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Haiti : Quid du complot contre Martelly ?

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Le ministre de la Justice, Michel Brunache, a refusé de réagir aux déclarations de l’ex-président dominicain, Hipolito Mejia, selon lesquelles ce prétendu complot pour déstabiliser le président Michel J. Martelly vise tout simplement à détourner l’attention du scandale de corruption dénoncé dans le reportage de la journaliste Nuria Piera impliquant le sénateur du PLD, Felix Bautista, un proche du président Leonel Fernandez. 

« Je ne veux pas entrer dans les questions des élections dominicaines. Je n’en ai ni le droit ni l’intention. J’ai simplement une information sur un citoyen haïtien discréditant un président haïtien », a indiqué Michel Brunache qui n’a pas voulu établir la différence entre crime politique et crime contre la personne et qualifier l’infraction imputée à Pedro Julio Goico Guerrero (Pepe Goico) et Pierre Kanski, lors d’une conférence de presse conjointe au ministère de la Justice avec le secrétaire d’Etat à la Sécurité publique, Réginald Delva, vendredi 13 avril 2012. 

« Il appartiendra à la justice de qualifier l’infraction », a-t-il dit, confiant au passage que le parquet de Port-au-Prince a été saisi du dossier. « Je ne peux pas présumer l’orientation de l’enquête… Le parquet, avec les informations qu’il aura à recueillir après audition de l’accusé et l’analyse d’autres informations, déterminera la nature de l’infraction ou s’il y a même eu infraction », a expliqué Brunache, révélant ne « pas être au courant » si Kanski est sous le coup d’une interdiction de départ ou non. 

Moins alarmiste par moment que le secrétaire d’Etat Réginald Delva qualifiant « d’assez pertinentes » les informations communiquées par les Dominicains au sujet de la préparation sur le sol dominicain d’actes visant le gouvernement haïtien, Michel Brunache a nuancé. « Il ne faut pas dramatiser. Là, on parle de diffamation, d’atteinte à l’image. On ne parle pas de menace armée. Donc, il faut rester dans le niveau que nous sommes », a préconisé le ministre de la Justice et de la Sécurité publique, clément dans l’explication de sa compréhension du mot « déstabiliser ». 

« Le président Martelly veut que des entreprises s’installent en Haïti. Si on accuse faussement les dirigeants haïtiens de corruption, l’homme d’affaires n’investira pas dans un pays où l’on dit qu’il y a de la corruption. Cela déstabilise le pays aussi quelque part », a-t-il dit, en rejetant d’un revers de mains les informations rendues publiques par la journaliste Nuria Piera sur l’obtention par le candidat, puis le président Michel J. Martelly, de plus de 2,5 millions de dollars du sénateur et puissant homme d’affaires Felix Bautista.
Michel Brunache, d’un autre côté, emboîte le pas au président Martelly en qualifiant lui aussi de fausses les informations rendues publiques dans le reportage de Nuria Piera.

L’opinion publique haïtienne mise au parfum d’un complot 

Le ministre de la Justice, Michel Brunache, pour l’opinion publique haïtienne a, comme la veille à Santo Domingo, réitéré la position du gouvernement sur un « complot ourdi dans le but de déstabiliser le gouvernement démocratiquement élu du président Michel Joseph Martelly ». L’ex-colonel dominicain, Pedro Julio Goico Guerrero (Pepe Goico), actuel chef de la campagne électorale de l’ex-président Hipolito Mejia, est le cerveau désigné de ce complot.

Goico, selon une déclaration authentifiée par ces hauts responsables haïtiens, a « instruit le citoyen haïtien, Pierre Kanzki, d’initier une campagne de discrédit contre la personne du président haïtien, Michel Joseph Martelly ». « Cette campagne repose sur une accusation fausse et sans fondement contre l’honneur et l’intégrité du président Michel Joseph Martelly », a indiqué cette déclaration, soulignant que sur instruction de Pepe Goico, « M. Pierre Kanzki devait entrer en relation avec d’autres secteurs de la vie nationale pour exécuter son plan dans l’objectif de déstabiliser le gouvernement haïtien ».

Implacable dans sa condamnation, le gouvernement haïtien a souligné que « ce type d’action à caractère criminel, conspiratif, met en péril la paix, l’ordre et la tranquillité du peuple haïtien ».

Goico, acide, dénonce

L’ex-colonel dominicain, Pedro Julio Goico Guerrero, après avoir été désigné comme le cerveau de ce complot pour déstabiliser Martelly, a déclaré dans la presse de son pays que c’était une manoeuvre visant à ternir son image et saboter la campagne de l’ancien président Hipolito Mejia dont il est un proche. Pedro Julio Goico Guerrero a ajouté que les origines de cette levée de boucliers ont un rapport avec les révélations de la journaliste Nuria Piera sur des sommes d’argent qui auraient été versées par le sénateur Felix Bautista au président Martelly, en échange de juteux contrats dans le cadre de la reconstruction d’Haïti. « S’ils veulent m’arrêter, ils doivent aussi arrêter Nuria. Je suis chez moi et prêt à tout. Morales doit expliquer comment il m’a mis sur écoute sans l’autorisation d’un juge », a-t-il fulminé.

Des connaissances de Kanski surprises

Des connaissances de Pierre Kanski sont surprises. « Je suis surpris. Ce que j’ai entendu ne correspond pas au Kanski que je connais, qui a travaillé dans le secteur de la construction et des engins lourds en République dominicaine. Aux dernières nouvelles, il rêvait de travailler au CNE et mettre ses compétences au service de l’administration Martelly dans laquelle il compte beaucoup d’amis », a expliqué l’un d’eux, avouant son incompréhension par rapport à cette affaire. « Comme tout le monde, j’espère qu’il y a des preuves solides contre lui. Sinon, cette affaire risque de créer un certain malaise et des craintes face au retour à des pratiques d’un temps révolu », a-t-il dit.

Entre-temps, l’enquête se poursuit et la campagne électorale dominicaine entre dans sa dernière ligne droite, avec ses houles, ses échos de complot ou de faux complot, de scandale ou de faux scandale de corruption, dit-on. Complot ou écran de fumée ? Il faudrait être dans le secret des dieux pour le savoir.

Roberson Alphonse

 

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