A l’occasion de la trentième célébration de la Journée internationale du créole à travers tous les pays et communautés qui partagent le créole, maintes activités ont été organisées en vue de mettre en lumière la culture des peuples créolophones partout dans le monde. En Haïti, à la Fondation Connaissance et Liberté (FOKAL), a eu lieu une exposition de livres et de documents créoles.
A Sainte-Lucie, les habitants ont, pour leur part, fait la fête en l’honneur du créole. Ils se sont rassemblés pour célébrer le trentième anniversaire de la Journée internationale de cette culture commune et passionnante. Diverses activités, dont des foires gastronomiques et artisanales tout comme le folklore, témoignent du métissage de l’identité créole riche de ses racines franco-africaines. Cette fête a accordé à plus d’un visiteur l’opportunité d’apprécier la gastronomie et l’artisanat créoles, et de découvrir les coutumes ancestrales de la communauté créole, présente dans le monde entier. Pas un mot d’anglais n’est prononcé au cours de la journée.
A Miami, le créole était à l’honneur au Little Haïti Cultural Center. Spectacles musicaux et expositions ont fait le plaisir des visiteurs du 18 au 20 octobre. En Guadeloupe, des manifestations culturelles ont été réalisées en prélude à la Journée internationale du créole : Conférence, expositions de matériels pédagogiques. En Guyane française, le créole rimait avec roulements de tambour pour marquer le 30e anniversaire de la célébration internationale de la culture créole à travers le monde. Un événement sans pareil a mis le feu dans la capitale.
Malgré tout, la lutte pour la standardisation et la promotion du créole, notre langue vernaculaire, ne cesse de se heurter à des difficultés. Pour le linguiste Yves Déjean, c’est un problème qui ne peut se résoudre facilement. « La jeunesse est appelée à se mobiliser pour forcer l’État à une plus grande reconnaissance de la langue créole.» « La bataille pour la promotion du créole doit être quotidienne », pour répéter Sony Estéus, le directeur de la Société d’animation et communication sociale (Saks). Encore une fois, on se rend compte de l’engouement manifesté par bon nombre de créolophones à l’égard de cette langue qu’on n’arrive pas encore à standardiser.
Même sans une académie créole, les hommes de lettres haïtiens, plus particulièrement les poètes ainsi que les musiciens, n’ont cessé d’émerveiller, de faire rêver et d’apporter leur contribution en vue de l’enrichissement et de l’élargissement de notre littérature à travers la langue vernaculaire. Pour Inéma Jeudi, le créole est plus qu’une langue. « C’est un élément primordial de notre fiche identitaire. Le créole me permet d’exprimer tout ce que je pense. Je pense, je respire et je vis en créole. Bref, le créole est la langue de l’intime », déclare l’auteur de « Gouyad Legede » et « 100 powèm pou Castera youn pou Danmbala » qui invite tout un chacun à se liguer pour «bay kreyòl la plas li».
C’est aussi pour les peuples partageant le créole un moment emblématique pour inculquer aux jeunes l’histoire de cette longue lutte pour la promotion du créole et pour sa place dans les sociétés.C’est un combat qui motive, qui galvanise. N’est-il pas fondamental de faire prendre conscience de la dimension politique, sociale et économique de la langue et de la culture créoles?