dis, en vérité :
        Haïti est un pays foutu. Il n’y a plus rien à y faire car le point de non retour est atteint depuis longtemps déjà!
        Si le ton est éminemment convaincant, enlevons nos œillères et reconnaissons que ses propos relèvent de la sénilité avancée et sont d’une déconcertante débilité.
        Et si vous croyez qu’il s’agit là d’un cas exceptionnel, vous vous foutez un doigt dans l’œil et l’autre vous savez où beaucoup mieux que moi. Ils sont légions ces malheureux qui n’osent pas se regarder bien en face et réaliser qu’ils sont partie prenante de ce lamentable échec. Alors pour apaiser leur conscience, si tant est qu’ils en ont encore une, ils font accroire que de toute façon, il n’y avait rien à faire.
        Il n’y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir. En effet, qu’un très aristocrate professeur de français à la retraite, après avoir passé trente ans à enseigner sa langue maternelle dans la belle province, décide de mener campagne, tambour battant, contre l’usage et l’épanouissement du créole qu’il désigne comme étant : « la langue de l’enfermement », enlevons nos œillères et suivez mon regard.
        Qu’il ne trouve rien de mieux que de faire écho à cette superbe marquise, juchée sur sa banquise, romancière acclamée par une certaine critique et qui proclame en magister dixit que notre créole est une langue bâtarde, incapable d’exprimer le monde moderne sans recourir aux mots français, de grâce enlevons nos œillères et prions nos dieux tutélaires qu’ils viennent au secours de ces deux hurluberlus.
        Le ridicule ne tue pas, mais peut causer des blessures dont les cicatrices se révéleront très difficiles à maquiller encore moins à faire disparaître.
        Que nos politiciens soient incapables de se réunir afin d’élaborer une feuille de route susceptible de contribuer à la refondation de notre société, enlevons nos œillères et avouons que l’avenir ne s’annonce pas très prometteur.
        Que nos intellos, analystes et excellents chercheurs ne parviennent pas à comprendre qu’il faille satisfaire les besoins primaires avant de passer aux secondaires et aux tertiaires. En d’autres termes, que toutes les énergies doivent être bandées en vue de créer des emplois, ce qui est la priorité des priorités à partir de quoi tout le reste deviendra possible, savoir, la santé, l’éducation, le progrès et la prospérité, inutile de vous répéter quoi faire et disons-le haut et fort, nous ne sommes pas très brillants.
        Dans l’effervescence de leurs envolées oratoires, ils font incessamment référence à la France d’abord et pour cause, aux États-Unis, à l’Allemagne, à l’Angleterre ou au Canada, comme s’il y avait une quelconque commune mesure entre ces pays et le nôtre. Il ne faudrait surtout pas sous-estimer l’intelligence de ces éminents griots et mandarins autoproclamés en leur rappelant qu’on ne compare que ce qui est comparable.
        Qu’un éminent économiste suggère d’augmenter la pression fiscale des contribuables haïtiens alors que soixante-dix (70%) pour cent de la population croupit dans un chômage endémique aberrant et abject, enlevons nos œillères et disons à ce chicago-boy de continuer sans relâche, à bien jouir de son confort nord-américain.
        Qu’un éminent comptable agréé, professeur d’université, flanqué de son alter égo, un brillant socio-économiste, laisse tomber avec une condescendance non feinte que la création d’emplois, c’est très bien mais, ce sera pour le futur, enlevons donc nos œillères et prions tous les dieux qu’ils éloignent de nous ce calice de douleur.
        Qu’un grand « spécialiste en gouvernance », orateur de calibre majeur soutienne avec élégance que pour déconcentrer la capitale, il suffirait de  construire des complexes administratifs dans toutes les grandes villes de la république et le tour sera joué. Ajustons nos œillères, dans ce cas-ci c’est préférable.
        Et ce sont ces sympathiques aliborons, puisqu’il faut les appeler par leur nom, insensibles aux problèmes réels de la population, convertis allègrement en collabos, agents dociles de l’establishment qui se proposent de faire la leçon aux filles et fils authentiques de la nation, toutes classes confondues!
        Puisqu’il nous faut enlever définitivement nos œillères, veillons à ce que dans notre nouvelle charte fondamentale qui ne devrait pas tarder, l’article traitant de la nationalité stipule de manière claire, nette précise : « l’HAITIEN NE PERD JAMAIS SA NATIONALITE » afin que l’intégration de la diaspora dans la grande famille cesse d’être un vœu pieux mais une réalité concrète  effective et efficiente,  pour une Haïti souveraine, fière et prospère.
        Encore que certains segments de la diaspora, des professionnels en particulier et pas des moindres, s’autoproclament « canado-haïtiens ». Si d’aventure nos sœurs et frères évoluant plus au sud se déclarent « américano-haïtiens », ceux de la république voisine « dominicano-haïtiens » pour ne citer que ces trois groupes, alors que le président  Barak Obama lui-même, est encore « afro-américain » et non l’inverse; enlevons nos œillères, car notre haïtianité est sérieusement menacée. Jean Price-Mars, Émile St-Lot, Jacques Roumain et tous nos véritables griots doivent se retourner dans leurs tombes.
        Qu’un avocaillon, originaire d’une section rurale de la fière Artibonite, ayant fait son entrée par la petite porte dans la basoche québécoise,  induise son propre barreau en erreur, dans le triste dessein de poignarder dans le dos un avocat du barreau de Port-au-Prince, n’est-ce pas le comble de la lâcheté et de la médiocrité? Il ne suffit pas de se draper des oripeaux de ses maîtres pour cesser d’être leur valet.
        Que dans un pays, la société civile, les partis politiques, le gouvernement lui-même, soient toujours à couteaux tirés, les intérêts supérieurs de la nation n’étant l’affaire de personne, enlevons donc nos œillères, on n’est pas sorti de l’auberge.
        Pourquoi ce refus systématique de mettre en place la (CNRJ), commission nationale de la réforme judiciaire, alors que tout le monde est au courant de l’état grabataire de ce pseudo-pouvoir?
       Comment comprendre que tous les samedis de huit heures à midi, sur les antennes des deux stations de radio les plus écoutées, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, il n’y ait jamais eu de débats sérieux autour de la création d’emplois? Enlevons nos œillères afin d’élargir notre champ de vision.
        Passons de la parole aux actes et comme nous venons de le faire pour notre sélection nationale de football, organisons cette « grande kombite nationale » à travers le (FHS) Fonds Haïtien de Solidarité qui fera de chacun de nous un véritable citoyen-soldat. Le microcrédit, dans l’état actuel de notre économie anémiée demeure un paradigme incontournable. Alors les observateurs et amis diront : Enfin, ils ont enlevé leurs œillères, ils ne vivent pas que de football et de carnaval, ils rêvent de développement durable et de création d’emplois pour tous. Les riches deviendront plus riches, qu’importe, pourvu que les pauvres cessent d’être les éternelles victimes de ce système néolibéral déshumanisant.
        Méfions-nous toutefois des « oréos » en général, mais aussi des Conzé et des André, des Lucrèce et des Joseph, des Laquinte des Ephésien, des Delcy et des Delouis, de véritables crabes dans le panier, cette engeance de délateurs et larbins de service.
        Enlevons définitivement nos œillères afin de bien identifier les contempteurs de la nation et avec l’arme de la dialectique, la plus efficace d’ailleurs, confondons les, quitte à récupérer les repentants et à les ramener au bercail car ce sont des brebis égarées.
                           Afin de sortir de ces ornières
                           Enlevons toutes nos œillères
                           Créons la chaine de solidarité
                           Pour embellir notre digne cité
                             Serge H. Moïse av.
                             Barreau de P-au-P.
 
 



Follow us on Twitter @haitiinfos1804

Join our circle at plus.google.com/haitiinfos

Send  your articles, jokes, press releases and personal stories to
haitiinfos1804@gmail.com


 
 
 
 
Partager/Share this

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.