La 45ième Legislature, première configuration du sénat
par Art Austin
La premier Sénat de la quarante-cinquième Législature, était formé
de certaines grandes figures porteuses de promesses. Voici les noms des hommes qui on prêté serment le quatre février 1991 avant de recevoir celui du
président de la République, Mr. Jean Bertrand Aristide qui lui aussi inspirait
de très grands espoirs; un ancien prêtre que l’on croyait être à même de changer favorablement le cours des choses dans ce pays. Nous citons:
Dans l’Ouest: Les honorables sénateurs Jacques Clarck Parent, Turneb Delpé et Wesner Emmanuel;
Dans l’Artibonite: Les honorables sénateurs Thomas Eddy Dupiton, Serge Joseph et Déjean Bélizaire;
Sen. Déjean Belizaire
Dans le Centre: Les honorables sénateurs Hérard Pauyo, Smith Métélus et Serge Gilles;
Dans le Nord: Les honorables sénateurs Edrice Raymond, Rony Mondestin et Raoul Rémy;
Dans le Sud: Les honorables sénateurs Julio Larosilière, Franck Léonard et Frahner Jean-Baptiste;
Dans la Grde-Anse: Les honorables sénateurs Bernard Sansaricq, Yvon Ghislain et Robert Opont;
Sen. Bernard Sansariq
Dans le Sud’Est: Les honorables sénateurs Jean-Robert Martinez, Alberto Joseph et Guy Bauduy;
Dans le Nord’Est: Les honorables sénateurs Firmin Jean-Louis, Judnel Jean et Amos André;
Dans le Nord’Ouest: Les honorables sénateurs Luc Flerinord, Ebrané Cadet et Art L. Austin.
Le Sénat de la République comptait en ce temps-là vingt-sept membres repartis entre les neuf départements géographiques du pays. De ce nombre, au moins cinq confrères sont déjà partis pour l’au-delà. Ce sont : un représentant du Centre, Hérard Pauyo, un du Nord, Raoul Rémy, deux du Sud, les confrères Franck Léonard et Frahner Jean-Baptiste et un autre du Sud’Est, Alberto Joseph.
Le premier bureau élu donnait l’image d’un véritable consensus entre des hommes apparemment de bonne foi. Le FNCD, (Front National de Concertation Democratique) qui accusait une majorite confortable au grand corps, renforcé par les élus du PAIN (Parti Agricole et Industriel National) avait compris qu’il ne devait pas s’accaparer tous les postes. Ainsi,
– la présidence était attribuée au sénateur Edrice Raymond du Nord/FNCD;
– la vice-présidence allait au sénateur Guy Bauduy du SUD EST/INDEPENDENT;
– la questure était assurée par le sénateur Art L. Austin du NORD’OUEST/FNCD;
– les deux postes de secrétaire revenaient l’un au sénateur Jean-Robert Martinez du SUD’EST/ FNCD
– et l’autre au sénateur Robert Opont de la GRANDE-ANSE/PDCH.
Les Pères conscrits avaient pourtant connu un parcours tumultueux dès les premiers jours de leur installation au Sénat de la République. Il a fallu faire face à des difficultés tant internes qu’externes. Si certains de nous faisaient leurs premières armes, d’autres cependant avaient déjà une très longue pratiques d’intrigues politiques et, appartenaient à des secteurs plutôt réfractaires aux changements qui s’annonçaient.
Le Sénat de 1991 était alors une nébuleuse à l’intérieur de laquelle s’agitaient des forces diverses. Certaines appartenaient à des courants politiques internes proches du féodalisme désuet et suranné, d’autres au contraire répondaient aux ordres d’instances internationales.
En plus de cela, il fallait aussi compter avec la mesquinerie toujours affichée de nos chefs exécutifs qui ne savent jamais vraiment s’accommoder de la fonction du Parlement en tant que pouvoir de contrôle, et qui s’arrangent toujours pour lui faire voir de toutes les couleurs. Les autorités exécutives d’alors n’étaient nullement différents. C’est dans ce contexte de salmigondis politique qu’il faut placer le coup d’état du trente septembre dix-neuf cent quatre-vingt onze, mené par le general Raoul Cédras et le colonel Michel François.
Fort du soutien populaire, le pouvoir LAVALAS se croyant invincible, devenait de plus en plus arrogant, prenait des airs autocratiques qui dérangeaient trop souvent, et agaçaient les citoyens. Cela ne tarda évidemment pas à apporter de l’eau au moulin des secteurs puissants qui manœuvraient continuellement dans l’ombre afin de trouver un bon prétexte pour déposer enfin, l’insupportable fardeau que représentait au fil des jours, les pratiques anarchiques du pouvoir qu’on croyait révolues.
Le general Raoul Cedras
Le Trente septembre dix-neuf cent quatre-vingt onze a été tout de même une grande surprise, après les assurances du vice-président des Etats-Unis d’Amérique, Mr. J. Danforth Quayle qui proclamait urbi et orbi: «Finis les coups d’état en Haïti!» Ces événements ont eu a n’en pas douter, un effet désatreux sur le fonctionnement du Parlement en général et sur celui du sénat en particulier, dont le rôle législative était, par la force des choses, devenu un role diplomatique à bien des égards, où le parlementaire se trouvait en conférence, tantôt à Caracas Vénézuela, tantôt au siège de l’OEA à Washington, souvent à Georgetown, sur le Potomac, un quartier huppé de la capital américaine, où résidait le président en exil. La fonction du parlementaire était alors réduite à très peu de chose, et les séances au Sénat se faisaient rares.
Il va donc sans dire que cette Législature dont beaucoup d’observateurs pensent qu’elle était l’une des meilleures ,si ce n’était la meilleure de ce dernier quart de siècle, n’a pas pu produire le résultat que tout le monde était en droit d’espérer, handicapée qu’elle était par l’action trop intéressée et les folles turpitudes des différents groupes plus haut mentionnés.
Art L. Austin
Ancien sénateur, 45eme legislature