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Le Duvaliérisme et les droits de l’homme
par Jean-Marie Beaudouin
Quelques rappels historiques
Après avoir suivi une courbe ascendante vertigineuse, les muscles de la « guerre froide » imposée ne tiennent
plus, dû, sans doute, à l’épuisement des ressorts dont l’oxydation était longtemps entrée dans sa phase ultime
de détérioration.
Du point de vue de la chimie, on le sait, tout métal est entamé par la rouille: l’hydrogène (H2O)
est, d’une manière générale, responsable de sa corrosion ou de sa dégradation. Sous l’effet de l’eau, compte
tenu de l’usure, la structure métallique de tel ou tel objet tend à se corroder. A terme, elle se désagrège et, par
conséquent, nécessite des travaux de réparation technique pour pouvoir continuer à servir l’intérêt pour lequel
elle était construite.
C’est pourquoi, dans les chantiers navals, il existe un service spécialisé, dénommé « dry dock » (mise en cale
sèche), qui accueille ou reçoit des navires défectueux en vue d’effectuer des réparations techniques selon les
normes maritimes admises, relevant des lois internationales de navigation.
De même, si on sort du règne minéral pour jeter un regard critique sur le règne animal où la prédominance échoit
aux êtres humains par leurs réactions raisonnées et réfléchies, on s’aperçoit qu’il y a des systèmes de
gouvernement qui, fatigués par la monotonie et par l’usure du temps, deviennent obsolètes et tombent ipso facto
en décadence, en désuétude. C’est le cas, pendant la longue période de la guerre froide, des dictatures
réactionnaires instaurées de force à l’échelle du globe. La guerre froide, on s’en souvient, est un instrument
politique d’après-guerre des États impérialistes occidentaux. Elle fut instrumentalisée, instaurée et dirigée contre
l’Union soviétique, victorieuse de la Seconde Guerre mondiale impérialiste de 1939 – 1945. Donc, une «
forteresse enchaînée », peut-on lire dans les documents émanant des milieux de gauche.
Entrée dans son cycle de déclin, la guerre froide se met alors à suivre lentement une courbe décroissante,
préludant sa chute inexorable. Commence, dès lors, une atmosphère de dégel, de détente ou de décrispation
dans les relations Est – Ouest. La mort successive de trois (3) chefs d’État soviétiques – sénilité aidant – a été,
dans une très large proportion, à la base de cette ère nouvelle dans les relations internationales, peut-on
observer vers la fin des années septante. Léonid Brejnev meurt à l’âge de 76 ans, le 10 novembre 1982, Yuri
Andropov 70 ans, décédé le 9 février 1984, et Konstantin Chernenko 70 ans, disparu le 10 mars 1985.
L’arrivée de Mikhaïl Gorbatchev (actuellement 81 ans) à la tête de l’État soviétique le 11 mars 1985, révisionniste
consommé, était alors considérée dans les milieux communistes et ouvriers comme le dernier coup de hache
dans le mouvement du prolétariat international. Et, dans les milieux bourgeois, c’était la consécration définitive
de la restauration capitaliste dans les pays est- européens. En réalité, la doctrine de la « Coexistence pacifique
», préconisée du vivant du digne camarade Staline et reprise au XXe congrès (1956) du PCUS par
Khrouchtchev, a été grossièrement dénaturée et vidée de son contenu original dont l’une des thèses principales
consistaient à préserver le bastion de la révolution en offrant la paix au camp adverse, évitant par conséquent la
confrontation Est – Ouest qui était prévisible et même inéluctable.
Ainsi, l’arrivée des révisionnistes au pouvoir en Russie soviétique n’avait fait qu’ouvrir des brèches mortelles
dans le coeur de la révolution, c’est-à-dire dans les instances décisionnelles du parti. Entraînant sa mort lente:
infiltration, sabotage, division, implosion jusqu’à sa disparition le 21 décembre 1991. Quatre (4) jours plus tard, à
l’entame du froid glacial de l’hiver russe, le travail accompli, Gorbatchev donne sa démission. A qui la remetta-t-il? A monsieur Boris Eltsine, alcoolique, qui a subi 5 pontages coronariens avant de sombrer dans la mort lente
des vodkas le 23 avril 2007, à l’âge de 76 ans. Sa dépendance à l’alcool et son insuffisance cardiaque étaient
certes des constats connus du CC du parti, pour avoir été membre depuis 1961, dont Gorbatchev devint
secrétaire général en mars 1985. Agent liquidateur sans nom!
Mais alors votre serviteur, jusqu’à cette date, se demande qu’est-ce que les partisans de la révision marxiste
révisent au niveau de la théorie scientifique du communisme? L’auteur, a contrario, observe et constate que les
classiques du marxisme ont hautement contribué à enrichir et renforcer la théorie: par exemple, Lénine, le père de la révolution bolchévique, dont le nom est intimement lié et associé à la doctrine de Marx. D’où l’appellation:
marxisme-léninisme qui se distingue des autres doctrines révisionnistes et déviationnistes.
Le duvaliérisme et les droits de l’homme
Compte tenu de la victoire imminente de l’impérialisme nord-américain dans la guerre froide imposée, la
configuration sociopolitique du monde va connaître de sérieux bouleversements. Toujours, bien sûr, dans le but
de préserver et maintenir la prédominance capitaliste à l’échelle de la planète. Dès 1977, sous l’administration
démocrate du président Jimmy Carter, débute une vaste campagne de déboulonnage (déchouquage) des
régimes dictatoriaux voulus et instaurés un peu partout dans le monde pendant la guerre froide. Libertés
individuelles, liberté d’association, droits civils et politiques, droit de la personne, dignité humaine, pluralisme et
alternance politiques deviennent des concepts à la mode et reprennent apparemment leur sens étymologique,
conceptuel et pratique dans la tête des maîtres du monde.
Haïti, certes, n’était pas en reste pour être de toujours un pion sur les tablettes américaines. Sa position
géographique dans la mer des Caraïbes et par son histoire unique au monde, Haïti représente, dans les milieux
politiques étatsuniens, une bonne carte stratégique vis-à-vis de la révolution cubaine naissante mais distante
seulement de quelques encablures du pays de Dessalines. Car, dans l’optique de Washington, si les dirigeants
cubains décidaient d’exercer une influence sur la politique haïtienne, le cours de l’histoire aurait changé dans
l’Île, plus précisément dans la partie occidentale habitée par des Haïtiens. « Un tiens vaut mieux que deux tu
l’auras », telle a été, semble-t-il, la conclusion des dirigeants américains dans ce cas de figure qui paraissait très
probable compte tenu de la conjoncture de l’époque.
Cependant, le gouvernement hégémonique et obscurantiste des Duvalier, borné et renfermé sur lui-même,
ignorait parfaitement ce que nous qualifierions de tours, pourtours et contours de la guerre froide. Bref, les
enjeux politiques des Etats-Unis étaient tout- à-fait insondables du régime hors la loi des macoutes. En d’autres
termes, la barbarie duvaliériste pendant les 29 ans passés au pouvoir d’État (1957 – 1986) est certes aux
antipodes des lignes écrites plus haut. Pour avoir été incapable de se constituer des connaissances en matières
de relations internationales et de diplomatie, la clique à Duvalier avait, de manière incontrôlable, conduit le pays
dans un immense capharnaüm où les seuls arguments dont elle saisissait le sens étaient: haine, calomnie,
mensonge, emprisonnement, exil et la mort.
Le duvaliérisme, pseudo-doctrine des « noiristes », ne reposant sur aucune base logique rationnelle, non
seulement affichait un vide intellectuel abyssal, mais aussi faisait preuve d’une ignorance totale de la conjoncture
internationale de l’époque. Donc, ni lecture ni triture. Et tout dirigeant, qui ne sait pas lire les phénomènes
sociaux qui se développent autour de lui, est fatalement conduit à l’échec.
Vers l’automne de 1979, le pays avait connu et vécu un évènement historique majeur national qui marqua la
conscience collective des Haïtiens. Quoique étouffé dans l’oeuf par la satrapie des sbires du régime, il a eu le
mérite de préluder la contestation populaire et le soulèvement général contre le gouvernement dictatorial du
président Jean-Claude Duvalier. Débutèrent ainsi, dès l’aube des années 80, des manifestations populaires et
des grèves estudiantines dans tout le pays jusqu’à la débâcle du 7 février 1986 dans les conditions que l’on sait.
L’état de siège, instauré en janvier de la même année, fut le dernier acte qui scella définitivement le sort du
régime lui-même. Jamais dans l’histoire une situation, tant factuelle que symbolique, n’a exercé une aussi grande
influence sur le cours des évènements.
Cette question suivante, à l’heure de la « réhabilitation » étrange du duvaliérisme, s’adresse à la conscience
intellectuelle haïtienne: Pourquoi un évènement manqué/raté a-t-il pu produire un si grand impact sur la
conscience nationale que la société entière se mettait à marcher pour la conquête de la liberté? En même
temps, la panique avait atteint son paroxysme dans le camp du gouvernement despotique de J.C. Duvalier.
L’auteur, dans la deuxième partie, tentera de reconstituer les circonstances de l’évènement qui s’était produit à la
paroisse de saint Jean Bosco, le vendredi 9 novembre 1979, aux alentours de 7hres du soir. Il en profitera pour
verser dans les débats un fait important sinon déterminant dans ce qui devait être la soirée de bastonnade dont
furent victimes l’élite intellectuelle du moment, ainsi que plusieurs des figures politiques de l’opposition.
Préposées pour la circonstance, les hordes de miliciens étaient aux avant-postes de cette barbarie dans l’histoire
moderne du pays. Lequel fait, pour autant que l’auteur sache, n’a pas été commenté ni pendant ni après la
profanation du sanctuaire de ladite paroisse.
A suivre.