La Foire de créations artisanales haïtienne, qui devait se tenir en fin de semaine, a été reportée sine die.
«C’était un projet pour leur permettre de montrer ce qu’elles savent faire, afin d’ouvrir de nouveaux marchés et assurer la pérennité de leur entreprise», a expliqué Caroline Thélémaque, initiatrice de l’événement, en entrevue téléphonique avec la presse.
«C’est inacceptable et nous sommes consternées. Nous avons créé une initiative purement citoyenne et nous avons mis tout notre coeur dans ce projet.»
L’organisation dit avoir entamé les démarches pour obtenir des visas plus de deux mois avant la date du voyage. Les démarches auraient été labyrinthiques, mais l’ambassade du Canada en Haïti aurait émis une réponse négative alors que la délégation était sur le point de partir, à la fin de la semaine dernière.
Selon Mme Thélémaque, Immigration Canada a dit craindre que certaines de ces femmes profitent de leur passage au Canada pour demander le statut de réfugié.
Triées sur le volet
L’organisation de la foire commerciale jure que les participantes avaient été spécialement choisies pour éviter de tels problèmes aux douanes. Plutôt que de solliciter les artisanes elles-mêmes, Mme Thélémaque a fait appel à des entrepreneures plus à l’aise financièrement et qui laissaient d’importants actifs à Haïti.
«On a choisi des chefs de file, des femmes qui travaillent avec elles pour les représenter ici. Ce sont des femmes qui ont déjà des visas américains, des visas français», a expliqué Caroline Thélémaque. «Elles ont l’habitude de voyager.»
Trois mairesses étaient notamment du voyage et tous les dossiers étaient «béton», avec des lettres d’appui d’influentes personnalités politiques haïtiennes, a juré Mme Thélémaque. Certaines femmes étaient directement parrainées par le gouvernement. «Ça n’a vraiment pas de sens, on ne comprend pas», a-t-elle déploré.
Immigration Canada a refusé de s’expliquer directement sur le dossier de ces ressortissantes haïtiennes, se contentant de faire parvenir à la presse plusieurs commentaires généraux.
«Le Canada accueille annuellement un nombre croissant de visiteurs, a écrit Alexis Pavlich, attaché de presse du ministre Jason Kenney. Tous ceux qui visitent le Canada doivent respecter les conditions pour la résidence temporaire imposées par la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés. Les applications pour les visas sont considérées au cas par cas, sur les éléments spécifiques présentés par chaque candidat.»
«Nous étudierons les candidatures et contacterons les candidates, tel que nécessaire», a-t-il ajouté.
Il y a une semaine, les 10 joueurs de la délégation marocaine au tournoi Beach Soccer Montréal se sont aussi vu refuser un visa d’entrée au Canada.
Immigration Canada craignait que les athlètes n’aient envie de demeurer au pays après leur participation au tournoi.