«Le retour du cauchemar « biscotto », titrait la Gazzetta dello sport. Avec un 2-2 entre l’Espagne et la Croatie, nous sommes dehors». Faute d’avoir «tué le match» jeudi à Poznan contre les Croates (1-1), selon le sélectionneur Cesare Prandelli, l’Italie n’a plus tout à fait son destin en mains. Un «carton» contre l’Irlande lundi pourrait ne pas suffire.
«Biscotto» était à la Une de tous les journaux italiens. L’origine de l’expression s’est perdue. «Biscotto» vient du monde des courses hippiques et signifiait «doper un cheval» en lui donnant un «biscuit» avant la course, mais elle est devenue synonyme d’arrangement au détriment d’un tiers. Dans le sud de l’Italie, on dit plutôt: «Ils nous ont fait le « baba »», le baba au rhum étant une pâtisserie très goûtée dans le «Mezzogiorno».
Par extension, le biscotto est devenu un match déjà découpé en parts de gâteau égales, mais sans corruption, juste un arrangement qui convient aux deux équipes.
«Deux blessés valent mieux qu’un mort»
Gianluigi Buffon avait évoqué cette façon de se mettre d’accord en fin de saison si un nul convient à deux équipes pour maintenir ensemble leur position au classement. «Deux blessés valent mieux qu’un mort», avait dit le gardien, en plein «Calcioscommesse», le scandale des matches truqués qui secoue l’Italie depuis un an. L’expression sonne cruellement aujourd’hui.
À l’Euro-2004, l’Italie avait été éliminée par un 2-2 entre la Suède et le Danemark. Un cauchemar pour Antonio Cassano, 21 ans à l’époque, buteur dans le temps additionnel contre la Bulgarie (2-1), qui se voyait héros de la qualification. Mais la Suède avait égalisé contre le Danemark à la 89e…
À l’Euro, les ex-aequo sont départagés par les rencontres directes. Si l’Italie bat l’Irlande comme l’ont fait l’Espagne et la Croatie, les trois se retrouveraient à égalité avec 5 points, mais après les 1-1 contre l’Italie, Espagnols et Croates seraient qualifiés au nombre de buts marqués avec un 2-2, un 3-3, etc.
«Qui a un scandale dans son foot?»
«Je ne sais pas qui a un scandale de paris dans son football», s’est énervé le défenseur croate Vedran Corluka quand l’AFP lui a parlé du «biscotto».
Mais les joueurs italiens eux n’y croient pas. «Non, a dit Buffon, capitaine de la Nazionale. (En 2004) c’était deux équipes de niveau moyen qui avaient une occasion de sa qualifier, là, nous parlons d’une équipe très forte (Croatie) et de la meilleure équipe du monde (Espagne), ce n’est pas pareil, ce sont des grands champions.»
«Je ne crois pas à un 2-2 entre l’Espagne et la Croatie», a appuyé le milieu de terrain Claudio Marchisio.
«Nous avons nous aussi l’esprit sportif. Évidemment, nous ne chercherons donc que la victoire», a assuré le sélectionneur espagnol, Vicente Del Bosque, que Tuttosport appelle «Del Biscotto».
Giovanni Trapattoni, l’entraîneur italien des Irlandais, a aussi précisé: «Nous ferons notre devoir». Les «Azzurri» ne doivent s’attendre à aucun «laisser-faire de la part de l’Irlande» déjà éliminée, a ajouté le «Trap».
Car, il faudra déjà battre les Verts avant de penser au biscotto, et se «pencher sur la façon de gérer nos matches. Nous baissons de pied physiquement après 70 minutes», s’est inquiété Prandelli.
L’Italie évoque aussi la «scaramanzia» (superstition), car en 2004, elle était déjà dans le groupe C, et sur son banc il y avait… Trapattoni!