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« Par tous les dieux! » par Serge Moise

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Serge Moise

        Ils répondent à des noms précieux et prestigieux : Grand Mèt, Dieu, Allah, Bouddha, Yahvé. Les autres ne se sont pas encore révélés à nous, ils ont peut-être d’autres chats à fouetter ailleurs.
        A la lumière de tout ce qui se passe sur cette planète comme catastrophes naturelles, donc au-dessus du contrôle des humains, même si ces derniers y ont contribué pour beaucoup dans leurs courses folles en quête de richesses et de pouvoir, on se perd en conjectures ne sachant à quels dieux ou à quels saints se vouer.
        Quant aux autres, les dérives les plus tristes et dévastatrices. Elles demeurent le fait de l’homme dès que celui-ci a choisi d’être un loup pour ses semblables et donc un prédateur qui ne fait pas de quartier.
        L’histoire de l’humanité regorge d’atrocités qu’on essaie même inconsciemment des fois, d’occulter pour pouvoir respirer un air apparemment plus sain et ne pas regretter d’appartenir à cette engeance.
        Les voies et moyens ont évolué avec le temps, mais l’objectif est demeuré le même, la suprématie de l’un ou de plusieurs groupes par rapport aux autres.
        Ainsi, après chaque grande conflagration, les superpuissances redessinent l’espace planétaire, se le partagent en se réservant chacune son arrière-cour et la paix apparente revient jusqu’aux prochains mouvements de rébellions à l’instar de ceux auxquels nous assistons depuis peu, et qui prennent de plus en plus d’ampleur.
        La guerre de cent ans a fait combien de morts? Bien malin celui qui oserait afficher un chiffre. La guerre de sécession chez nos grands voisins du nord aurait causé six cent mille morts dans les deux camps.
       Les deux grandes guerres, n’en parlons pas. Ne serait-ce que du côté des juifs on compte six millions de disparus, ce qui est contesté par les négationnistes. La guerre entre Israël et la Palestine qui perdure depuis si longtemps, et on attend encore le décompte. En Syrie on parle déjà de quatre vingt treize mille morts. En Lybie et au Mali les chiffres sont encore à venir.
        Hiroshima et Nagasaki ont fait la dure expérience de la formule E=mc2, et en l’espace d’un cillement ont dit adieu à des millions d’êtres chers.
        Peut-on oublier le Vietnam qui a su tenir tête mais à quel prix?
        En Amérique latine, ils ne dansent pas que la samba, le tango, le boléro et la salsa. Les armes ne manquent pas à l’appel et crépitent à leurs rythmes trépidants
        Et puis il y a nous! Ce cas unique et atypique dans l’histoire de l’humanité. En effet, avec l’arrivée de Christophe Colomb et l’extermination des Taïnos et des Arawaks; sur l’invitation de Bartolomé de Las Casas, d’Isabelle la catholique et autres « benefactors » anglais et puis enfin français, nous eûmes à prendre la relève et nous l’avons tellement bien fait que nos maîtres nous ont désignés comme étant la perle des Antilles.
        Le tout, sous le regard bienveillant de Grand Mèt là, de Dieu, d’Allah de Bouddha et de Yahvé.
        Pour nous récompenser, ils nous ont christianisés, mais nous n’avons pas oublié Allah, Bookman nous en avait instruit, quant à Grand Mèt là, nous l’avions emmené des terres ancestrales. C’était donc la dolce vita, puisque les mâles dans leur grandeur d’âme, ont même eu la condescendance de jouir des délices sexuelles de nos femelles, et en plus ils nous ont offert en cadeau, leur propre langue maternelle. Il ne faut tout de même pas être des fieffés ingrats.
        Or il se trouve justement que nous n’oublions jamais le bien qu’on nous fait. Ainsi, lorsqu’à un moment donné, nos cousins les Gaulois ont eu à essuyer quelques difficultés, avec leur bon roi Charles X, quoi de plus normal que de leur donner un petit coup de main. Après tout, il ne s’agissait que de quatre vingt dix mille francs-or. D’ailleurs, n’étaient nos toutes petites difficultés à nous, notre généreux prince Boyer n’avait-t-il pas dit, avec une certaine fierté, qu’il en aurait offert le double?
        Au tout début de son exil en France, il eut la bonne fortune de rencontrer le bon roi Louis-Philippe, lequel l’interpella avec cette courtoisie toute française
        Prince Boyer!
        A quoi, selon notre ami, l’historien Charles Dupuy, le président nouvellement exilé répondit bien humblement :
        Sa Majesté, je ne suis pas prince, j’ai été le président d’un petit pays d’à peine un million d’habitants.
        Lorsqu’on a dirigé un million d’âmes pendant vingt cinq ans, on mérite le titre de « Prince », lui rétorqua, royalement le bon Louis-Philippe.
        Les codes de lois importés de la métropole, sous le règne du prince, désuets et obsolètes aujourd’hui, sont encore en vigueur dans la colonie.
        Par tous les dieux, nous ne sommes pas des ingrats. Le 28 juillet 1915, les marines américains ont débarqué et ont occupé notre pays pendant 19 ans. Ils ont pillé les maigres finances de la république et cette année, en guise d’appréciation pour cet extraordinaire bienfait, notre carnaval des fleurs débutera en cette même date du 28 juillet. Quant aux mauvaises langues, elles y voient la commémoration de  la victoire des macoutes qui coïncide avec le deuxième jour de ce carnaval, soit le 29 juillet.
        Les coups d’état téléguidés, le dossier Zimmerman, celui des pédophiles en soutane, les restrictions envisagées quant au droit de vote des afro-américains dans certains états du sud de la république étoilée, l’asservissement de tous ces peuples afin de s’approprier leurs minerais, au nom de la « démocratie occidentale ». N’enlevons pas nos œillères, chantons et dansons, fêtons la liberté et l’égalité pour tous!
        Par tous les dieux, nous ne sommes pas des ingrats! Ne nous ont-ils pas pratiquement suppliés d’abandonner nos bourbiers, afin de nous installer confortablement chez nos fiers cousins? Ne sommes-nous pas les minorités visibles, les plus respectées et les plus choyées, à l’instar des princesses et des princes? Si vous avez des doutes, demandez à notre frère Lucrèce.
        De grâce n’oublions pas Toussaint Louverture, Capois Lamort, Martin Luther King jr., n’oublions pas Gandhi, Patrice Lumumba, le grand Shaka, l’héroïque Pierre Sully encore moins notre Mandela, mais longue vie à la France.
        Pourquoi, nous joignons notre voix aux centaines de millions d’autres de l’Amérique latine, des États-Unis, de la Caraïbes et de l’Afrique, afin de souhaiter à la glorieuse France, un très joyeux (14) juillet deux mille treize (2013), espérant que comme en l’an de grâce 1789, « elle fera, encore une fois traverser, par delà les océans, ses idéaux de justice et d’égalité pour tous », pour que dans un avenir prévisible, plus aucun peuple ne se fasse exploiter, torturer, vilipender, par la convoitise et la concupiscence des grandes nations dites civilisées.
        La France en est certainement capable.
                                              Vive la France!
                                                          SHM av.
 
 
                        
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