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Hommes politiques, organisations populaires et de défense de Droits humains ont défilé dans les enceintes de l’hôtel Karibe ce mardi 28 août 2012. Cet espace a été, sur le coup, le théâtre d’un événement qui pourrait avoir des conséquences majeures sur l’avenir du pays.
Cette rencontre au sommet entre les éléments de la classe politique haïtienne aura permis au président Michel Martelly de prendre le pouls de la situation et d’identifier les griefs de ses adversaires. S’il est vrai qu’aucune solution n’a encore été trouvée pour éviter la crise électorale pressentie, l’équipe Tèt Kale a toutefois accentué son avance sur ses principaux adversaires.
Youri Latortue et Joseph Lambert, conseillers spéciaux du Président, ont rendu le verdict bien avant la fin des discussions. « Aujourd’hui nous vivons l’ère du permanent. Il n’y a aucune base légale qui supporte la thèse d’un Conseil électoral provisoire », ont-ils repris en chœur. Étant, soutiennent-ils, sous l’égide de la Constitution de 1987 amendée, le Conseil électoral permanent est inévitable. « L’amendement confère au CSPJ le pouvoir de choisir les conseillers électoraux et le président de la République doit respecter l’indépendance des pouvoirs », a fait remarquer Youri Latortue.
Pour ce qui est du blocage rencontré au Parlement dans la désignation des trois représentants au CEP, l’ancien sénateur et coordonateur du Parti AAA explique que le problème est politique. En guise de solution, il propose que le Vice-président de l’Assemblée nationale préside les débats et que le président, Desras Simon Dieuseul, rejoigne les autres sénateurs pour compléter le quorum du Sénat qui atteindra alors les deux tiers recommandés par la loi. Le Parlement est donc en mesure de choisir. La thèse d’incapacité matérielle soulevée par le député des Gonaïves, Sadrac Dieudonné, est rejetée par les proches de l’exécutif.
« Conseil permanent, dialogue permanent », Joseph Lambert a une fois de plus fait une apparition remarquée lors de ces assises. Il annonça avant la lettre, le dénouement de ce feuilleton à sensation. Cette phrase résume l’État d’esprit qui animait les membres de l’équipe Tèt Kale au moment du déroulement des débats. Pas question de négocier les acquis comme : les six membres déjà installés au sein du Conseil électoral permanent et l’amendement constitutionnel. « Le provisoire, c’est du passé », a-t-il martelé.
Pour enfoncer un peu plus le clou, « l’animal politique » a repris une déclaration qui avait choqué l’opinion la semaine écoulée : « si j’étais encore au Parlement, les trois représentants auraient déjà été choisis.» d’aucuns voient dans ce discours tenu par M. Lambert, un manque d’égard envers ses anciens collègues dont ils minimisent les capacités.
Inite, RDNP et OPL ont brillé par leur absence lors de cette rencontre. Le premier n’a pas été invité, alors que les deux autres ont tout simplement boudé l’invitation du chef de l’État. La Fusion, via sa coordonatrice, Edmonde supplice Beauzile, a fait valoir sa position en ce qui a trait aux élections. « Nous ne participerons pas à des scrutins programmés. La formation du Conseil électoral permanent est mauvaise, il faut un Conseil de consensus pour organiser les prochaines joutes ».
Maryse Narcisse pour sa part, a livré le message de son Parti puis s’est retirée. « Inclusion dans le respect des normes démocratiques », telle est la position de Fanmi Lavalas qui rejette du coup l’amendement constitutionnel et la formation du CEP. « Il ne peut y a voir de dialogue quand un groupe campe sur sa position », a-t-elle conclu.
D’autres participants ont pour leur part demandé au Président de continuer sa démarche afin de réaliser les élections d’ici la fin de l’année. Ils renvoient la balle dans le camp du Parlement à qui ils demandent de désigner ses membres afin de débloquer le processus et d’éviter la crise.
Monologue. Carnaval politique. Certains leaders ont critiqué le format suivant lequel cette rencontre a été réalisée. Turnèb Delpé se range dans cette catégorie. Le leader du PNDPH croit qu’il s’agit plus d’un show médiatique que d’un véritable débat qui permettra d’adresser les problèmes liés à l’organisation des élections dans le pays. Le docteur Delpé invite le Président à mettre sur pied une commission pour faire le suivi de cette réunion et convoquer d’autres assises qui permettraient un vrai débat autour des problèmes réels.
Comme attendu, le président Martelly s’est aligné sur les propositions de Lambert et de Latortue. La poursuite du dialogue, le maintien de la structure électorale permanente et le respect des choix du CSPJ sont les points fondamentaux de son discours de synthèse concluant ainsi cette longue journée qui a vu l’équipe Tèt Kale asseoir un peu plus sa domination sur l’opposition politique.
Le fossé se creuse donc entre les forces de l’opposition et l’équipe au pouvoir. La course aux sénatoriales semble être jouée d’avance. Aujourd’hui, le vrai concurrent de M. Martelly serait la conjoncture. Gagner la confiance de ses rivaux ainsi que celle de la communauté internationale, voilà son prochain défi.
Lionel Edouard