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Ariel Henry, médecin chirurgien de 71 ans, assumera le rôle de premier ministre.
Port-au-Prince – Un nouveau gouvernement sera formé mardi en Haïti, avec à sa tête le premier ministre Ariel Henry, qui avait été nommé par le président Jovenel Moïse juste avant son assassinat.
ROBENSON GEFFRARD AGENCE FRANCE-PRESSE
Dans ce nouveau gouvernement confronté à de multiples défis, étant donné l’ampleur de la crise institutionnelle et sécuritaire actuelle, le premier ministre par intérim, Claude Joseph, reprendra son poste de ministre des Affaires étrangères, a annoncé lundi à l’AFP un responsable proche de l’exécutif.
Cette annonce semble mettre un terme au bras de fer qui opposait MM. Joseph et Henry, en concurrence pour assumer la direction de l’exécutif haïtien.
« Depuis plusieurs jours, Claude Joseph et Ariel Henry ont multiplié des rencontres de travail qui aboutiront à la formation d’un gouvernement inclusif avec Ariel Henry comme premier ministre et Claude Joseph, ministre des Affaires étrangères », a déclaré le responsable.
« Il n’y aura pas de président de la République. Ce nouveau gouvernement aura pour mission d’organiser les élections générales le plus vite possible », a-t-il ajouté.
La balance a finalement penché en faveur de M. Henry, qui a bénéficié durant le week-end du soutien d’un groupe d’ambassadeurs représentant les pays suivants : Allemagne, Brésil, Canada, Espagne, États-Unis, France, Union européenne, ainsi que le représentant spécial de l’Organisation des États américains (OEA) et la représentante spéciale du secrétaire général des Nations unies.
Dans un communiqué samedi, ce « Core Group » a appelé « à la formation d’un gouvernement consensuel et inclusif ».
Washington a salué lundi l’accord de gouvernement trouvé, se félicitant « de voir les acteurs politiques et civils haïtiens travailler à la formation d’un gouvernement d’union qui peut stabiliser le pays et poser les bases d’élections libres et équitables », selon les mots du porte-parole du département d’État, Ned Price.
Ariel Henry, médecin chirurgien de 71 ans, en est à sa troisième expérience ministérielle. Il a été ministre de l’Intérieur de janvier à septembre 2015, puis ministre des Affaires sociales et du Travail de septembre 2015 à mars 2016. Il fut aussi membre du cabinet du ministre de la Santé publique de juin 2006 à septembre 2008, avant de devenir chef de cabinet de septembre 2008 à octobre 2011.
Les funérailles de Jovenel Moïse, abattu à l’âge de 53 ans le 7 juillet par un commando armé, auront lieu vendredi. Blessée dans l’attaque nocturne, son épouse Martine Moïse est rentrée samedi à Port-au-Prince, après avoir été soignée dans un hôpital de Miami.
Le bras en écharpe, portant un gilet pare-balles sur ses vêtements noirs, elle a été accueillie à sa sortie d’avion par Claude Joseph.
Parallèlement à la préparation des obsèques de Jovenel Moïse, se poursuit l’enquête sur son assassinat, avec le soutien technique de la police fédérale américaine, le FBI.
La police haïtienne a procédé à l’arrestation d’une vingtaine de mercenaires colombiens et affirme avoir mis au jour un complot organisé par un groupe d’Haïtiens, comprenant un ancien sénateur actuellement recherché ainsi qu’un pasteur médecin établi en Floride. Ces hommes auraient recruté le commando grâce à une société de sécurité colombienne, également implantée en Floride.
Mais de nombreuses zones d’ombre demeurent, notamment sur de possibles complicités au sein des autorités haïtiennes, ce qui expliquerait l’apparente facilité avec laquelle le commando a accompli sa mission létale.
Haïti est la nation la plus pauvre du continent américain. Le pays est gangrené par l’insécurité et notamment les enlèvements contre rançon menés par des gangs jouissant d’une quasi-impunité. Le président Moïse, accusé d’inaction face à la crise, était confronté à une vive défiance d’une bonne partie de la population civile.
Dans ce contexte faisant redouter un basculement vers l’anarchie généralisée, le Conseil de sécurité de l’ONU, les États-Unis et l’Europe considèrent comme prioritaire la tenue d’élections législatives et présidentielle libres et transparentes, d’ici la fin 2021.