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Né au Cap-Haïtien le 1er septembre 1883, Justin Élie est reconnu comme l’un des plus célèbres compositeurs de musique classique haïtien. C’est dès l’âge de six ans qu’il prend ses premières leçons de piano avec Ermine Faubert. C’était un peu avant qu’il ne parte pour la France à l’âge de 12 ans où il fera tout le cycle de ses études classiques. À Paris, il s’inscrit au Cours Masset en vue de préparer son examen d’entrée au Conservatoire. Admis au Conservatoire national de Paris, il étudie le piano avec Charles de Bériot, l’harmonie et la composition avec Émile Pessard et Paul Vidal. C’est aussi là qu’il rencontrera le grand Marmontel peu avant la disparition de ce dernier. Il retourne en Haïti en 1905 où il se liera d’amitié avec Ludovic Lamothe, ce pianiste et compositeur de grand talent en compagnie duquel il donnera des récitals et partira souvent en tournée. C’est en cette même année 1905 que le brio de sa performance lors d’un concert-bénéfice donné à l’Asile français en compagnie d’Occide Jeanty et des frères Duroseau va étonner les mélomanes de la capitale et établira de manière définitive sa brillante renommée de concertiste. Pianiste à la virtuosité éblouissante, Justin Élie, lors de ses concerts, interprétait avec autant de fougue, de générosité que de bonheur les œuvres de ses grands amis compositeurs que furent Constantin Mayard, Ludovic Lamothe ou Henri Durand.
On le verra souvent faire des tournées au Cap, sa ville natale, mais aussi aux Gonaïves, à Saint-Marc ou à Port-de-Paix. En 1909 et 1910, il se rendra à La Havane, à Santiago, à Santo-Domingo, à San Juan, à Curaçao, à Saint-Thomas, à Kingston, à Caracas où sa célébrité attirait le gratin des mélomanes et où il remplissait les salles de la foule de ses admirateurs. En 1916, à New-York, il enregistrait sur des rouleaux pour piano sa fameuse Danse tropicale, une nouveauté technique révolutionnaire pour l’époque. En 1919, il fait connaître La Bacchanale qui restera une de ses œuvres majeures et sans doute la plus connue de son répertoire. Après avoir écouté cette célèbre Bacchanale, un mélomane averti comme Seymour Pradel formulait en ces termes l’opinion que lui avait laissée cette rare expérience: «Il se dégage de cette œuvre puissante une impression d’ordre, de beauté, d’harmonie: éléments d’un art qui a su choisir, grouper, extraire des choses frustes, toute la qualité esthétique qu’elles renferment.» Au même moment, à Paris, la musique de Justin Élie était accueillie par les chaleureux éloges de compositeurs français aussi célèbres que Gabriel Fauré et Camille Saint-Saëns qui, tous les deux, s’avouent éblouis par le merveilleux talent et la rare maîtrise du jeune musicien.
Influencé dès son âge le plus tendre par les grands maîtres de la musique romantique comme Chopin, Liszt, Schubert ou Schumann, Justin Élie n’en restera pas moins émerveillé lors de son retour au pays natal qu’il avait quitté très jeune par la musique populaire haïtienne, la voluptueuse méringue et les chants langoureux du folklore haïtien. C’est dans cette riche matière musicale qu’il trouvera souvent les sujets de son inspiration et écrira des œuvres aussi originales que Légende créole, Méringue populaire, Kiskeya, Chant des Hounsis, Hymne à Legba ou Hymne à Damballah, des compositions qui s’ouvraient à une nouvelle esthétique. Selon Placide David, son contemporain et ami, Justin Élie s’était tellement «imprégné de la musique vaudou que cela se ressentait dans toute sa pensée musicale». Justin Élie comptera ainsi parmi les premiers compositeurs savants haïtiens à intégrer les traditions musicales du vaudou dans ses partitions, ces rythmes africains qui resteront pour lui une source d’inspiration inépuisable. On retrouvera ainsi dans sa musique ces sonorités du terroir qui marqueront toute son œuvre symphonique, tous ses chants folkloriques et populaires. De jeunes pianistes et professeurs de musique comme Carmen Brouard ou Lina Mathon-Blanchet enseignaient alors sa musique et suivaient ses traces dans son exploration de la musique populaire haïtienne.
Après l’avènement du cinéma parlant, Justin Élie choisira de s’établir définitivement à New-York où il est engagé par les grandes compagnies cinématographiques comme la Paramount Pictures ou la NBC pour lesquelles il compose de la musique de films. C’était en 1922. Signalons au passage que c’est dans cette ville de New-York qu’il atteindra l’un des plus hauts sommets de sa carrière en donnant plusieurs concerts dans le très célèbre Carnegie Hall où il fut ovationné par un parterre enthousiaste composé de fins connaisseurs et de mélomanes avertis.
Justin Élie était à sa table de travail à New-York et œuvrait encore à la composition de sa Fantaisie tropicale quand il fut soudainement emporté par une hémorragie cérébrale. C’était le 3 décembre 1931. Il avait 48 ans. Sa dépouille fut aussitôt rapatriée en Haïti pour y être inhumée. Une décennie plus tard, afin d’honorer sa mémoire, une rue du Cap-Haïtien, sa ville natale, fut dénommée rue Justin Élie.
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