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Haiti/insécurité : La PNH et la Minustah dépassées ?

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La criminalité empeste tout. L’État est contaminé. Les citoyens s’affolent. Partout. À Port-au-Prince comme dans les villes de province, des familles pleurent. Elles se disloquent. Chaque jour une nouvelle victime est comptée. Elle est soit kidnappée soit assassinée. Les réponses de l’État paraissent inefficaces. La police est débordée. La Minustah, force de stabilisation étrangère ne fait pas mieux. Sa léthargie dans ses heures de grand tourment est symptomatique de l’impuissance des forces de sécurité.Le crime, sous toutes ses formes, règne. Simple banditisme et crime organisé, il étend ses tentacules dans tous les secteurs d’activité. L’économie, les affaires, l’administration publique etc. La plupart des actions spectaculaires des bandits ont lieu en plein jour. Ils étaient montés à bord de voiture immatriculée, service de l’État, et/ ou Police comme dans l’affaire Brandt ou l’assassinat de l’inspecteur Yves Marie Bellefleur. Ainsi, la peur envahit le pays. Sortir dans la rue, pour un citoyen, est un acte héroïque et aléatoire. La garanti d’un retour chez soit en toute quiétude, n’existe presque pas
.
Aujourd’hui, nul ne sait s’il doit s’arrêter lorsqu’il entend les sirènes d’une voiture de police ou filer à toute allure. Encore plus, pour les voitures services de l’État. L’ombre de la peur plane donc sur la Capitale. D’autant que l’affaire Brandt, qui serait le plus grand coup réalisé par les forces de l’ordre, laisse croire que les complices du gang courent encore les rues. Les nombreux policiers annoncés au préalable impliqués dans le gang, seraient encore au sein de la Police. Selon le RNDDH, le CSPN serait responsable que ces malfrats soient encore en liberté. Les autorités avaient la possibilité de tous les arrêter. Mais…

La crise de l’État qui sévit, favorise les actions des bandits. Le Parlement est quasi inexistant. Ses actions n’ont pratiquement aucun impact positif sur le devenir de la nation. La plupart des parlementaires sont dans la botte du chef de l’État. L’intérêt de la nation est secondaire. Se remplir les poches serait l’objectif premier. Des soupçons de corruption bien évidemment plane sur eux. Le jeu des accusations entre élus n’arrange personne. Certains d’entre eux seraient aussi membre de l’industrie du Kidnapping. Le président du Grand Corps serait prêt à demander à l’Assemblée des parlementaires de lever l’immunité de quiconque serait impliqué dans ces histoires.

Le judiciaire n’est pas au mieux. L’impunité devient loi. Les organisations de défense des Droits humains dénoncent, mais rien n’est fait. Le dernier grand coup en date est la libération de Calixte Valentin. Alors que M. Valentin, selon Pierre Espérance, parlait de légitime défense dans le meurtre d’un jeune homme à Fonds-parisien, le juge d’instruction Fermo Jude Paul, fraichement nommé, a décidé de libérer en rendant une ordonnance de non lieu. Il n’y aura pas de procès, sauf coup de théâtre dans l’appel formulé par la famille. Etonnant ! Vu que le chef de la poursuite, le commissaire du gouvernement n’avait pas lui-même formulé cette demande.

Pis encore. Le juge d’instruction, Jude Paul, a informé que la majorité de ses confrères n’ont pas été bien nommés. Les regards sont donc tournés vers le CSPJ et le ministère de la Justice. Lesquels seraient confrontés à leur propre crise. Le CSPJ est décrédibilisé suite à des élections frauduleuses organisées pour nommer les représentants au Conseil électoral permanent. Le ministre de la Justice fait face, pour sa part, à des accusations de détournement de mineur de la part de l’ancien chef du Parquet, Jean Renel Sénatus. Il avait promis de trainer son accusateur devant la justice, jusqu’ici rien n’est fait.

L’Exécutif serait, selon les faits rapportés par les organisations de défense des Droits humains et certains parlementaires, le pouvoir le plus sale. Corruption. Implication directe dans le Kidnapping, le blanchiment des avoirs, le crime organisé etc. La liste des accusations est encore longue. L’entourage du président est pesant dans la gestion du pouvoir, pourtant avec l’affaire Brandt et les allégations de Moïse Jean Charles, il parait être lié au monde du crime et de la corruption. Le pays se meure donc, pris en otage par les bandits et les politiques scélérats.

L’État est donc délabré. Il ne s’est pas remis de l’épisode de 1986. La transition démocratique orchestrée continue encore. Les différents coups d’État ont brisé l’élan de renouveau d’une nation qui voulait divorcer d’avec la dictature. Les conditions de vie de la population entre-temps se dégradent. Les problèmes sociaux de base sont criants. La nostalgie des années Jean-Claudistes grandit. L’idéal de 86 a été bafoué et foulé au pied. Le rêve d’une Haïti meilleure se perd dans le cafouillage des uns et des autres.

Le présent n’est pas réjouissant et l’avenir parait de plus en plus hypothétique. L’appel du Président Martelly afin que le FBI et l’Interpol interviennent pour débroussailler l’espace haïtien de ses ivraies qui endeuillent, volent, violent et déstabilisent l’État, est symbolique de l’effondrement de l’État. Quel sera donc le correctif pour un corps social inquiet et seul contre la vérole de l’insécurité?

 

Lionel Edouard


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