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Surnommé la « panthère noire », Eusebio, décédé dimanche à 71 ans, a régné sur le football portugais et européen des années soixante et offert à son pays et à son club de Benfica leurs plus belles heures de gloire internationale.
AFP – Surnommé la « panthère noire », Eusebio, décédé dimanche à 71 ans, a régné sur le football portugais et européen des années soixante et offert à son pays et à son club de Benfica leurs plus belles heures de gloire internationale.Déjà hospitalisé à plusieurs reprises, Eusebio da Silva Ferreira est mort d’un arrêt cardio-respiratoire à 04H30 GMT à Lisbonne, a annoncé son ancien club Benfica. Fin juin 2012, il avait été admis à l’hôpital da Luz de Lisbonne à Lisbonne à la suite d’un accident vasculaire cérébral (AVC) avant de quitter l’établissement une dizaine de jours plus tard.
La mort de la star a suscité une grande émotion dans le monde et particulièrement au Portugal, où le gouvernement a décrété trois jours de deuil national après la disparition de la légende du football.
Une messe sera célébrée lundi dans une église près du mythique stade de la Luz à Lisbonne, suivie de l’enterrement à Lumiar, dans la banlieue nord. Conformément au voeu d’Eusebio, son cercueil fera auparavant le tour du stade.
Son corps devait être exposé en chapelle ardente dimanche après-midi au stade de la Luz, où les premiers supporteurs ont commencé à affluer pour déposer des fleurs et se recueillir devant sa statue.
La fédération portugaise de football (FPF) a décrété une minute de silence avant tous les matches de championnat prévus ce dimanche.
« Eusebio sera toujours éternel. Repose en paix », a écrit Cristiano Ronaldo, la vedette de la sélection portugaise, dans un message posté sur son compte Facebook à côté d’une photo où il pose avec Eusebio.
La nouvelle du décès d’Eusebio a rapidement fait le tour du monde. Le président de la Fédération internationale de football (Fifa), Joseph Blatter, a déploré sur la « perte d’une légende » qui « gardera à jamais sa place parmi les plus grands ».
Michel Platini a lui aussi salué « l’un des plus grands joueurs de tous les temps », alors qu’un autre monument du football mondial, l’Allemand Franz Beckenbauer, a écrit sur Twitter: « Mon ami Eusebio est mort. »
Toujours présenté comme le meilleur footballeur portugais de tous les temps, « le Roi » a rivalisé avec les plus grands de son époque: en premier lieu Pelé, l’Argentin Di Stefano mais encore l’Anglais Bobby Charlton.
« J’ai tout fait, sauf gagner un mondial »
« J’ai été meilleur joueur du monde, meilleur buteur du monde et d’Europe. J’ai tout fait, sauf gagner un Mondial », disait Eusebio dans une interview fin 2011, se rappelant encore des larmes versées après la demi-finale perdue par le Portugal face à l’Angleterre (2-1), pays hôte, au Mondial de 1966.
Né le 25 janvier 1942 à Maputo, capitale du Mozambique, alors colonie portugaise, le jeune homme issu d’une fratrie de huit enfants a été recruté à 19 ans par le Benfica Lisbonne pour ses exceptionnelles qualités techniques et physiques.
En 1962, il remporte l’ancêtre de la Ligue des champions, la Coupe d’Europe des clubs champions, en signant deux des buts d’une finale d’anthologie face au Real Madrid de Puskas et Di Stefano (5-3).
Statue d’Eusebio devant le stadium Estadio da Luz, a Lisbonne,Portugal.
Les 733 buts inscrits en 745 matches sur l’ensemble de sa carrière en disent long sur ce redoutable attaquant, véloce, très technique et précis, deux fois Soulier d’Or (meilleur buteur européen) en 1967/68 et en 1972/73.
En 1964, la convoitise des plus grands clubs d’Europe est stoppée net par le dictateur Antonio Salazar, qui empêche Eusebio de rejoindre l’Inter Milan pour en faire, à l’instar de la diva de la chanson Amalia Rodrigues, une des icônes du Portugal des « trois F »: fado, football et Fatima.
« Ma politique c’est un ballon », expliquait récemment cet homme simple et humble, niant toute sympathie pour le régime. Le joueur reste alors 15 ans au Benfica, avec lequel il remporte 11 championnats nationaux, cinq Coupes du Portugal et dispute, après la victoire de 1962, trois autres finales en Coupe des champions.
Classe et talent
En 1968, lors de sa dernière finale de C1, il fait preuve d’une classe à la hauteur de son talent, en félicitant chaleureusement le gardien de Manchester United Stepney qui venait de remporter leur duel. L’image est restée dans les mémoires.
Jusqu’à l’âge de 71 ans, il n’a cessé d’afficher sa passion pour le club lisboète, qui lui a érigé une statue devant le stade de la Luz.
Elu Ballon d’or 1965, Eusebio devient le premier joueur noir à obtenir cette distinction, attribuée par le magazine France Football au meilleur joueur européen. Sa puissance et son agilité écriront également une des pages d’histoire de l’équipe du Portugal, qui obtient la troisième place de la Coupe du monde de 1966.
Meilleur buteur du tournoi avec neuf réalisations, Eusebio est également considéré comme le meilleur joueur de cette édition. Son record de 41 buts en 64 matches pour la « Selecçao » ne sera battu qu’en 2005, par l’ancien attaquant du Paris Saint-Germain Pedro Pauleta.
Eusebio quitte le Benfica en 1975 mais, en dépit de six opérations au genou gauche, il ne prend sa retraite que trois ans après, suite à de brefs passages par des clubs américains et des équipes portugaises de seconde catégorie.