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Le Roi Pelé n’est plus

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La Presse – Certains diront qu’il a marqué 1283 buts, ou 1281. D’autres, entre 757 et 767. Mais subsistera une statistique simple et indiscutable à propos de Pelé : il est le seul joueur à avoir remporté trois fois la Coupe du monde.

La Presse-Edson Arantes do Nascimento, alias Pelé, est mort à l’âge de 82 ans des suites d’un cancer du côlon, a annoncé jeudi l’une de ses filles, Kely Nascimento. « Nous t’aimons à l’infini, repose en paix » a-t-elle écrit sur Instagram, depuis l’hôpital Albert-Einstein de Sao Paulo où il avait été admis il y a un mois.

Des métastases dans l’intestin, à un poumon et au foie avaient aussi été diagnostiquées au début de l’année. Depuis quelques jours déjà, le roi ne répondait plus au traitement de chimiothérapie qu’il suivait depuis septembre dernier.

Issu d’un milieu modeste, Pelé commence à cirer des chaussures en bas âge pour aider ses parents.

Son père, joueur de soccer amateur, remarque le talent du garçon qui rejoindra les rangs d’une équipe junior dès ses 13 ans. Deux ans plus tard, en 1956, il est admis au Santos FC, avec qui il passera la totalité de sa carrière en club brésilien, jusqu’en 1974.

À seulement 17 ans, l’attaquant est appelé en sélection nationale pour la Coupe du monde de 1958. La notoriété de la Seleção est alors en devenir.

Après une phase de groupe sans histoire pendant laquelle le Brésil n’accorde aucun but, Pelé marque son premier en quart de finale contre le Pays de Galles, conduisant les siens à un gain de 1-0.

En demi-finale, il enfile un tour du chapeau dans une victoire de 5-2 contre la France.

Puis, en finale, contre la Suède, pays hôte, le numéro 10 en ajoute deux autres. Le premier est un classique. Après un contrôle de la poitrine, il efface un défenseur en lui passant le ballon par-dessus la tête avant de concrétiser à la volée.

C’est la consécration. Pelé et ses coéquipiers deviennent instantanément héros de la nation, huit ans après la douloureuse défaite contre l’Uruguay, à la maison, en finale de la Coupe du monde 1950, considérée comme une « tragédie nationale ».

Star en dictature

Dès lors, il n’y aura plus rien de normal dans la vie de Pelé, qui peinera par moments à s’adapter à cette nouvelle réalité.

Le jeune homme originaire de Três Corações reprend le collier avec le Santos FC, qui multiplie à la fois les titres au niveau national et les tournées en Europe, où des clubs le courtisent régulièrement.

Puis, arrive la Coupe du monde de 1962, au Chili. Contrairement à la précédente, le Brésil fait cette fois figure de favori. Les attentes sont énormes.

Pour Pelé, ce tournoi marquera le début d’une période sombre en Mondial. Après avoir compté contre le Mexique dans un gain de 2-0, il se blesse à une jambe au match suivant. Il le terminera, mais ne rejouera plus jusqu’au terme de la compétition.

La formation brésilienne, néanmoins, concrétise son titre précédent en le défendant avec succès.

Une fois rétabli, Pelé retourne aux manettes du rouleau compresseur Santos FC. En 1962 et 1963, le club brésilien met la main sur la Coupe intercontinentale — ancêtre de la Coupe du monde des clubs de la FIFA — en défaisant des formations portugaise et italienne.

Par l’entremise de ce jeune média qu’est la télévision, la popularité de Pelé atteint alors de nouveaux sommets.

Puis, en 1964, un coup d’État éjecte le gouvernement démocratiquement élu du président João Goulart et un régime dictatorial s’installe au pouvoir. Le Brésil bascule dans une période noire. Mais la vie de Pelé n’en sera pas directement chamboulée.

PHOTO PAUL-HENRI TALBOT, ARCHIVES LA PRESSE
Pelé (numéro 10) lors d’un match entre le Santos FC et le Bologne FC à l’Autostade de Montréal, en 1971

Le 1000but qui fait toujours jaser

En 1966, double championne en titre de la Coupe du monde, la Seleção se présente en Angleterre débordante de confiance. Trop.

Si son pays l’emporte, Pelé pense se retirer.

Mais les adversaires présentent un jeu à la fois plus dur et plus défensif. Bien qu’il marque dans une victoire d’entrée devant les Bulgares, l’attaquant brésilien est rudoyé sans ménagement.

À la deuxième rencontre, on le repose. Résultat : revers contre la Hongrie. Il est donc retourné sur le terrain pour le dernier match en phase de groupe, mais ce ne sera pas suffisant. Pelé est de nouveau blessé et, perdant aux mains du Portugal, le Brésil plie bagage hâtivement. C’est la consternation.

Dégoûté par l’arbitrage, découragé par sa malchance dans ce tournoi phare, le numéro 10 ne veut plus jamais prendre part à la Coupe du monde.

PHOTO PAUL-HENRI TALBOT, ARCHIVES LA PRESSE
Pelé lors d’un match entre le Santos FC et le Bologne FC à l’Autostade de Montréal, en 1971

En 1969, Pelé inscrit son 1000but en carrière — matchs amicaux y compris — sur un tir de pénalité.

La star accepte alors de rencontrer le président en place — Emílio Médici, tout juste nommé —, malgré le contexte politique qui prévaut toujours.

De fait, les mesures restreignant les libertés ont gagné du terrain les années précédentes. Plus que jamais, la population est encarcanée, sous le joug d’un gouvernement autoritaire.

Les reproches adressés à Pelé quant à son absence de jugement sur le régime prennent alors de l’ampleur. On le dit incapable de contester, à-plat-ventriste. Des critiques qui le suivront toute sa vie.

Certains l’en défendront. Dans le documentaire Pelé, sur Netflix, un journaliste et ami du joueur évoque le parallèle souvent tracé a contrario avec Muhammad Ali qui, on le sait, n’avait pas la langue dans sa poche.

Le boxeur, souligne-t-il, n’avait pas à craindre d’être torturé. Vu la nature du régime au Brésil, Pelé n’avait pas cette garantie.

PHOTO ARCHIVES LA PRESSE
Pelé en 1971

Et de trois

Pelé participera finalement à la Coupe du monde de 1970, au Mexique. On le lui aurait suggéré en haut lieu. Quoi qu’il en soit, il souhaitait en gagner une autre, après les déboires de 1966.

En contrepartie, ciblé par des menaces de toutes sortes, le joueur de 29 ans est tiraillé par des sentiments ambivalents. Des émotions négatives qui sont exacerbées par une relation conflictuelle, c’est le moins que l’on puisse dire, avec l’entraîneur João Saldanha. Ce dernier sera finalement dégommé avant la compétition au profit de Mário Zagallo, ex-coéquipier de Pelé.

Dans de meilleures dispositions, l’attaquant marque les esprits dès le premier match en ratant de peu une tentative de marquer du centre du terrain.

En phase de groupe, Pelé marquera trois fois en autant de victoires.

En demi-finale, le Brésil dompte sa bête noire, l’Uruguay.

Puis, en finale, Pelé cimente sa place dans l’histoire avec une troisième conquête de la Coupe du monde. Il marque de la tête et ajoute une superbe passe décisive dans une correction de 4-1 infligée aux Italiens.

« Le plus beau moment de ma vie », dira la vedette brésilienne.

Pelé jouera avec le Santos FC jusqu’en 1974, puis trois autres saisons avec les Cosmos de New York, contribuant au développement du soccer nord-américain.

Élu joueur du XXsiècle par la FIFA, il a toujours affirmé avoir accumulé 1283 buts en 1367 matchs. Mais ces chiffres incluent entre autres des rencontres amicales et des tournées. Bref, bien des matchs non officiels.

PHOTO RICARDO MORAES, ARCHIVES REUTERS
Pelé à Rio de Janeiro, le 10 septembre 2014

Ses buts que l’on pourrait désigner comme étant « reconnus de tous », avec le Santos FC, les Cosmos de New York et en sélection nationale, se chiffrent à 757.

Le sujet a toujours été matière à débat, le principal intéressé l’ayant lui-même alimenté à maintes reprises.

Mais quel que soit le camp où on loge, il doit y avoir consensus sur un point : Pelé est l’un des plus grands joueurs de tous les temps.

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